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Bruxelles-Kinshasa: comme il y a 58 ans ?

Samedi 10 Février 2018 - 18:00

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La Belgique et son ancienne colonie, la République démocratique du Congo, savent se rendre des coups. Et c’est dans ce créneau que les deux pays situent le cœur de leurs relations tumultueuses. La fermeture que l’on suppose temporaire des structures de délivrance des visas pour aller d’un pays à l’autre n’est qu’un épisode parmi tant d’autres de ce qui, à bien des égards, est quelque chose que les us diplomatiques finissent par arrondir.

Cela a commencé il y a bien longtemps. Mais plantons le décor à partir du 30 juin 1960, quand il fut le cas pour l’ex-puissance colonisatrice de laisser enfin les habitants du Congo belge se choisir leur destin. Ce fut une période de joie, pourtant, mais aussi de douleur, pour « le mot de trop » imputé au Premier ministre Emery Patrice Lumumba quand il dénonça, au cours de la cérémonie d’indépendance, le système inique de la colonisation.

Cette vielle histoire, malheureusement, remonte en surface au rythme des humeurs des officiels des deux pays. On pourrait l’assimiler à la fréquence des eaux de la rivière qui baigne Kinshasa, le fleuve Congo. Elles montent, retombent selon les saisons, mais toujours passent à grande vitesse ou non les jacinthes, en suivant le couloir où elles peuvent poursuivre leur chemin comme elles le font depuis la nuit des temps. Un temps, s’élèvent des bancs de sable qui donnent à croire, de l’autre côté de la rive droite du fleuve, que l’on pourrait faire Kinshasa à pied, et vice-versa, un temps, la nappe d’eau reprend ses droits, abondante, poissonneuse, voyageuse.

Imagine-t-on, un jour, que Kinshasa et Bruxelles suspendent leurs relations diplomatiques ? Sans doute non, mais les frictions, quand elles deviennent trop fortes de part et d’autre, peuvent être de nature à provoquer des conséquences fâcheuses. L’histoire des deux pays est imprégnée de mauvais souvenirs, comme bien souvent entre tous les empires coloniaux et leurs anciennes possessions territoriales.

De toutes ces frictions, on sait que la politique n’est jamais loin. Plus les échéances électorales approchent en République démocratique du Congo, plus le droit de regard que revendique le royaume de Belgique sur son ancienne colonie (le mot fut attribué à Karel De Gucht, ministre belge des Affaires étrangères en 2010, lors d’un voyage en Chine) va gripper la machine politico-diplomatique entre les deux pays.

On pourrait en mesurer les effets à court, moyen et long termes, quand bien même, cela est aussi indéniable, la relation ( familiale) entre les citoyens belges et Rd-Congolais, profonde, dépasse la rigueur des intérêts politico-stratégiques de leurs gouvernants.

Gankama N'Siah

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