Œil Oudjat : Kinshasa vue à travers l’objectif de Julie DjikeyMardi 30 Septembre 2014 - 18:45 Sa vision personnelle de la capitale dont elle a capté des instants fugaces de jour comme de nuit, la photographe performeuse et graphiste l’a offerte à la vue de tous, le 25 septembre, sur un tronçon de la voie ferrée située en face de la clôture de l’Institut des beaux-arts. Ironie ou simple coïncidence ? Toujours est-il que Julie Djikey était parvenue à réunir un certain monde en dessous du panneau portant l’inscription : « Circulation interdite. Nzila-Nziku ». À cet endroit bien connu baptisé « Arrêt rail » en référence à la voie ferrée qui traverse l’avenue Rivière bordant la chaussée de la célèbre ex-avenue 24 Novembre. Disponible pour tous et souvent questionnée par le public, Djikey invitait à la considérer de la sorte : « Ce sont les traces et empreintes de mon long parcours et processus de création depuis 2009. Des photos prises et gardées au fur et à mesure ». Mise en interaction directe avec le milieu, les quados (réparateurs de pneus) occupés à réparer les pneus et le garage à ciel ouvert juste à côté, l’œuvre in situ était créée exprès pour se fondre dans le décor du cadre qui l’a abritée. Œil Oudjat muée en exposition en plein air se voulait aussi en interaction avec le public qui avait la liberté de s’y promener quitte à s’en offrir la meilleure perception. Mais Julie ne se priait pas pour expliquer sa démarche : « Je suis urbaine, je travaille dans la rue, je fais du street art et donc je montre le vrai visage de l’urbanité kinoise dans tous les sens et ma façon de voir les choses ». Quant au nom dont elle l’a baptisé, en parallèle à l’imagerie de l’Égypte antique où l’Œil Oudjat est un symbole protecteur représentant l’œil du dieu faucon Horus, elle faisait allusion ainsi au regard bienveillant à défaut d’être vraiment protecteur qu’elle porte sur la ville où elle habite et qu’elle aime. Équipée d’une combinaison immaculée un peu trop large qui la faisait passer pour une garagiste mais qui, en même temps, pouvait s’assimiler à la combinaison de protection d’usage courant en laboratoire ou, à la limite, à la blouse d’une urgentiste elle ne manquait pas de s’expliquer sur le choix de cet accoutrement. « Cette tenue a un sens, je suis en plein mouvement, en plein travail, je tiens à me protéger pour ne pas me salir ». Vu les objets manipulés, des pneus usagés à l'abandon que l’on imagine ramassés n’importe où, dans les abords d’un garage ou d’un espace dédié à leur réparation insalubres, elle avait raison. « Il y a plusieurs messages qui se dégagent de l’exposition », nous a confié Djikey. Et l'artiste de renchérir : « Il y a ceux liés à la circulation, l’urbanisation et à tout ce qui a trait à l’environnement. La création artistique en corrélation avec le site repose sur une scénographie qui met en relief par exemple des photos de malewa (gargotes et restaurants de fortune très fréquentés) ». Et Kin by nigth version Djikey ce sont les gens qui travaillent la nuit mais particulièrement ces quados consciencieux qui à la faveur de la faible lumière vacillante d’une ampoule font leur ouvrage, la crevaison de pneus n’est pas question d’heure. Des épaves de voiture des restes de pneus qui laissent imaginer combien ils ont servi, un décor incrusté dans le décor préexistant de tous ces ateliers et restaurants alignés le long de la chaussée en pleine voie ferrée ou à proximité. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Des clichés mettant en exergue l’activité et l’ambiance dans les malewas
Photo 2 : Des photos d’épaves de véhicules et restes de pneus usagés à l'abandon
Photo 3 : Julie Djikey à l’écoute des commentaires au moment de l’installation de son exposition
Photo 4 : Julie Djikey en dialogue avec un visiteur curieux et intéressé
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