MTN movies house : un an après, des retombées satisfaisantes et des projets ambitieux

Lundi 18 Septembre 2017 - 0:12

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Il y a un an, Romaric Oniangue et Gilles-Laurent Massamba lançaient MTN movies house. Une salle de cinéma de 200 places pour relancer la culture cinématographique dans un pays, le Congo,  qui n’avait plus connu de salle de cinéma depuis plus de 25 ans. À travers cette salle s'opère la renaissance de toute une industrie qui réconcilie désormais les Congolais avec la fréquentation d'une salle de cinéma. Rencontre avec Romaric Oniangue cofondateur de Cinébox, entreprise congolaise de distribution cinématographique.

 

Romaric Oniangue ( à droite) et Gilles-Laurent MassambaLes Dépêches de Brazzaville : MTN movies house est aujourd’hui un enfant qui a totalisé une année de vie. Quel a été votre plus grand challenge au départ de sa gestation ?  

Romaric Oniangue: À l’heure où nous célébrons notre premier anniversaire, je ne peux pas m’empêcher d’être reconnaissant vu tout le chemin que nous avons parcouru. Le plus grand challenge auquel nous avons fait face a été celui de convaincre toutes les parties prenantes que c’était un projet viable. Il faut se rendre compte que lorsque Gilles et moi avons eu l’idée beaucoup n’y ont pas cru, mais notre persévérance a fini par payer. Les partenaires comme MTN nous ont suivis dans l’aventure et nous avons pu ouvrir cette salle.

LDB : Quel bilan faites-vous à ce jour ?

Romaric Oniangue : Le bilan que nous faisons est positif. Je me rappelle qu’à l’avant-première de Bienvenue au Gondwana, qui est le film qui a connu le plus grand succès, une jeune adolescente est venue me voir accompagnée de ses parents. La jeune fille avait les larmes aux yeux et m’a confié que jamais elle n’aurait imaginé assister à une séance de cinéma à Brazzaville. Lorsque vous vivez ce genre de rencontre vous êtes forcément convaincu d’être sur la bonne voie.

LDB : Selon votre expérience, quelle est la meilleure des qualités pour être un bon exploitant de salles de cinéma ?

R.O : Tout d’abord, il faut avoir des aptitudes à travailler en équipe. La réussite d’une salle de cinéma repose sur un travail collaboratif. D’un côté, nous avons les artistes et les partenaires techniques. De l’autre, le public avec les attentes. Notre métier consiste à valoriser le travail des premiers et de répondre aux exigences légitimes des seconds. Un bon exploitant de salles de cinéma est conscient qu’il est en charge d’un lieu qui doit offrir un certain style de vie. Le cinéma, c’est un lifestyle.

LDB : Sur quel critère est fondé la sélection des films de MTN movies house ?

R.O : Il y a une véritable volonté, de notre part, de faire bénéficier à notre public tous les films internationaux en même temps que toutes les autres capitales dans le monde. Parfois, nous avons même des avant-premières le samedi des films qui ne sortiront que le mercredi à Paris. Le deuxième critère est la promotion du cinéma africain. Nous faisons tout pour sélectionner des films qui vont réconcilier les Congolais avec le cinéma. Alors que nous avons eu de grands cinéastes et de grandes œuvres cinématographiques en Afrique. C’est un peu moins évident pour les jeunes générations de citer des films ou des réalisateurs actuels. Ce sont des enjeux pédagogiques qui nous tiennent à cœur. Enfin, il y a les films pour la jeunesse. C’est important de permettre à des enfants de découvrir et de se familiariser au cinéma en famille.

LDB : Pouvons-nous avoir une idée du nombre de films diffusés depuis la création de MTN movies house ?

R.O : Après un an d’exploitation, nous avons diffusé 110 films. C’est une grande satisfaction. Le plus grand succès a été Bienvenue au Gondwana de Mamane suivi de Fast and Furious 8 de F. Gary Gray et de Rogue one a Star Wars Story de Gareth Edwards III. Nous avons également eu le plaisir de diffuser de nombreux films panafricains comme Ramata de Léandre-Alain Baker, Waka de Françoise Ellon ou Grave erreur de Richi Mbebélé.

