Dossier Spécial : Sommet de l'Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique

De deux choses l’une : ou bien le « Sommet de l’Élysée », qui se tiendra à Paris les 6 et 7 décembre, sera l’une de ces grand-messes inutiles où les chefs d’État se parlent pour ne rien dire et font semblant de se comprendre, ou bien il sera l’occasion d’un véritable débat entre la France et ses partenaires africains qui permettra d’asseoir enfin leur coopération sur des bases solides. 

Dans le premier cas, ce sommet marquera une nouvelle et probablement ultime étape vers la rupture des liens privilégiés qui unirent longtemps la France et l’Afrique. Dans le second cas, il relancera une coopération à bout de souffle que seule l’adhésion de l’Union européenne peut aujourd’hui revivifier. Mais dans un cas comme dans l’autre, il marquera un tournant historique puisqu’il fixera pour longtemps les rapports entre les deux continents.

C’est la raison pour laquelle nous avons choisi, à la veille de l’ouverture de ce sommet, de donner la parole à des femmes et à des hommes qui ont une connaissance approfondie de l’Afrique et de l’Europe, qui peuvent donc décrypter pour nos lecteurs le débat stratégique qui s’engage entre les deux continents. Observateurs attentifs des deux scènes, nous voyons que les grandes puissances font une cour assidue à cette Afrique en pleine émergence qui comptera près de quatre milliards d’hommes à la fin de ce siècle. Mais nous savons aussi que l’Histoire a tissé entre l’Afrique et l’Europe des liens puissants qui peuvent donner naissance à un partenariat véritable, d’égal à égal, dont pourraient sortir de grands avantages réciproques.

L’Europe a, certes, beaucoup à se faire pardonner de l’Afrique qu’elle asservit et exploita trop longtemps sans vraiment se préoccuper des peuples qui l’habitaient. Mais elle peut jouer un rôle déterminant dans son émergence si elle se mobilise enfin pour aider le continent à se développer, à prévenir et gérer les crises qui le menacent, à construire les grandes infrastructures nécessaires pour l’exploitation de ses ressources naturelles, à édifier les communautés régionales qui abaisseront les frontières artificielles élevées par la colonisation.

Dans ce grand mouvement, la France peut de façon très évidente jouer un rôle décisif. Et c’est bien à nos yeux l’enjeu du « Sommet de l’Élysée ».