Opinion
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André Obami Itou ou le sens élevé du devoirDimanche 29 Avril 2018 - 19:38
Homme public, André Obami Itou s’est mis au service de son pays dans l’esprit que commandait le militantisme qui l’eut forgé du temps de la révolution. Cela paraît ringard et paradoxal aujourd’hui d’évoquer la révolution, les temps ayant beaucoup changé. Pourtant, ce ne fut pas une lutte vaine, celle que la génération postindépendance, celle des Obami Itou, avait engagée contre le système néocolonial en place. Beaucoup d’enthousiasme avait accompagné cet engagement, mais le cœur y était aussi au regard des sacrifices endurés par les révolutionnaires pendant ces années. Ce n’était pas le combat des gens du Nord contre ceux du Sud, ou celui des gens du Sud contre ceux du Nord, de l’Est ou de l’Ouest ; c’était une quête commune de bien-être qui vit les Congolais fédérer autour de l’idéal patriotique de construire leur nation. Evoquons ici, brièvement, les deux dernières sorties publiques d’André Obami Itou pour nous rappeler deux moments parmi tant d’autres de sa vie. L’avant-dernière sortie a lieu, le 19 septembre 2017, au Palais des congrès. Après dix années passées à la tête du Sénat, il devait ce jour-là céder le témoin à son successeur, Pierre Ngolo. Les deux hommes se connaissent bien, puisqu’ils militent tous au sein d’une même formation politique, le Parti congolais du travail. Avions-nous sans doute appris que de temps en temps, les cérémonies de passation de service dans l’administration publique congolaise donnent lieu à des frictions entre le sortant et l’entrant. Ce ne fut pas le cas ici comme en témoigne cet extrait marquant du mot prononcé par André Obami Itou à cette occasion : « Je me sens comblé d’avoir accompli ma mission de parlementaire, et je suis heureux de vous transmettre le flambeau…Pleins succès dans la mission qui est désormais la vôtre ! ». Il y avait de l’originalité dans cette séance de remise et reprise comme on dit sous d’autres cieux et Pierre Ngolo le rappela, à son tour, avec émotion. C’était, en effet, pour la première fois, constatait-il, que l’alternance à la présidence de la chambre haute du parlement congolais instituée en 1992 se déroulait entre le partant et son remplaçant. Augustin Poignet, première personnalité à diriger le Sénat, n’avait pu vivre ces moments du fait des péripéties de la guerre du 5 juin 1997. Ambroise Edouard Nouamazalay ne put non plus s’y accommoder puisqu’il est décédé en fonction, en 2007. L’orateur rappelait, enfin, qu’il resterait à l’école d’André Obami Itou auprès de qui il a beaucoup appris de la vie politique et de la vie tout court. La dernière sortie publique d’André Obami Itou se déroule, le 2 février 2018, à l’hôtel Ledger situé à quelques encablures de son domicile. Il avait souhaité honorer son élévation par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, à la dignité de Grand officier dans l’Ordre du mérite congolais. Sur place, un parterre d’invités, d’amis, d’anciens collaborateurs au Sénat complété par les membres de sa famille dont l’une de ses petites filles. Celle-ci avait remis à son pépé un bouquet de fleurs qu’elle accompagnait d’une petite consolation d’amour pour celui qui, récitait-elle d’une voix retentissante, les couvrait depuis toujours de sa bienveillante attention de grand-père. Sur le revers gauche de son costume sombre bien taillé - le vieux s’habillait bien, il faut le dire- trônait sa médaille. Bien sûr qu’on peut aussi se rappeler le 28 juin 2014, dans les jardins de l’hôtel Olympic Palace. Il présentait son ouvrage intitulé Pour un Sénat responsable au Congo Brazzaville, paru chez l’Harmattan-Congo. Cet appel constant à la responsabilité a marqué la vie d’André Obami Itou. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |