6e art : Rencontre au pluriel se bonifie au fil des représentations

Mardi 14 Octobre 2014 - 17:30

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Outre l’introduction et la disposition scénique qu’il a retravaillées, Toto Kisaku a enrichi son texte avec d’autres rencontres effectuées entretemps,  procédé aux ajouts de chansons et également amélioré les transitions entre différentes scènes.

Toto Kisaku en pleine représentation de la pièce Rencontre au pluriel Le besoin de remanier le texte initial de Rencontre au pluriel était ressenti par le comédien du fait que, explique-t-il : « Pour chaque représentation devant intervenir après un ou deux ans, il y aura toujours eu de nouvelles rencontres faites ». S’il s’est trouvé « d’autres situations à inclure », il y a eu plus d’ajouts que de retraits, mais a-t-il affirmé : « je fournis l’effort de gérer le timing ». Du reste, vu que le texte évolue avec l’actualité Toto Kisaku fait en sorte de rester dans le contexte du moment.

Par ailleurs, le comédien a fait savoir qu’il prend toujours en compte l’interaction entre la musique et le théâtre faisant attention à ne pas trop s’écarter du texte. Et d’avouer ici : « Si les musiciens ne me rappellent pas au travers d’une introduction musicale, il peut m’arriver d’oublier une partie et quand il m’arrive de perdre le texte, c’est pareil pour eux, ils perdent le fil pour la suite ». Ce que le public n’a pourtant ressenti à aucun moment vu que la synchronisation entre les artistes semblait parfaite lors de la première de vendredi à la Halle de la Gombe.

Il faut également citer, dans les modifications intervenues dans le cadre de la représentation du 10 octobre le changement de tenue. « J’ai changé de costume après avoir consulté une styliste. Ensemble nous avons pensé une autre tenue qui soit appropriée pour le spectacle. Et donc, le sarouel c’était idéal parce qu’il me permet d’être aussi expansif que je le souhaite dans mes mouvements », nous a-t-il dit à ce propos. Mais aussi, l’artiste nous a avoué avoir porté son dévolu sur le sarouel parce que c’est un vêtement à la mode et qu’il est inclu dans les différentes rencontres. L’on note cependant que le haut de son costume est la réplique d’une veste chinoise, un clin d’œil à la Chine à travers le passage où il est question de Bruce Lee intégré dans l’épisode des films marquants l’enfance de Toto Kisaku, ses premières attaches avec le monde du cinéma.

Un fait étonnant, le comédien affirme qu’en gros, « le nœud de l’histoire », ce qui lui a inspiré ses rencontres au pluriel, il ne le raconte pas dans le spectacle. Cependant, il nous en a  livré les contours de la sorte : « J’ai effectué une tournée sur la Côte d’Azur en 2006 et au terme de chaque représentation, il y avait des rencontres où nous discutions sur la situation économique, politique et culturelle du pays. Il était parfois question de la fuite des cerveaux. Je répondais à plusieurs questions et il se trouvait des fois des gens sensibles qui fondaient en larmes surpris d’apprendre autre chose que les nouvelles qui leur parviennent sur le Congo. C’est alors que de retour, j’ai décidé de parler de la situation de mon pays à travers mon parcours personnel au travers de mon discours ».

Le passage le plus poignant de Rencontre au pluriel, nous dira Toto Kisaku c’est « l’idée que ma mère a eu de se faire locataire, trouver toujours une habitation dans les quartiers huppés. Louer une annexe dans les quartiers riches et m’inscrire dans des écoles privées lorsqu’elle en avait les moyens de sorte que je sois en contact avec les enfants parlant français. Le contact avec la langue, c’est ce qui me revient à chaque fois et me marque. C’est pourquoi j’ai essayé de glisser un peu d’humour dans le sérieux de cette histoire. C’est là la force de cette pièce qui mêle deux genres à la fois, à savoir le stand-up et le théâtre traditionnel. Je suis vraiment dans les souvenirs les plus poignants de ma vie que je rends avec humour ».

Il faut retenir que Rencontre au pluriel, c’est à 80% de la réalité et la fiction n’intervient qu’à 20%, nous a indiqué Toto. « Les faits racontés sont tirés de mon vécu personnel mais aussi des histoires d’autres personnes qui m’ont été rapportées de telle sorte que certaines gens arrivent à s’y identifier. En fin de compte, cela ne se rapporte pas à mon identité personnelle mais devient une histoire universelle », s’est réjoui l’artiste après avoir vu le retour du public à la fois ému et amusé par sa franchise.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Toto Kisaku en pleine représentation de la pièce Rencontre au pluriel