Obsèques de Tabu Ley : au-delà des clivages politiques

Mardi 10 Décembre 2013 - 11:00

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Le credo de l’artiste qui, de son vivant, avait prôné l’unité et la concorde nationale avait trouvé un sens lors de ses funérailles organisées au Palais du peuple.

Jamais un deuil n’a autant rapproché les gens et scellé l’unité d’un peuple autour des valeurs de la solidarité et du partage. Le magnétisme que dégageait la mémoire de Tabu ley, le temps de l’exposition de sa dépouille au Palais du peuple, était tel que personne ne pouvait rester indifférent. Du vendredi 6 à lundi 9 décembre, le Palais du peuple a ressemblé à un lieu de pèlerinage au regard de l’affluence sans cesse grandissante qui mettait constamment à rude épreuve le protocole. L’hommage était à la dimension de l’artiste qui ne s’appartenait plus. Un patrimoine universel, dirait-on.

Comme il fallait s’y attendre, la récupération politicienne était au cœur de cet événement qui a eu le mérite de tirer de l’oubli de nombreuses personnalités politiques. Nombreuses sont, en effet, des figures qui ont fait leur réapparition à la faveur de ces obsèques qui furent, pour de nombreux d’entre eux, une occasion de tester leur popularité. Le temps de déposer la gerbe de fleur, d’entrer dans le hall où était exposé le corps et de s’y incliner, d’aucuns y allaient à pas lent, cherchant à attirer l’attention de la foule.

Au-delà du triomphe que recherchaient toutes les célébrités présentes, il y a eu une symbolique très forte qui aura marqué ces obsèques, à savoir les retrouvailles entre politiques. Le temps d’un éclair, ces derniers ont mis en berne leurs identités et appartenances politiques. Que le ministre Modeste Bahati de la majorité scelle la main d’un Etienne Tshisekedi et s’affiche avec ce dernier, au moment où certains de ses pairs du même bord se tenaient à l’écart par peur d’être indexés, la symbolique était de taille. Qu’à cela ne tienne, des opposants tels que Gaston Dindo, Jean Baptiste Bomanza, Gabriel Mokia et tant d’autres y sont allés dans des chaudes accolades avec leurs pairs de la majorité. Les Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba entremêlés avec les Didier Mumegi, Mwando Nsimba, Nyarugabo et autres, on ne savait décidemment plus de quel bord politique ils se réclamaient. C’était la totale.

Même mort, Tabu Ley avait réussi à ranimer des vieilles relations dont beaucoup avaient été écornées à cause des choix politiques. Son credo de l’unité et de la concorde nationale avait trouvé là un sens à travers ses funérailles tout en rappelant aux uns et aux autres qu’au-delà des clivages politiques, « nous sommes d’abord frères et sœurs » partageant un même pays, une même Nation.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Stève Mbikayi, Mukoko Samba et Banza Mukalayi pendant les obsèques de Tabu ley