In memoriam: Calissa Ikama 10 ans déjà dans l'au-delà

Samedi 11 Novembre 2017 - 8:19

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11 novembre 2007- 11 novembre 2017, voici 10 ans que disparaissait la première plus jeune écrivaine du Congo des suites d’un cancer. Les Dépêches de Brazzaville reviennent sur les derniers témoignages de Calissa Ikama qui ne souhaitait qu’une chose : qu’on trouve un jour un vaccin contre cette satanée maladie, le cancer.

Pendant les grandes vacances 2006, plus précisément en août, la petite Calissa Ikama, alors élève en classe de 4e et plus jeune écrivaine du Congo, se rend en Espagne et en France pour un séjour. Malheureusement, à l’orée de son retour au pays qu’elle a tant aimé, elle sent un malaise. Lorsqu’on l’examine, on découvre qu’elle est atteinte d’un cancer.

Dès lors, la famille décide qu’elle reste en France pour un traitement approprié. Après quelques interventions chirurgicales à l’hôpital Robert-Debret, l’Institut Marie-Curie et le centre thérapeutique et pédiatrique de Margency ; la jeune écrivaine a fait montre de beaucoup de courage en affrontant le regard des autres et en s’affichant sans gêne en public. Elle a soutenu les autres en ironisant sur sa maladie; elle qui est restée très attachée à son pays, à ses habitudes alimentaires et sa famille qu’elle a constamment demandée de retrouver. Courant octobre 2007, elle décide de rentrer au pays car il n'était pas question pour elle de s’installer en France. C’est ainsi qu’après un petit moment de répit, assurée par une très lourde et longue opération chirurgicale, elle a exigé de revenir voir ses frères qui lui ont tant manqué pendant plus d’une année.

Malheureusement, plus de deux semaines après son retour, elle fait une rechute. La nuit du 9 novembre 2007, elle est évacuée d'urgence en France où, le lendemain, elle est admise une fois de plus à l’hôpital de l’Institut Curie. Vingt-quatre heures après, c'est la pire des nouvelles qu’il ne fallait pas entendre.  La jeune et précoce écrivaine rend l’âme le 11 novembre à 5h 30 du matin. Une grande désolation ! Le Congo venait de perdre un génie. Le monde littéraire est en deuil, les parents et amis inconsolables. Calissa Ikama est partie très tôt dans l’au-delà !

Pendante sa courte vie, elle a laissé un ouvrage  de 177 pages dans les librairies intitulé : « Le Triomphe de Magalie »,  écrit entre avril et juin 2005 et publié la même année aux éditions Lemba. Calissa a laissé deux manuscrits dont : « Le Revers nous épie », son second roman qu’elle a achevé en août 2006 avant de se rendre en vacances en France et en Espagne. Il en est de même pour de nombreux textes inachevés et un tableau qui a été sélectionné par le personnel d’encadrement des arts plastiques de l’Institut Curie et qui sera exposé en décembre 2007, à l’atelier Picasso de Paris.

Les objectifs de Calissa Ikama étaient clairement définis dans sa tête. C’est ainsi qu’elle écrivait : « La vie est simple mais ne la compliquez pas. C’est étrange, je n’ai jamais eu confiance en moi. J’ai des ambitions, des rêves et des choses incroyables à réaliser, mais il faut d'abord que je la prépare, cette route… ». Comme si elle voulait donner une suite à cette déclaration, quelques heures avant de rendre l’âme, Calissa a peint un paysage (une route) pendant plus d’une heure et trente minutes, avec beaucoup d’enthousiasme, de coopération et d’humour.

Sur ce tableau, elle illustre la route qui est certainement celle qu’elle s’était engagée à préparer pour réaliser ses rêves et atteindre ses ambitions. Elle semble s’y être représentée sous forme d’un arbre différent des six autres qui jalonnent la route. Et, le nombre d’arbres semble ne pas avoir été choisi par hasard : il révèle visiblement une partie de sa vie familiale. Sa famille qu’elle a beaucoup aimée. Après avoir peint ce tableau, Calissa s’est endormie pour ne plus se réveiller. Mais elle continue à vivre à travers ses œuvres et à travers la Fondation qui porte son nom : Fondation Calissa-Ikama présidée par l’actuel administrateur- maire de l’arrondissement 6 Ngoyo (Pointe-Noire), Edith Yolande Ketta-Mbanguyd.

Rappelons que Victoria Calissa Ikama Ngala est née le 8 juillet 1992, à Brazzaville. Elle est issue d’une famille de sept enfants dont elle est l’aînée. La jeune Calissa a fait ses études préscolaires à l’école Saint-Anne et ses études primaires à l’école Nazareth et à l’école Clé Phénix de Brazzaville où elle a également effectué ses études secondaires jusqu’en classe de 4e. Elle s’est très tôt distinguée, dans la vie quotidienne, par la recherche de l’ordre et de l’harmonie dans ce qu’elle observait et faisait.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Calissa Ikama In memoriam Photo 2 : La présidente de la Fondation Calissa-Ikama

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