LDB : Quelle est la tendance des fréquentations de la salle ? 

R.O : La fréquentation connaît une hausse solide et constante. Cela démontre l’engouement des Brazzavillois pour le cinéma. C’est également une preuve qu’il y a un véritable essor de l’industrie culturelle en Afrique centrale. Notre enjeu est celui de fidéliser nos clients et de développer la communauté de cinéphiles. Cela doit devenir naturel pour tous les Brazzavillois de venir au cinéma après le travail ou pendant le week-end.

LDB : De nos jours, la culture cinématographique au Congo laisse à désirer. Selon vous, que faut-il faire concrètement pour la relancer ?

R.O : Pour relancer la culture cinématographique, il faut changer l’image du cinéma dans l’esprit des Africains. Nous devons développer les différentes activités de la chaîne de valeurs pour que chaque acteur puisse vivre de ses compétences. Aujourd’hui, le cinéma n’a pas une bonne image dans l’imaginaire collectif car beaucoup pense qu’on ne peut pas vivre de son art. En tout cas, pas en Afrique. Nous devons changer cette perception. Nollywood et l’Afrique du Sud ne doivent pas être l’exception mais la règle. Ce n’est ni le talent ni la demande qui manquent. Cette évolution passe par la formation, la promotion, la diffusion et la redistribution équitable de la richesse créée par le secteur culturel. Je crois beaucoup au modèle gagnant-gagnant. D’ailleurs, MTN movies house ne peut pas exister sans tous les maillons de la chaîne. De l’acteur au spectateur en passant par les techniciens et le réalisateur. Il faut une véritable prise de conscience pour que le Congo redevienne un pays du cinéma. C’était le cas dans les années 1970-1980 avec de grands réalisateurs parmi lesquels Jean-Michel Tchissoukou (La Chapelle, Les lutteurs), Pierre David Filla (L'homme-mémoire et Matanga) ou Bernard Lounda (Cinquantenaire de Brazzaville) parce que leur art été valorisé et qu’ils pouvaient en vivre.

LDB : Quelle est la pierre que MTN movies house a apporté à l’édifice sur cette lancée ?

R.O : Je pense que la première pierre que nous avons apportée est celle de prouver que tout est possible à celui qui croit. Nous avons revitalisé un secteur d’activités que beaucoup ont pensé perdu à jamais. Ce que nous avons fait à l’échelle d’une salle de cinéma doit être répliqué dans l’ensemble de la chaîne de valeurs. Mettre en place des écoles de cinéma pour former les techniciens et les artistes par exemple.

LDB : Quel serait votre plus grand bonheur pour MTN movies house et le cinéma congolais ?

R.O : Avec MTN movies house nous avons principalement eu à cœur de répondre aux besoins de nouveaux loisirs. Malheureusement, au Congo, nous n’avons pas une offre de loisirs très variés. J’irais même jusqu’à dire que les divertissements tournent souvent autour des activités comme les discothèques et les bars. Il y a toute une partie de la population congolaise, surtout les familles, qui ont besoin d’une nouvelle offre. Comme dans de nombreux autres pays, il doit être possible au Congo de sortir entre amis ou en famille pour se divertir avec un film et un repas. Avant tout, le cinéma est un centre de vie et c’est ce que nous voulons que MTN movies house devienne. Ensuite, nous voulons contribuer au renouveau de l’industrie cinématographique au Congo. J’espère que nous verrons des formations pour faire émerger les futurs professionnels du secteur. Que nous pourrons organiser également des festivals pour mettre en avant les nombreux talents africains. En somme, j’ai une vision à long terme pour le cinéma congolais qui vise à développer les talents d’un côté et développer des complexes de loisirs intégrés pour les jeunes et les familles qui veulent consommer de nouveaux loisirs d’autre part. Ces centres seraient entièrement dédiés aux divertissements et à la formation aux différents métiers de la filière cinématographique.  

 

Propos recueillis par Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Romaric Oniangue ( à droite) et Gilles-Laurent Massamba Crédits photo: Groupe Sorom Color

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