Yango Off : Mfumu’Eto 1er entre peinture et bande dessinéeMardi 2 Décembre 2014 - 18:08 Le peintre imaginatif a signé une grande toile, sorte de fresque très colorée qui fait le récit de l’animation des rues de la capitale, qu’il a carrément intitulée Kinshasa balabala. Lors de l’exposition à laquelle prennent aussi part Michèle Vanvlasselaer et Eugenia Velis, le 29 novembre, à l’accueil des visiteurs, Mfumu’Eto 1er annonçait tout de suite : « Mes œuvres parlent à ma place ». Il n’avait pas tort. Ses peintures s’accompagnent de textes explicatifs. Mais il a encore fait plus fort avec Kinshasa Balabala qui, en fait, est « une fusion entre la BD et la peinture », comme il l’a expliqué aux Dépêches de Brazzaville. Ce serait là, nous a-t-il assuré, « la première fois » que pareille expérience était tentée ou du moins que pareille œuvre était exposée. La planche-toile raconte une histoire qui se tient du début à la fin que l’on ne peut s’empêcher de commencer à lire tout de suite. Il faut avouer qu’une fois devant la peinture, avant les textes ce sont d’abord ses couleurs chatoyantes qui attirent. Assis en tailleur sur deux nattes de pailles placées côte à côte avec tout son attirail de peinture à quoi s’ajoutait un brasero avec quelques brindilles sur quoi reposait une petite casserole, un petit mortier et son pilon. Des objets insolites, pourrait-on penser, pour un atelier de peinture mais Mfumu’Eto 1er assure qu’il font partie de son matériel habituel vu qu’il aime à travailler dans un « environnement naturel ». Cette espèce de laboratoire ambulant qu’il dit « authentique » est un format réduit de son atelier à domicile. Des tiges ou baguettes peuvent remplacer les ordinaires pinceaux, poudres, pierres et autres matières inhabituelles à l’instar des grains de haricots selon le thème exploité. Hormis Kinshasa Balabala qu'il a pris soin de traduire également en français et en anglais sont exposées une quinzaine de toiles de petit format presque toutes de même dimension. Dans la série, il faut compter au moins la moitié qui évoquent des histoires avec un fond surnaturel. Pas étonnant que le travail présenté par l’artiste à l’Espace Texaf Bilembo pour le compte de la Biennale contemporaine de Kinshasa soit taxé de « Monde magico-religieux de l’Empereur Mfumu’Eto 1er ». Quand il ne s’épanche pas sur des faits sociaux pour en tirer la matière pour des tableaux comme « Excision, Délestage alimentaire, Salomons de Kinshasa », le peintre est dans le registre du fantastique. C’est le cas notamment avec « Retour insolite, L’Incroyable cadenas spirituel, Fusil de nuit, Nkodia-Famille et 3 bébés emprisonnés ». La dernière a du reste la particularité de comporter deux faces, le recto et son verso. Presque toutes les œuvres de Mfumu’Eto 1er exposées à Texaf Bilembo sont inspirées de ces histoires que les gens se plaisent à se raconter dans les rues de la ville. Une sorte de clin d’œil malicieux au vécu kinois. Exception faite du triptyque inspiré de la fable du Corbeau et le renard qui met en situation un shégué flagorneur face à un « Mopao » qui se fait avoir et débourse cinquante dollars. Nioni Masela |