Les Dépêches de Brazzaville : Dans les tout prochains jours se tiendra le deuxième Forum mondial des femmes francophones. Que pensez-vous de la condition féminine ?
Lydie Pongault : Aujourd’hui, la condition féminine s’améliore, surtout dans les milieux urbains. Elle reste à améliorer dans les contrées où les femmes travaillent dans des conditions difficiles, pénibles, notamment pour ce qui concerne les travaux champêtres. En Asie, et parfois même en Europe, la condition des femmes est toujours difficile. La femme citadine voit son état s’améliorer et évoluer parce qu’elle bénéficie des facilités logistiques de l’urbanisation, mais les mentalités pèsent dans notre façon d’être et de vivre. Les femmes luttent toujours pour la parité du genre parce que la condition de la femme n’a pas atteint le niveau où elle devrait être, cela même dans les entreprises. Je prends un exemple au niveau du cabinet du président de la République : nous ne sommes pas nombreuses, pourtant il ne manque pas de femmes à la hauteur des fonctions à remplir. Les choses évoluent, mais la parité n’est pas encore atteinte pour des raisons sociales, économiques, et culturelles.
LDB : Ce forum a pour thème « Femmes actrices du développement ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je pense que ce thème veut mettre l’accent sur la contribution de la femme au développement au plan mondial et dans le cadre spécifique de l’environnement francophone. Je pense effectivement que les femmes apportent beaucoup, et nous allons découvrir lors du forum tout ce que les femmes de l’environnement francophone ont fait pour nous permettre d’avancer dans ce domaine.
LDB : Après un parcours riche d’expériences diverses, vous vous retrouvez au cabinet du chef de l’État, au département de la Culture et des Arts. Quels combats menez-vous ?
La culture fait figure de parent pauvre de l’économie et du développement, et pourtant cela ne devrait pas être. Nous essayons de prendre au maximum en compte la culture dans nos économies. Il est essentiel que l’on se rende compte que la culture c’est notre identité. On a parfois l’impression que le président de la République est le seul à se l’approprier, alors il nous faut absolument trouver les voies et les moyens pour que la culture intègre notre économie à part entière.
LDB : Vous avez commencé votre carrière dans la finance. Rien ne vous disposait à vous orienter dans la culture…
Effectivement, mais je pense que la culture, nous l’avons tous en nous. Chacun de nous vit la culture, car pour moi la culture c’est tout ce que nous vivons et faisons. Nous avons des identités qui nous caractérisent les uns par rapport aux autres, nous avons des diversités culturelles, mais cela ne nous empêche pas de vivre ensemble. Au contraire, c’est un enrichissement qui nous permettra d’évoluer.
LDB : Quel est votre parcours ?
J’ai un diplôme d’études supérieures de comptabilité et de gestion. J’ai fait de l’audit comptable pendant dix-sept ans, j’ai été alors à la tête d’un cabinet d’audit et d’expertise. Ensuite, j’ai occupé le poste de directrice administrative et financière et des ressources humaines au sein des Dépêches de Brazzaville. Et aujourd’hui, je suis au cabinet du chef de l’État où j’ai en charge la Culture et les Arts. Étant femme, j’ai assumé des tâches très exigeantes, tout autant qu’un père de famille qui a d’importantes obligations professionnelles et qui a envie de réussir. Il doit savoir ce qu’il veut, aimer ce qu’il fait et bien le faire et servir les autres. J’ai eu ce même type de contraintes, finalement propres à tout être humain.