Sculpture : Isaac Mondele engage les clous dans la résistance

Samedi 21 Mai 2016 - 16:07

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Les œuvres du sculpteur, une trentaine de structures différentes, certaines en bas-reliefs, en ronde-bosse en exposition à l’Espace Texaf- Bilembo, depuis le 29 avril, expriment de manière perceptible l’idée de l’effort engagé pour résister.

 

Une des œuvres de la série RésistanceAssemblage de pièces uniques, les œuvres exposées parlent toutes de « Résistance ». Les sculptures séduisent les visiteurs qui les trouvent très expressives. C’est là que réside le génie d’Isaac Mondele. Les expressions, l’artiste y tient beaucoup et l’a souligné aux Dépêches de Brazzaville. Point de doute, il a réussi à en donner une à toutes les œuvres de la série comme on l’observe avec surprise à leur vue. Et de reconnaître qu’il a travaillé fort sur cet aspect : « Moi, j’aime bien présenter mon travail en termes d’expressions. C’est le mouvement qui importe le plus dans mon travail ». L’artiste a sublimé l’idée du mouvement ressenti à travers les torsions des œuvres. Elles ont certes toutes un air de famille mais à y regarder de près, elles sont différentes les unes des autres.

De belles sculptures se dégagent diverses formes, personnages et objets. Un enfant de la rue qui se sert d’un bout de ferraille comme d’un volant de voiture; des arbres qui frémissent comme soumis à l’affront du vent. Une résistance perceptible dans la nature sensible à l’action du vent. L’artiste est parvenu à donner au fer, aux brindilles, une autre dimension, une autre signification que celles qu’ils assurent ordinairement, comme l’a souligné l’ambassadeur belge Michel Latschenko au vernissage. Parrain de l’exposition, le diplomate est d’avis que le travail d’Isaac Mondele « peut être perçu comme une variation moderne des fétiches à clous si présents dans la culture africaine ». Et pour ce qui est des œuvres produites par Isaac Mondele, pense-t-il, « donnant l’impression d’être des personnages qui se tordent de douleur parce que percés de toutes parts par ces clous, elles sont bien le symbole d’un combat intérieur que l’artiste mène avec lui-même et que le sorcier menait jadis pour sa communauté afin de la libérer des malheurs qui l’accablaient ou de la préserver de ceux qui pouvaient la frapper ».

Toutes les sculptures, encore exposées jusqu’au 29 mai, à quoi s’ajoutent des portraits réalisés avec des brindilles ont une caractéristique commune. Clous ou brindilles sont rangés, alignés donnant une nette impression de mouvement, comme mus par l’action du vent. Ce qu’Isaac explique de la sorte : « Je présente le vent dans un sens figuré où il peut être porteur du bien ou du mal. Et, dans l’optique des statues ou fétiches à clous, l’on pouvait jeter des sorts maléfiques ou à l’inverse guérir. Ainsi donc, quand tu estimes comme étant mal ce que le vent te ramène, tu opposes une résistance. Une illustration du cours de la vie, le quotidien est un sujet d’inspiration. Le fait de dire non à une situation ou une autre éprouvée dans la vie marque le début de la résistance. Prendre conscience de ce que l’on est et ce que l’on veut c’est cela le début de la résistance que je prône ».

Les visiteurs peuvent voir dans les œuvres exposées l’expression d’une résistance particulière. Elle va de celle des matériaux, contraints à se plier à la volonté humaine à la résistance morale qui nous amène certes à prendre des positions difficiles mais nous permet aussi de ne pas céder, a dit Michel Latschenko.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Une des œuvres de la série Résistance

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