Kwanzaa : l’hommage à l’héritage africain

Samedi 4 Janvier 2014 - 6:26

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Happy Kwanzaa ! Happy Kwanzaa! Happy Kwanzaa ! lisait-on le 26 décembre sur la page Facebook de l’acteur américain Jamie Fox. Peu de temps auparavant, la reine du RnB, Beyoncé, publiait sur sa page Trumblr une image la montrant vêtue d’un boubou coloré comme pour marquer le lancement de la célébration de la fête afro-américaine Kwanzaa, dont l’objectif est d’honorer l’héritage africain et l’identité noire

Sur le continent, le mot Kwanza renvoie à la monnaie angolaise. Très peu de Noirs d’Afrique et de la Caraïbe connaissent en effet l’existence de cette fête afro-américaine créée en 1966 par le militant Maulana Karenga pour marquer sa révolte « contre l’omniprésence de la culture blanche, eurocentrée jusque dans sa célébration de Noël », écrit Corine Lesnes dans un article du Monde. Wikipédia révèle les origines linguistiques bantoues du mot kwanzaa qui signifie en swahili « premiers fruits de la moisson ». Karenga lance le Kwanza au lendemain des émeutes raciales qui ont éclaté à Watts. Dans son article paru dans Jeune Afrique, Noemie Taylor-Rosner explique que Maulana Karenga a été un personnage très controversé. Il fut un militant du Black Power et « souhaitait offrir aux Noirs américains la possibilité de célébrer une fête qui leur soit propre, plutôt que d’imiter les pratiques de la culture blanche dominante ».

Depuis 47 ans, chaque année du 26 décembre au 1er janvier de l’an, aux États-Unis, certains Afro-Descendants se réunissent autour des sept symboles qui caractérisent la fête : l'unité « umoja », l'autodétermination « kujichagulia », le travail collectif et la responsabilité « ujima », la coopération économique « ujamaa », le but « nia », la créativité « kuumba » et la foi « imani ». Un chandelier à sept branches, aux couleurs du nationalisme panafricain en est le principal symbole.

À l’époque de sa création, la fête s’inscrivait comme un mouvement de libération et d’affirmation de l’identité noire et fut portée par le mouvement Black Power. Celui-ci ayant diminué son aura, très peu d’Afro-Américains de la nouvelle génération en connaissent la signification et lui préfèrent naturellement la fête de Noël. « Les jeunes ne voient pas le rapport entre leur mode de vie et une sagesse africaine dont ils ne trouvent pas trace dans l'actualité », ajoute Corine Lesnes. Qu’à cela ne tienne, Kwanzaa est aujourd’hui une fête à part entière, reconnue par le gouvernement et les médias. Le 26 décembre, Barack Obama adressait ses vœux, emboîtant le pas à Bill Clinton et George Bush.

Plus qu’une fête, c’est aussi un symbole important pour le peuple noir américain. On estime à deux millions le nombre de personnes noires américaines adeptes de la célébration.

 

Meryll Mezath