Langues maternelles : Comment les sauver ?

Samedi 21 Février 2015 - 10:41

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Les jeunes ont des difficultés à parler leur langue maternelle. D’après certaines études, le glas risque de sonner pour certaines langues maternelles dans 50 ans. Ainsi, pour leur redonner une valeur, des associations et autorités mènent des actions dans la production des documents édités en langues.  

Jean-Claude est né d’un père mbochi (nord du pays) et d’une mère vili ( langue parlée dans le département du Kouilou). Des deux, ce jeune universitaire ne parle aucun. « Je peux comprendre la langue de ma mère, surtout lorsqu’elle parle au téléphone avec ses parents. Quant à mon papa, il parle rarement sa langue maternelle », explique Jean-Claude. Comme lui, bon nombre de jeunes négligent l’apprentissage des langues. Joseph est un Téké. Sa langue est parlée dans les départements des Plateaux, du Pool, et même ailleurs à travers le pays. Lorsqu’il parle en téké avec sa femme, les  enfants se moquent souvent d’eux. Ils trouvent que la prononciation des mots dans cette langue est mauvaise.

Les parents jugés coupables 

« Je ne connais pas le bembé parce que mon père a souhaité que je sois comme un Français. Aujourrd'hui  pour comprendre ma langue je fais appel à mes amis qui la parlent en leur demandant de ne me parler qu'en bembé », s'indigne Abib. L'attitude de son père contribue à la disparition d'environ 52 dialectes parlés au Congo Brazzaville.

C'est ainsi que certaines autorités et associations œuvrent officiellement dans la production des manuels en langues nationales, particulièrement en  lingala et en Kituba. Depuis 1980  le lingala et le  kituba sont enseignés à l’université Marien-Ngouabi,  « C’est une réussite, le fait que des langues soient enseignées à l’université dans quatre départements et que plusieurs services étatiques travaillent sur la question », commente monsieur Kimpalou, responsable des langues et traditions orales au ministère de la Culture.

«Nous  venons ici  pour consulter les manuels traduits en téké pour connaître cette langue du nord », témoignent Odile et diane, deux étudiantes originaires du département des Plateaux,  rencontrées à la Société internationale de linguistique au Congo (Sil-Congo), un organisme privé qui travaille depuis plus de vingt ans  dans la production et la traduction des documents en langues. «Nous avons publié un dictionnaire en kituba et nous faisons des recherches pour produire des matériels didactiquesNous  produisons des documents tels que ‘’comment lire et écrire le lingala ‘’, dictionnaire en bembe (langue parlée dans le département de la Bouenza) et d’autres livres en mbochi (langue parlée dans le département de la Cuvette, au nord du Congo). Nous traduisons aussi des livres et nous produisons des cassettes audio pour permettre aux gens d’apprendre facilement les langues nationales », explique Rock Bankoussou, responsable de ce centre.  

Des actions qui encouragent certains jeunes à lutter pour la conservation de leurs langues maternelles. «M’basi mu vrai pari, ni kwisa Ku l’école », s'adresse fièrement Landry en lari, une langue plus parlée dans département du Pool et dans les arrondissements Makélékélé et Bacongo de Brazzaville, à son ami pour lui dire  : « Demain je serai matinal à l’école ».  Landry est fier de parler sa langue maternelle même si dans sa prononciation des mots français prédominent.   

Toutefois, les actions menées par des associations et autorités sont limitées. Car, certains parents ne trouvent pas d’importance à enseigner des langues congolaises à leurs enfants. « Nos enfants font leurs études en français. Tous  les examens et concours sont présentés en français. Même  quand il s agit de trouver l’emploi, les demandes sont rédigées en français », confie un parent. 

 

 

 

 

 

Flaure Elysee TCHICAYA

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