Souvenirs : la Maison culturelle Biso na biso présente « Samantha »Samedi 24 Août 2013 - 10:00 Cette semaine, nous avons choisi de nous souvenir d’une certaine belle époque, celle du début des années 1980, en vous proposant Pamelo Mounk’a. Un des musiciens congolais les plus prolixes qu’on n’oubliera jamais tant ses œuvres ont été reprises même au-delà de nos frontières Ce talent immense, il le doit bien entendu à la composition et la recherche de rythmes qui s’apprécient au-delà des paroles. Mais il le doit aussi certainement au fait qu’il fut à l’aise dans des compositions en français qui ont ensuite fait le tour de la planète. Les années 1980 sont de ce point de vue les plus foisonnantes en compositions multilangues de feu Pamélo. L’album proposé a quatre chansons, toutes devenues des tubes que bon nombre reprennent sans pourtant en connaître les origines. Il s’agit de Ce n’est que ma secrétaire, Amour quand tu nous prends, Buala yayi mambwe, ainsi que Samantha repris comme titre phare. Samantha marque une véritable cassure dans le fond de création où les musiciens des deux rives avaient l’habitude de puiser. Pamélo Mounk’a y mène un véritable plaidoyer de l’amour, oui, mais de l’amour sans les barrières linguistiques et raciales. Est-ce le fruit de l’imagination seulement ou une composition basée sur le vécu du chanteur ? Samantha, présentée comme « trésor hindou », est placée sous le symbole de l’Asie historique mais il est fort probable que cette femme ait été bien réelle, donc faite de chair et d’os. Quelques paroles de la chanson nous poussent à le croire : «… Tu m’as conquis ; je suis mordu tel un poisson à l’hameçon, moi, enfant de l’Afrique… ». On a peine à imaginer que tout ait été inventé. Mais si c’est le cas, la chanson est réussie et si la belle indienne chantée a pu l’écouter, on croit volontiers qu’elle n’a eu aucun mal à comprendre la profondeur du sentiment de Pamelo Mounk’a, ou à se la faire traduire, de préférence sur une piste de discothèque. Car ce morceau de 7'42'', très dansant surtout sur sa fin, est une libre expression d’improvisation du guitariste solo. Dans les bars-dancings des années 1980, c’est sur cette partie de la chanson que tout n’était plus que déhanchement et frénésie de mouvements sur les pistes. Á vrai dire, le texte n’est ni recherché ni composé sur des figures de style sophistiquées. D’ailleurs, couplets et refrains y reviennent comme dans une ritournelle. L’exercice aurait été lassant, si le brio du guitariste (Jerry Gérard des Bantous de la capitale ?) ne meublait les espaces par une improvisation du plus bel effet. Dans tous les cas, qui se lasserait et résisterait à l’interpellation de Pamélo : « Est-il interdit d’aimer une fille d’un autre pays ? Est-il interdit d’aimer une fille d’un autre continent ?... de la belle Afrique ? » Qui oserait, surtout sur fond de cette voix caractéristique de l’artiste disparu le 14 janvier 1996, à seulement 51 ans, répondre par la négative ou résister au rythme entraînant des Bantous de la capitale ? Luce-Jennyfer Mianzoukouta |