Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Ferréol Gassackys
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Jean Kernaïse Mavoungou, docteur en finance de marché, directeur
- Idées-forces - Clotilde Ibara
- Analyse - Lucien Pambou,économiste, professeur d'économie et de sciences
A propos de l'arme nucléaireSamedi 12 Mai 2018 - 20:05 Dans le même temps où la tension s'accroît entre les Etats-Unis et l'Iran, mais semble diminuer entre les Etats-Unis et la Corée du nord avec, au centre du débat, la détention de l'arme nucléaire, il n'est pas inutile de rappeler les quelques vérités de simple bon sens qui, tôt ou tard, finiront par s'imposer aux nations qui la détiennent. La première de ces vérités est que jamais les puissances détentrices de ces armes fatales ne pourront les employer pour se protéger d'une agression éventuelle. Même si cela ne se voit pas, les drames provoqués par les mêmes Etats-Unis à Hiroshima et à Nagasaki, dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, ont laissé une trace indélébile dans la mémoire collective. Ils ont démontré, de façon accablante, que l'homme, s'il est capable de créer des armes de destruction massive, est incapable d'en contrôler les effets et, par conséquent, ne peut que se conduire comme un apprenti-sorcier avec tous les risques que cela comporte pour sa propre espèce. La deuxième vérité est que l'arme nucléaire ne peut que ruiner les Etats sans pour autant leur assurer une protection réelle. Outre le fait que les recherches permettant de la produire sont hors de prix, mobilisant des moyens financiers qui ne cessent d'augmenter du fait de la sophistication croissante de ce type d'armes, elle lance les nations qui s'en sont dotées, ou qui veulent s'en doter, dans une surenchère permanente qui les ruine au sens propre du terme. Il suffit, pour s'en convaincre, d'additionner les coûts de production des têtes nucléaires, des missiles, des avions, des porte-avions, des sous-marins et des techniques très sophistiquées qui les accompagnent. Des sommes colossales dépensées en vain. La troisième vérité, plus accablante encore, est que jamais, quoi qu'elles prétendent, les puissances qui détiennent ces armes ne pourront les utiliser pour se défendre ou pour neutraliser un adversaire. Si, en effet, elles les employaient pour se défendre, elles signeraient aussitôt leur propre arrêt de mort puisqu'elles obligeraient leurs adversaires à y recourir également, déclenchant une série de tsunamis humains que personne ne pourrait plus arrêter. Les dirigeants des nations qui possèdent l'arme nucléaire en sont parfaitement conscients et, par conséquent, savent très bien qu'en utilisant celle-ci contre un adversaire, ils se suicideraient. La quatrième et dernière vérité tient au fait que le monde entre aujourd'hui dans une ère nouvelle qui voit les formes de guerre classiques s'affaiblir, tandis que les formes de guerre dites "asymétriques" se multiplient. Le terrorisme, les conflits de basse intensité, les attaques cybernétiques qui se multiplient sur toute l'étendue de la planète sont là pour prouver que la véritable menace sur la sécurité des Etats vient et viendra de plus en plus de ce type de violences contre lesquelles il est beaucoup plus difficile de lutter car elles sont sournoises, donc peu détectables, et ne peuvent en aucun cas être prévenues par la très puissante arme nucléaire sur laquelle une poignée d'Etats ont cru asseoir leur sécurité. Même si cela ne se voit pas car cette arme nourrit encore beaucoup d'illusions, pour ne pas dire de fantasmes, nombreux sont aujourd'hui, de par le monde, ceux qui partagent ces vérités et qui pensent le moment venu de protéger l'humanité contre la menace qu'elle porte en elle. Les propos de plus en plus clairs que tient le pape François sur ce sujet sont là pour en apporter la preuve.
Jean-Paul Pigasse Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |