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Le Congo, tel qu’en lui-même

Jeudi 17 Mai 2018 - 20:27

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La cohorte qui se découvre soudain des talents de journalistes envahit la toile de ses insanités quotidiennes. Internet est un bel outil, lorsqu’il est utilisé à bon escient ; sinon c’est la catastrophe. Cette catastrophe qui se produit sous nos yeux. Internet peut être un outil merveilleux d’expression démocratique. Démocratique ne veut pas dire déverser son fiel sans discernement accréditant la bêtise et la crétinerie. Les réseaux sociaux ont l’indécence en modus vivendi. Mais en réalité, derrière ces troupes de choc qui vilipendent le pays sur la toile, se cachent quelques « assoiffés de pouvoir », comme on disait dans la défunte république marxiste léniniste. Le premier résultat de cet état de choses, le discrédit national, dont les auteurs n’ont pas conscience qu’il rejaillit à l’instar de celui qui crache en l’air. Ils poussent l’ignominie jusqu’à faire croire que le Congo est synonyme d’apocalypse. Il y a pire ailleurs. Quelle mauvaise foi !

Est-ce trop demander aux politiciens de taire leur mauvaise foi ? Je l’ai dit ici-même plusieurs fois. Quand ils sont aux affaires, ils sont capables, tels des derviches, de traverser des charbons ardents pour défendre le pouvoir auquel ils appartiennent. Défenestrés, ils passent sans gêne dans l’opposition. L’amitié résiste aux lots d’épreuves, de discordances et d’éloignement. Pas au Congo. « Celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été », pour citer Shakespeare. De même, certains opposants rejoignent les rangs du pouvoir sans le moindre état d’âme. Ces chinoiseries de la politique politicienne sont uniquement compréhensibles par les initiés à ces jeux troubles. « La politique, c’est d’abord le courage de ses convictions ». Seuls les esprits forts sont capables de convictions affirmées et assumées. Au congo, la politique est un théâtre d’ombre. On avance masqué, prêt à tomber le masque quand une opportunité gratifiante se présente.

La politique congolaise est aussi une véritable tragi-comédie dans laquelle se nouent et se dénouent les alliances de circonstance, sans qu’on n’en comprenne les ressorts. On entendrait parler Néron en personne : « J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer ». Les alliances et les allégeances mobiles d’individus narcissiques sont des signes d’un désordre de la personnalité qui devrait inspirer la plus grande méfiance au public. En raison de leurs attitudes ondoyantes, les politiciens congolais décrédibilisent la politique et maintiennent le pays dans un quasi état d’urgence permanent. Ce qui arrange bon nombre de personnes qui se repaissent de cette instabilité.

En politique au Congo, le fair-play n’est pas la chose la mieux partagée. Acculé par un contexte délétère, le gouvernement freine des quatre fers, utilisant des faux-fuyants pour éviter d’aborder frontalement la siccité financière qui secoue le pays depuis quelques temps. Avec la mauvaise foi du mauvais perdant, allant d’échec en échec dans ses multiples tentatives de déstabilisation du pouvoir en place, l’opposition s’en réjouit. Ruminant sur son sort de perdant, elle est prête à s’en remettre au premier illusionniste venu. Un cautère sur une jambe de bois. Un pays qui se livre ainsi au premier fakir de passage est à plaindre.

Le temps a renversé la table politique congolaise. De nombreux convives qui entretenaient l’illusion d’une alternative crédible dans ce pays sont déclassés ou simplement hors de ce monde. Ils ont quitté la scène. Dans les décombres de la salle à manger, ceux qui veulent se mettre à table n’ont pas de couvert. Ils s’ébrouent inutilement, perdant leur temps dans de vaines minauderies. Leurs rares « clients », de guerre lasse, s’en détournent. En effet, au Congo, « certains ont des alliés, d’autres des vassaux, d’autres encore des clients ». C’est hélas, la réalité dans ce pays où pendant les élections les « clients-électeurs » passent du meeting organisé par le pouvoir à ceux d’une opposition atomisée, incapable de faire front pour la conquête du pouvoir. Chacun joue sa carte personnelle. En vain. Les opposants, tenus à l’écart du sérail, sont montés dans un train qui ne saurait conduire nulle part. Il est à l’arrêt. Leur lutte larvée d’égos rythme la vie politique nationale. Dommage, personne ne sort du lot pour incarner une possible alternance.

Dans le grand barnum politique congolais, tout semble irréel. A défaut de pouvoir changer les choses, «les opposants» s’époumonent pour retrouver par des voies de traverse, les ors de la République. Rien chez eux qui ressemble à une vision politique, à un projet. Ils sont en permanence dans l’autohypnose. Le combat politique, chez eux, est synonyme non de convaincre mais de faire croire. D’où, le recours compulsif aux réseaux sociaux, véritables déversoirs de leurs lubies.

 Pour contrarier les ambitions de ces rêveurs, le président de la République doit construire la nouvelle cité des hommes avec de nouveaux paradigmes et du culot. Les choses urgent et l’impatience est perceptible dans la population. Le premier chantier est d’inculquer le sens de l’Etat aux milliers de politiciens pathétiques qui ont squatté l’univers politique congolais. Pour conduire le char de l’Etat, il faut en connaître les codes et les rouages. L’ambition et le forcing obsédé ne suffisent pas. Non plus, la chimère, l’exaltation puérile et l’incantation. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
 

Mfumu

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