Musique : pari réussi pour le concert en hommage à Franklin Boukaka

Samedi 23 Août 2014 - 17:00

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Le concert-hommage à l’artiste musicien Franklin Boukaka, organisé le 22 août par le Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard de Mpita à Pointe-Noire a tenu ses promesses. Pendant près d’une heure et demie, les musiciens Kaly Djatou et Justin Obela ont déroulé le répertoire du panafricaniste et poète musicien, mort le 22 février 1972 à Brazzaville à l’âge de 32 ans.

Pour  le Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard, réussir ce concert était un pari pour faire découvrir au public l'immense oeuvre de Franklin Boukaka. Depuis la mort de cet artiste en effet, aucun concert grandiose n’a été organisé pour lui rendre un hommage à la dimension de sa brève mais remarquable carrière. En choisissant les musiciens Justin Obela et Kaly Djatou, comme interprètes des œuvres de Franklin Boukaka, Alain-Rock Ngoma, directeur du Centre Culturel Jean Baptiste Tati Loutard a fait une bonne pioche car les deux musiciens ont été à la hauteur de la mission et de l'ambition.

L’entracte de slam par Diofel et le témoignage de Kazis Nzenzé Kinouani, ex sociétaire du groupe Les Cheveux Crépus qui a côtoyé  Franklin Boukaka à l’entame de sa carrière solo ont été servis au public. L’ex compagnon de route du regretté Jacques Loubelo témoigne : « Après la brouille avec les musiciens de Cercule jazz, Franklin Boukaka, de son vrai nom François Boukaka, né à Kibossi dans le département du Pool, et non à Brazzaville, voulait tenter une carrière solo. Avec mon Tourne-disque, je lui ai fait écouter une chanson de Gérard Madiata, la vedette de la rive droite du fleuve Congo, il sursauta aussitôt en disant je voudrais chanter comme lui. Ainsi, nait le style Franklin Boukaka, inspiré du tempo de Madiata. Les premiers réglages vocaux ont été faits au quartier Case de Gaulle à Bacongo vers le fleuve et l’une de ses chansons solo composée fut Luzolo, improvisée et chantée, pour magnifier la beauté de Cathérina, une charmante fille vendeuse de la boisson locale, le Nsamba. Cette dernière troublée est tombée ensuite amoureuse de Franklin. Un fait ubuesque qui marque le début d’une aventure tant sentimentale que musicale de l’artiste musicien ».

À 20h30, les premières notes de musique sont distillées avec la chanson Sango ya ba yembi, interprétée en duo par Kaly Djatou et Justin Obela. Une chanson culte qui a longtemps servi de générique à la célèbre émission de La Voix de la Révolution congolaise puis Radio Congo, LECOCO (Le coin des orchestres congolais), diffusée chaque samedi après midi. Puis, tour à tour, les deux artistes vont alterner au podium pour interpréter chacun un morceau avant de revenir à la fin du spectacle en duo pour  boucler la boucle. Pont sur le Congo, le Bûcheron, Carolina, Ata ozali, Les immortels sont interprétés par Justin Obela tandis que Kaly Djatou a chanté Na koki yéyé, Luzolo, Antoinette Mouanga. Kala kala et Tala muana ont été interprétés en duo.  De son côté, Antoine Manana, le soliste et chanteur-choriste a interprété Colonialisme a kehi.

Ce fut une prouesse pour les musiciens d’interpréter sans fausse note les douze chansons de Franklin Boukaka avec brio puisque les sept membres composant ce groupe n’ont joué ensemble que pendant deux jours. Le travail produit fut plus que phénoménal avec les sons impeccables du saxophoniste, de l’organiste, du percussionniste, du joueur de maracas, de flutiste, etc. Une orchestration facilitée par la prestation réussie des deux chanteurs dont la pureté des voix interprétant les doux et suaves chants mélancoliques du chanteur  Franklin  Boukaka ont comblé l’assistance. Un public qui n'a pu s’empêcher de se trémousser quand passaient la rumba et la salsa, deux styles musicaux, traits caractéristiques et identitaires de l’artiste poète.

À la fin du concert, tout le public est sorti satisfait. Des anonymes spectateurs  aux responsables culturels en passant par les chanteurs tel Freddy Kebano. Que les villes et départements du pays saisissent comme une balle au bond l’initiative de Pointe-Noire, seul hommage à rendre à Franklin Boukaka, disparu précocement en emportant avec lui ses idées novatrices de panafricaniste, de révolutionnaire et d’artiste engagé.

 

 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

photo 1:Justin Obela et Kaly Djatou sur scène Photo 2: le duo Justin Obela et Kaly Djatou Crédit photos"Adiac"