IFC : deux conférences-débats sur les explorateurs animées par les historiens français

Mercredi 11 Mai 2016 - 19:45

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Savorgnan de Brazza : figure(s) d’un explorateur au Congo ainsi que Les explorateurs et le bassin du lac Tchad sont les deux conférences-débats animées respectivement par Jean Pierre Bat (archiviste paléographe) et Vincent Hiribarren (maître de conférences à King’s college London, où il enseigne l’histoire de l’Afrique et l’histoire globale), le 10 mai, à l’Institut français du Congo (IFC).

Le premier thème sur Savorgnan de Brazza : figure(s) d’un explorateur a été animé par Jean-Pierre Bat. Son travail s’appuie sur les récents travaux des archives nationales d’Outre-mer d’Aix-en-Provence (Anom- réseau des archives de France), à travers les fonds Brazza et Marchand, ainsi que sur l’exposition consacrée à la figure de Brazza et sur les dossiers d’archives numériques créés par les Anom.  Il s'est agi de restituer des travaux organisés par ces archives, miroir des activités qui ont eu lieu au Congo en 2006 à la faveur du transfert des cendres de Pierre Savorgnan de Brazza et de l’érection du Mausolée à Brazzaville. L’objectif de cette conférence-débat consistait à aborder, autour de trois points, l’expérience de De Brazza au Congo et d’interroger la notion d’exploration au prisme des méthodes de l’historien. Le principal biais critique consistera à se détourner du registre équipe qui accompagne souvent les récits d’exploration.

L’exploration est traditionnellement présentée à travers l’organisation de la mission et ses difficultés mettant traditionnellement en avant la part personnelle de l’explorateur et de sa petite équipe. Afin d’embrasser la notion d’exploration dans un champ plus complet, ces préliminaires à l’exploration seront accompagnés d’un retour sur l’histoire connectée du Congo, afin de mieux éclairer le cadre dans lequel s’inscrit la mission de De Brazza.

La notion d’exploration pose en réalité la question de la part d’inconnu ou de non vu qui se cache dans les plis des discours coloniaux. Car à son arrivée au Congo, De Brazza débouche dans un champ socio-politique dont il ne maîtrise pas les codes et il a été trop longtemps sous-estimé dans l’historiographie. Il s’agit alors de renverser le regard et d’observer non plus l’Afrique telle que De Brazza l'a découverte mais d’observer l’explorateur tels que le voient les Africains, au premier rang desquels le Makoko.

Enfin, le dernier temps de son exposé s’est articulé sur l’impossible gouvernement de De Brazza. Sa gestion politique en Afrique centrale se heurte à deux contradictions au miroir de son programme inaugural : le passage de la colonne Marchand et la répression de Mabiala Ma Ganga (1898) et la lutte contre le poids des grandes compagnies concessionnaires qui aboutissent au rapport de De Brazza (1905-1907) et, dans le même mouvement, à sa fin au Congo actant du crépuscule du temps des explorateurs au Congo.

Rappelons que Jean-Pierre Bat est archiviste paléographe à l’école nationale des Charmes. Il est agrégé et docteur en histoire (université Paris-1 Panthéon Sorbonne), chargé d’études et responsable « Afrique » aux archives nationales de France. Ses travaux portent sur l’histoire du Congo.

Les explorateurs et le bassin du lac Tchad

Vincent Hiribarren (maître de conférences à King’s college London, où il enseigne l’histoire de l’Afrique et l’histoire globale), a exposé sur le deuxième thème portant sur "Les explorateurs et le bassin du lac Tchad". Dans son exposé, Vincent Hiribarren a comparé les explorations du bassin du lac Tchad avec les explorations de ce qui est devenu le Congo- Brazzaville. Il a montré que cette exploration a commencé dès le début du 19è siècle à partir du nord du Sahara. Le bassin du lac Tchad était considéré par les Européens comme très riche et il fallait l'explorer à tout prix. Comme ailleurs en Afrique, de nombreux voyageurs tentent de se rendre sur place pendant cette période. Ainsi Dixon Denham, Hugh Clpperton, Walter Oudney, John Tyrwiitt atteignent Borno, l’État situé sur les rives occidentales du lac Tchad en 1622- 1624, Adolf Overweg et James Richarson font de même en 1850-1851, Hienrich Barth en 1850-1855, Filippe da Segni en 1850, Eduard Vogel en 1854-1855, Gerhard Rohlfs en 1865-1867, Gustav Nachtigal en 1870-1871, Parfait Louis Monteil en 1890 et finalement David McIntosh en 1891. Ces voyageurs ont laissé derrière eux de nombreuses descriptions du bassin du lac Tchad. Grâce à des sources aussi riches et détaillées que ces récits, il est possible de retracer l’histoire de la région tout au long du 19e siècle. Évidemment, ces sources sont souvent très critiquées comme étant sexistes, racistes, nationalistes et impérialistes. Cependant, en recoupant les sources d’origine africaine avec les sources européennes, il devient possible d’écrire l’histoire de la région au 19è siècle. Notons que les recherches de Vincent Hiribarren portent sur le Nigeria et la région du Borno depuis le 19è siècle

Bruno Okokana

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