Livre : les souvenirs du dernier ambassadeur de Mobutu à Bruxelles disponibles à Kinshasa

Mercredi 29 Novembre 2017 - 13:00

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Persona non grata, l'ouvrage de l’ancien chef de la mission diplomatique du Zaïre en Belgique, Jean-Pierre Kimbulu Moyanso wa Lokwa, sera dans les rayons des librairies Paulines, sœurs filles de Saint-Paul à partir de ce 29 novembre. L'auteur s’étend sur « l’épisode des relations tumultueuses entre le Zaïre et la Belgique ».

Le journaliste Cornelis Nlandu-Tsasa présentant Persona non grataLe journaliste Cornelis Nlandu-Tsasa a présenté Persona non grata : Les souvenirs du dernier ambassadeur de Mobutu au cours d’une conférence de presse animée le 28 novembre, en fin de matinée au Centre Wallonie-Bruxelles (CWB). À cette occasion, il a pris soin de souligner que l’auteur, Jean-Pierre Kimbulu, avait été nommé ambassadeur au plus mauvais moment des relations belgo-zaïroises. C'était, en effet, la période où le monde était secoué par plusieurs événements dont la chute du mur de Berlin et le début de la Pérestroïka à l’est de l’Europe sans oublier  le vent de la démocratisation qui soufflait à travers l’Afrique. Le Zaïre n’était pas épargné par tous ces soubresauts. C'est précisément à ce moment que Jean-Pierre Kimbulu entre en poste en Belgique, en 1989, pendant la crise belgo-zaïroise qui a connu son dénouement avec l’accord de Rabat, grâce à l’intervention du roi Hassan II du Maroc.

Immédiatement après la fin de cette crise, survient une autre plus grande autour du fameux « Massacre de Lubumbashi ». La presse belge jette alors l’huile sur le feu, faisant plus parler la rumeur que les faits. Les uns ont parlé de cinquante morts, les autres de deux-cent cinquante, « Le Nouvel Observateur a fait plus fort encore en allant jusqu’à un millier de morts », note Cornelis Nlandu. Assailli par la presse, Jean-Pierre Kimbulu prendra alors fait et cause pour la version officielle. Pour avoir agi de la sorte, il sera mis sur le ban. Bien que l’histoire lui donne raison, la Conférence nationale rétablira la vérité, affirmant qu’il avait été question d’un seul mort comme l’avait clamé la version officielle, le mal était fait. Cette affaire qui sonne le glas du régime Mobutu fait pire pour l’ambassadeur zaïrois qui, désormais, est banni des cérémonies officielles belges sur un arrêté du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mark Eyskens. D’où le titre du livre Persona non grata.

Un livre de référence

Persona non grata est paru le 21 septembre dernier, deux semaines après la date voulue par Jean-Pierre Kimbulu. Le 20e anniversaire du décès du maréchal Mobutu aurait alors été marqué d’une pierre blanche. Mais il n’en reste pas moins que l’ouvrage, édité par la Fondation Telema, garde toute son importance pour avoir été écrit par l’un des témoins et acteur privilégié du pouvoir de Mobutu. En effet, présenté comme le plus proche confident de l’illustre disparu sur le plan extérieur, l’ex-ambassadeur y a gravé des souvenirs dignes d’être partagés, parce qu’il lève le voile sur un des pans de l’histoire de sa patrie. C’est dire que selon Cornelis Nlandu, il y «  livre des pistes de solutions devant servir de point d’appui pour des relations adultes et responsables entre Kinshasa et ses partenaires ». Pour ce journaliste au bureau européen de l’Agence congolaise de presse (ACP), il passe assurément pour « un livre de référence pour les générations présentes et futures de politiciens belges et congolais ». Car, il faut le dire, au vu du boycott dont a été l’objet la cérémonie d’inauguration de la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa par les autorités congolaises, manifestement, le torchon continue de brûler entre « les deux pays pourtant condamnés par l’Histoire à cohabiter », comme l’a si bien rappelé le confrère de l’ACP.Persona non grata : Les souvenirs du dernier ambassadeur de Mobutu

Il faut retenir de Persona non grata qu’il n’est pas une autobiographie. En effet, l’auteur a tenu à n’y faire mention que de sa carrière à Bruxelles. Aussi, les passages qui reviennent sur sa vie privée, à savoir son enfance et ses études, détaillés à la page 50, y sont repris à l’exigence de l’éditeur, a soutenu Cornelis Nlandu. Par ailleurs, il est bon de savoir que l’ambassadeur Kimbulu a une histoire exceptionnelle. Il est, nous signale le journaliste, le diplomate qui a « exercé la carrière la plus longue de chef de mission, de surcroît à Bruxelles, où se démêle encore aujourd’hui l’écheveau des rapports, souvent torrides, entre le Congo-Zaïre et ses partenaires ». Persona non grata paraît donc après un long moment de réflexion faisant écho de sa longue expérience en diplomatie mais aussi en qualité de confident de Mobutu. Il s’y exprime dès lors, sans ambages sur « ses dons d’équilibriste », un atout de taille au vu de sa position d’ambassadeur astreint à la réserve d’une part, et de celle de confident du président de l’autre. Mais encore du fait de son rôle « d’important relais avec des chefs d’État et de gouvernement, de ses rapports étroits avec les hommes politiques et la presse belge, de leurs extravagances mais aussi que des nombreuses intrigues entretenues dans la cour de Mobutu par les politiciens zaïrois, versatiles à souhait et dont une frange importante arpente encore aujourd’hui les allées du pouvoir à Kinshasa », nous renseigne Cornelis Nlandu.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le journaliste Cornelis Nlandu-Tsasa présentant Persona non grata Photo 2 : Persona non grata : Les souvenirs du dernier ambassadeur de Mobutu

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