Les Dépêches de Brazzaville : Kinshasa abrite les 3 et 4 mars le Forum mondial des femmes francophones sur le thème « Femmes, actrices du développement ». Qu’elle est, d’après vous, la place des femmes dans l’avenir de l’Afrique et du monde ?
Bélinda Ayessa : Je pense que plus la femme accède à la parité, plus elle est appelée à jouer un rôle capital dans les sociétés du monde. Pour ce qui est de l’Afrique, les défis sont encore plus importants et la femme bien plus sollicitée qu’hier. Ce qui rassure, c’est qu’elle prend une part active à la construction de cette nouvelle Afrique que nous appelons tous. Elle est chef d’entreprise, Premier ministre, chef d’État, et dirige de grands projets. Cette implication annonce une femme qui sait se surpasser et qui ne se contentera plus de jouer les seconds rôles.
LDB : Vous dirigez depuis sept ans ce mémorial. Comment faites-vous pour que cet espace garde sa flamme ?
Vous savez, nous avons tous appris au collège, avec Bernard Dadié, que le travail assure l’indépendance. C’est ainsi que nous nous sommes investis dans le travail quotidien que nous assurons avec ardeur. Nous savions par exemple que l’entretien du site était délicat à cause du marbre, du granit et du jardin fleuri, alors nous n’avons toléré aucune négligence. L’éclat du site et de ses environs attire tout de suite le touriste et rassure le curieux. Nous avons pris des initiatives, contacté des personnes-ressources et engagé des projets. Chaque acte que nous avons posé témoigne en faveur de la maison, et aujourd’hui le résultat est là. De même, nous avons beaucoup communiqué pour faire connaître le site. La société civile a répondu, les élèves, les étudiants sont venus. Actuellement, de nombreuses rencontres intellectuelles ont lieu ici, et le site a été identifié comme un cénacle. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais déterminés à satisfaire les demandes de nos visiteurs, de nos usagers : les étudiants qui viennent pour des stages, pour enrichir leurs cours, les chercheurs pour des travaux divers… Nous voulons être à la hauteur de ces exigences. C’est ainsi que nous continuons à garder une flamme toujours brillante !
LDB : Quelle est votre vision de cet espace pour l’année en cours ?
En général, chaque année, nous avons un agenda que nous suivons et qui nous permet de maintenir notre activité à flots. Les activités permanentes, comme la conservation de la mémoire historique ou les visites guidées, sont toujours accompagnées et sous-tendues d’autres que nous réalisions en partenariat. Nous avons commencé l’année 2014 sur cette même lancée, et cette année verra d’ailleurs la réalisation du complexe culturel Pierre-Savorgnan-de-Brazza avec la construction du second module du mémorial qui permettra la mise en place d’une véritable bibliothèque, d’un musée, et d’un amphithéâtre avec cybercafé et restaurant. Notre but est d’aboutir à un lieu de mémoire et de partage confortable.
LDB: Vos perspectives pour les années à venir ?
Nous caressons chaque jour l’idée d’inscrire le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza au patrimoine mondial de l’humanité, et ce pour plusieurs raisons. Cela est lié à la personnalité même de l’explorateur franco-italien. Voyez le contexte dans lequel il a évolué : il aurait pu se livrer impunément à des excès, prendre des libertés avec les populations, comme l’ont fait bien des explorateurs avant ou après lui. Il diffusait des idées de paix là où d’autres cultivaient la violence. Le mémorial est appelé à évoluer en tant qu’institution culturelle et du patrimoine, mais aussi comme entité de recherches. Il façonne déjà le paysage de notre capitale. Demain, c’est lui qui donnera son identité à la ville de Brazzaville… On ne viendra plus jamais au mémorial par hasard, et qui n’a pas été au mémorial n’a pas été à Brazzaville.