Prix de la rentrée littéraire : le Goncourt des lycéens attribué à Gaël Faye pour « Petit Pays »Samedi 19 Novembre 2016 - 13:15 Le Goncourt des lycéens est attribué à Gaël Faye et son « Petit pays » paru aux Editions Grasset, un premier roman qui raconte une enfance au Burundi, du paradis perdu à l'horreur de la guerre civile et du génocide. Le roman de ce franco-rwandais est écrit à hauteur d'enfant, soulignant la beauté puis l'abomination traversées par son « Petit pays ». Jeudi 17 novembre, « Petit Pays » a été élu au 1er tour de scrutin avec neuf voix devant le roman « Continuer », de Laurent Mauvignier, paru aux Editions de Minuit. Déjà récompensé par le prix Fnac le 1er septembre dernier, ce premier roman de Gaël Faye, musicien franco-rwandais de 34 ans, était favori de presque tous les prix de la rentrée littéraire. La présidente du jury des lycéens, Margaux Compte, lui a annoncé la nouvelle par téléphone depuis l'opéra de Rennes. « Je suis très fier et ému », a réagi Gaël Faye, Franco-Rwandais né au Burundi en 1982 et exilé en France en 1995. Le jury a salué « la fluidité, la sensibilité des paroles » mais aussi « les thèmes abordés avec, notamment, la guerre civile entre Tutsis et Hutus au Rwanda, la découverte identitaire et l'évolution dans la vie adulte » de Gaël Faye qui puise largement dans ses souvenirs pour y décrire une enfance au quotidien paisible avant que l’implosion de la famille puis de la guerre ne viennent en briser la quiétude. Paru aux Editions Grasset, le roman raconte l'histoire de Gabriel, 10 ans, qui grandit au Burundi avec sa famille au début des années 90 dans un quartier privilégié de Bujumbura. Il y coule des jours heureux avec sa bande de copains. Mais le malheur s'invite dans la maison, d'abord avec les disputes entre le père et la mère, qui finiront par une séparation. Le mal extérieur arrive plus insidieusement : des élections, puis un coup d'état, puis la guerre civile et enfin le génocide au Rwanda voisin, qui touche la famille de sa mère tutsie. L'histoire est racontée avec le regard naïf et candide d’un enfant mis en face de l'engrenage infernal : les racines puis les grondements de la violence qui monte, alimentée par les radios qui diffusent des messages de haine. On sent le massacre arriver comme un rouleau compresseur. On constate le silence du monde, l'inaction des organisations internationales. La langue de « Petit pays » est imagée, chantante, exprimée en mots scandés comme dans un rap, la patte de Gaël Faye, musicien, dont la plume a été remarquée très tôt dans la sphère slam. Une langue qui, avec une certaine beauté, plonge le lecteur dans la cruauté d'un monde massacré. « Petit pays » avait été écarté du Goncourt au profit de « Chanson douce » de Leïla Slimani. En 2015, le Goncourt des lycéens avait été attribué à Delphine de Vigan pour « D'après une histoire vraie » (JC Lattès), également couronnée la même année par le Renaudot. Le Prix Goncourt des Lycéens offre au public un choix défendu avec engagement et passion par de jeunes lecteurs à partir de la sélection de romans effectuée en septembre par l’Académie Goncourt. Ces cinq dernières années, le Goncourt des lycéens est le prix littéraire dont la moyenne des ventes est la plus élevée avec près de 395.000 exemplaires, avant le prix Goncourt qui, lui, a atteint une moyenne de 345.000 exemplaires. Gaël Faye se révèle être certainement l’une des plus belles découvertes de cette rentrée littéraire, même s'il n’y croit toujours pas. A lire absolument ! Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo :Photo 1 : Gaël Faye
Photo 2 : Visuel couverture "Petit pays" premier roman de Gaël Faye
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