Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Ferréol Gassackys
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Jean Kernaïse Mavoungou, docteur en finance de marché, directeur
- Idées-forces - Clotilde Ibara
- Analyse - Lucien Pambou,économiste, professeur d'économie et de sciences
La liberté économique en Afrique : vers la création de plus de valeur ?Samedi 3 Mars 2018 - 14:49 La faculté de produire, commercer et consommer des biens et services acquis sans usage de la force, de la contrainte ou du vol, désigne la liberté économique. Les institutions qui la protègent conduisent la société vers plus de prospérité dans la mesure où, elles garantissent le bien-être des populations bénéficiant de la liberté d'entreprendre que leur offre leur environnement. Dans ce sens, une plus grande liberté économique et monétaire favorise la participation et la collaboration des citoyens et génère davantage de richesse. Depuis 1995, The Heritage Foundation, un laboratoire d'idées et lobby américain, fondé en 1973 et The Wall Street Journal, mesurent le degré de liberté économique de 180 économies mondiales dont 47 africaines, par un score de 12 facteurs quantitatifs, regroupés en 4 grandes catégories dont: l’État de droit caractérisé par le droit de propriété, l’intégrité du gouvernement et l’efficacité judiciaire ; la prépondérance du gouvernement à travers la maîtrise des dépenses publiques, la pression et la santé fiscale; l’efficacité réglementaire marquée par la liberté des affaires, de travail et monétaire ; et l’ouverture des marchés caractérisée par la liberté commerciale, d'investissement et financière. Chaque facteur est noté de 0 (moins libre) à 100 (plus libre). Les économies sont classées en 4 groupes selon leur score moyen dont : - les économies « Libres » qui ont une plus grande liberté économique avec un score compris entre 80 et 100. Aucun pays d’Afrique ne se trouve dans ce groupe dominé par 6 économies dont : Hong-Kong (90,2 en 2018 contre 90,1 en 2014), Singapour (88,8 contre 89,4), la Nouvelle Zélande (84,2 ; 81,2), la Suisse (81,7 ; 81,6), l’Australie (80,9 ; 82) et l’Irlande (80,4 ; 76,2) ; - les économies « Globalement libres » disposant d’une grande liberté économique favorisant la participation, la collaboration des citoyens qui les préservent des dysfonctionnements. Leur score est compris entre 70 et 79,9. Seule, l’Ile Maurice, avec un score de 75,1 en 2018 (21e mondial) contre 52,3 en 2014 (134e mondial) a atteint ce niveau, soit 4,25% des économies d’Afrique. Dans ce groupe se trouvent aussi 6 économies développées : l’Angleterre (78 ; 74,9), le Canada (77,7 ; 80,2), les USA (75,7 ;75,7), la Suède (76,3 ; 73,1), l’Allemagne (74,2 ; 73,4) et le Japon (72,3 ; 72,4) ; - les économies « Modérément libres » sont celles qui ont une liberté économique moyenne qui favorise une participation et une collaboration moyennes des citoyens et sont moyennement préservées des manques à gagner. Le score est compris entre 60 et 69,9. Dans ce groupe se trouvent 10 pays d’Afrique (21,28%) dont le Botswana (69,9 ; 70,6), le Rwanda (69,1 ; 64,1), l’Afrique du Sud (63 ; 618), l’Ouganda (62 ; 61,1), la Côte d’Ivoire (62, 54,1), le Maroc (61,9 ; 59,6), Seychelles (61,6 ; 54,9), le Burkina Faso (60,95 ; 59,9), le Cap Vert (60 ; 63,7) et la Tunisie (60 ; 59,9). S’y trouvent 3 économies européennes : le Portugal (63,49 ; 63,5), la France (63,9 ; 63,5) et l’Italie (62,5 ; 60,9). Le score moyen mondial de 61,1 depuis 6 ans contre 58,10 en 1995 se situe dans ce groupe ; - les économies « Plutôt non libres » disposant d’une faible liberté économique et favorisant faiblement la participation, la collaboration des citoyens et qui sont exposées aux risques. Leur score est compris entre 50 et 59,9. L’Afrique y compte 23 économies (48,94%) dont le Cameroun (52,9 ; 54,9), le Gabon (58 ; 57,8), le Nigéria (58,5 ; 55,1), les Comores (56,2 ; 47,5), le Ghana (56 ; 64,2), la RDC (52,1 ; 43,5), l’Égypte (52,6 ; 54,8) et autres. La Russie (57,1 ; 51,1), l’Inde (52,6 ; 55,2) et la Belgique (51,4 ; 56,9) les rejoignent ; - les économies « Réprimées » où la faiblesse de la liberté économique favorise une participation et une collaboration limitées des citoyens. Avec des scores compris entre 0 et 49,99, elles sont exposées aux pertes de richesses. L’Afrique y compte 12 économies (25,53%) dont la RCA (49,3 ; 50,4), l’Algérie (44,7 ; 49,6) ; la Guinée Équatoriale (42 ; 42,3), le Tchad (49,3 ; 45,21) et le Congo (38,9 ; 39,6) loin de la Corée du Nord (4,9 ; 1,5). L’endettement excessif de ces économies est source de servitude. Ainsi, si la liberté économique repose sur le choix personnel, l'échange volontaire et l'ouverture des marchés, la liberté des échanges et la coordination des activités constituent le moteur du progrès. L’efficacité de ce moteur nécessite la mobilisation des ressources internes pour réaliser des réformes institutionnelles dans le respect de l’éthique et de la saine administration.
Emmanuel Okamba Maître de Conférences HDR en Sciences de Gestion Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |