Musique : pari réussi pour le concert en hommage à Franklin Boukaka
L’entracte de slam par Diofel et le témoignage de Kazis Nzenzé Kinouani, ex sociétaire du groupe Les Cheveux Crépus qui a côtoyé Franklin Boukaka à l’entame de sa carrière solo ont été servis au public. L’ex compagnon de route du regretté Jacques Loubelo témoigne : « Après la brouille avec les musiciens de Cercule jazz, Franklin Boukaka, de son vrai nom François Boukaka, né à Kibossi dans le département du Pool, et non à Brazzaville, voulait tenter une carrière solo. Avec mon Tourne-disque, je lui ai fait écouter une chanson de Gérard Madiata, la vedette de la rive droite du fleuve Congo, il sursauta aussitôt en disant je voudrais chanter comme lui. Ainsi, nait le style Franklin Boukaka, inspiré du tempo de Madiata. Les premiers réglages vocaux ont été faits au quartier Case de Gaulle à Bacongo vers le fleuve et l’une de ses chansons solo composée fut Luzolo, improvisée et chantée, pour magnifier la beauté de Cathérina, une charmante fille vendeuse de la boisson locale, le Nsamba. Cette dernière troublée est tombée ensuite amoureuse de Franklin. Un fait ubuesque qui marque le début d’une aventure tant sentimentale que musicale de l’artiste musicien ». À 20h30, les premières notes de musique sont distillées avec la chanson Sango ya ba yembi, interprétée en duo par Kaly Djatou et Justin Obela. Une chanson culte qui a longtemps servi de générique à la célèbre émission de La Voix de la Révolution congolaise puis Radio Congo, LECOCO (Le coin des orchestres congolais), diffusée chaque samedi après midi. Puis, tour à tour, les deux artistes vont alterner au podium pour interpréter chacun un morceau avant de revenir à la fin du spectacle en duo pour boucler la boucle. Pont sur le Congo, le Bûcheron, Carolina, Ata ozali, Les immortels sont interprétés par Justin Obela tandis que Kaly Djatou a chanté Na koki yéyé, Luzolo, Antoinette Mouanga. Kala kala et Tala muana ont été interprétés en duo. De son côté, Antoine Manana, le soliste et chanteur-choriste a interprété Colonialisme a kehi. Ce fut une prouesse pour les musiciens d’interpréter sans fausse note les douze chansons de Franklin Boukaka avec brio puisque les sept membres composant ce groupe n’ont joué ensemble que pendant deux jours. Le travail produit fut plus que phénoménal avec les sons impeccables du saxophoniste, de l’organiste, du percussionniste, du joueur de maracas, de flutiste, etc. Une orchestration facilitée par la prestation réussie des deux chanteurs dont la pureté des voix interprétant les doux et suaves chants mélancoliques du chanteur Franklin Boukaka ont comblé l’assistance. Un public qui n'a pu s’empêcher de se trémousser quand passaient la rumba et la salsa, deux styles musicaux, traits caractéristiques et identitaires de l’artiste poète. À la fin du concert, tout le public est sorti satisfait. Des anonymes spectateurs aux responsables culturels en passant par les chanteurs tel Freddy Kebano. Que les villes et départements du pays saisissent comme une balle au bond l’initiative de Pointe-Noire, seul hommage à rendre à Franklin Boukaka, disparu précocement en emportant avec lui ses idées novatrices de panafricaniste, de révolutionnaire et d’artiste engagé.
Hervé Brice Mampouya Légendes et crédits photo :photo 1:Justin Obela et Kaly Djatou sur scène
Photo 2: le duo Justin Obela et Kaly Djatou
Crédit photos"Adiac" |