Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
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- Chronique - Ferréol Gassackys
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Jean Kernaïse Mavoungou, docteur en finance de marché, directeur
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- Analyse - Lucien Pambou,économiste, professeur d'économie et de sciences
Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Mon amiJeudi 8 Mars 2018 - 20:30 Il y a quelques années, alors que je paressais dans le hall d’un grand hôtel, quelque part, en Afrique, je vis entrer un ami, accompagné d’une personne que je ne connaissais pas. Ils s’installèrent avec moi. Nous commençâmes à parler de tout et de rien. Mais surtout de la musique congolaise « de la Belle époque », dont ils étaient des passionnés. Ah ! Cette musique congolaise de Brazzaville qui, depuis l’indépendance, vit au rythme des avatars de la République. On peut situer son irrésistible déclin au début de la décennie 90. Depuis, en dépit de quelques rares fulgurances que nous devons pour l’essentiel à Roga Roga « Missile », c’est la descente aux enfers. À l’évidence, le Fespam qui était censé booster la musique congolaise a échoué. Le report de la dernière édition est une aubaine pour cette institution qui devrait en profiter pour faire le point de 20 ans d’activité. En effet, le Congo est le seul pays au monde où l’on ne s’arrête jamais pour prendre le temps établir le bilan d’une action ou d’une institution. « Obosso », « en avant », disent les supporters de l’Etoile du Congo. Mes fréquents séjours en Afrique de l’Ouest m’ont donné à voir et constater le succès de Roga Roga dans cette partie du continent. À Cotonou, par exemple, dans mes pérégrinations, j’ai découvert un maquis dénommé Roga Roga. Sa notoriété est incontestable. Peu d’artistes congolais peuvent, aujourd’hui, se vanter d’une telle renommée. Inspiration atrophiée, créativité anesthésiée, le tout aggravé par l’inexistence d’une véritable politique pour conduire l’action culturelle, la musique congolaise est dans un cul de sac. Pour revenir à ma rencontre dans le hall de l’hôtel dont je vous parlais plus haut, l’ami de mon ami, évoquant la situation politique et sociale de son pays prit une attitude déconfite. Son pays, selon lui, avait « atteint le fond. Le gouvernement, composé d’incompétents notoires, attendait tout du président de la République, lui-même, contesté par des opposants autoproclamés, sans épaisseur politique, vivant de contorsions et de logorrhée pour exister aux yeux de l’opinion. Pire, selon l’ami de mon ami, certains proches compagnons de son président commençaient à diffuser, autour d’eux, des rumeurs alarmistes sur son état de santé et sur son âge avancé ». Bref, son pays était ingouvernable. Mais, insistait-il, « cette situation avait quelque chose de « fantastique ». La pagaille, favorisée par des méthodes de gouvernance philistine, permettait à tout le monde de tirer son épingle du jeu. La fraude fiscale et douanière y était une pratique courante, commode pour tout le monde : hommes politiques véreux, commerçants dénués de toute honnêteté, personnel administratif ayant perdu le sens de l’Etat ». Récemment, dans l’avion qui m’emmenait à Accra, j’ai retrouvé cet ami. Le sien était décédé depuis quelques années. Je lui posais la question de savoir où en était son pays ? Sa réponse gicla : « La Conférence nationale était passée par là avec des résultats désastreux ». Je me souvins, alors, de l’alacrité des propos de son défunt ami. « La Conférence a permis, enchaîna-t-il, l’arrivée au pouvoir d’une cohorte d’individus peu scrupuleux ». Mes préjugés, nourris d’ignorances sur ce pays, tombèrent. Ce n’était pas mieux ailleurs. « Ce régime post-conférence nationale, poursuivit mon interlocuteur, à cause de son impéritie, a été balayé. Mais les choses ne se sont guère améliorées. Certes le pays a changé physiquement, mais à quel prix ? Dans mon pays, le prix du kilomètre de route est le plus cher au monde, et elles sont en général de mauvaise qualité. Moins de cinq ans de durée de vie ». Révoltant, m’écriais-je ! « C’est peu dire » ! reprit-il. « Les pots de vin, les détournements de deniers publics, la corruption sont devenus la règle. Au Trésor public, la cour est remplie de voitures luxueuses. On se croirait chez un concessionnaire automobile. Même l’agent subalterne roule carrosse. À l’époque de la Banque d’Equipement, cela n’aurait pas surpris. Aujourd’hui on se pose des questions sur cet étalage indécent de richesses. Dans ce qu’on appelle : « Le Trésor », il faut laisser 30 ou 40% du montant à toucher pour avoir des chances d’être payé. Heureusement, mon cher ami, le président de la République a décidé de « siffler la fin de la récréation », comme on dit chez nous. Au moment où je quittais le pays, une vague d’arrestations avait commencé. Certains « intouchables » croupissent en prison. D’autres sont en sursis. Qui l’eût cru ? La population s’en réjouit et espère que ce ne sera pas un feu de paille ». Poursuivant ses propos, mon ami ajouta : « Le président ne se laissera pas impressionner par les gesticulations de ceux qui vont dénoncer, comme d’habitude, les arrestations arbitraires, voulant ainsi faire d’affreux criminels, de respectables personnes. Pour appuyer ses propos, j’ajoutais que la place de ces chenapans était bien la prison. « L’homme est versatile, ondoyant et divers, poursuivit-il, avant de conclure : « ironie de l’histoire, dans mon pays, certains se mettent à regretter l’époque du parti unique, pourtant vomi à la Conférence nationale. Au moins, à cette époque, il y avait des garde-fous. Ce qui n’existe plus ». Le pays de mon ami ressemble, à s’y méprendre, au mien, le Congo. Les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
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