Les Dépêches de Brazzaville : Vos créations sont très éclectiques. Par conséquent, les spectateurs sont parfois déroutés. Quelle thèse développez-vous dans Corps lié au son d’abstrait ?
Diako : La danse contemporaine est réservée à des initiés. Ce qui fait que l’on ne comprend pas tout. Dans mon premier spectacle, Corps lié au son abstrait, je développe à travers mon expression corporelle la thèse suivante : dans l’homme il y a un son inséparable du corps, ce sont les battements du cœur. L’homme en naissant produit un son que nous appelons pleurs ou cris. Sa vie durant, il sera lié aux différents sons que sont les klaxons des véhicules, les conversations des humains, les crépitements des armes, le son de la télé et de la radio, le cliquetis du clavier d’ordinateur, le souffle du vent, etc. Le milieu de vie de l’homme est tout simplement sonorisé, d’où la liaison avec son corps. Le corps entre en résonnance avec les sons d’un espace donné. Je montre la relation qui existe entre l’homme et son milieu de vie d’une part et l’homme et ses sons, d’autre part.
Quel est le message que vous apportez dans Au-delà de tes pas se créent des traces ?
Je parle de la découverte des continents, de la colonisation, de la mondialisation, et des cris d’alarme des peuples. Sur le plateau, chaque chorégraphe représente un continent. Moi, je représente l’Europe et l’Amérique dans cette création. J’incarne la domination. L’Afrique pour sa part est dans beaucoup de choses, mais manque de visibilité. L’Asie, quant à elle, apparaît dans un positionnement d’influence, et l’Océanie tend à disparaître. C’est une création qui fait l’actualité du monde dans différents domaines. Et les chorégraphes incarnent les maux actuels, mais aussi les espoirs de ce nouveau monde en perpétuel reconstruction et déconstruction
Une barre de fer et un tableau peint en blanc, la scène est presque nue. C’est un choix ?
Oui, j’aime l’idée que les mouvements de corps ,à eux seuls, décorent la scène. La barre de fer représente la justice et l’ONU où les représentants des cinq continents par leur langage chorégraphique vont débattre des préoccupations liées à leur continent.
Comment êtes- vous venu à la scène ?
Je danse depuis mon enfance. À l’âge de 4 ans j’imitais avec brio les mouvements à la télé. Je n’ai pas reçu de formation comme telle. Mais j’ai nourri ma chorégraphie de différents échanges et expériences dans mon parcours. J’ai donné des prestations dans différentes scènes au Gabon, en Afrique du Sud, au Mali, au Nigeria et au Congo où j’anime souvent des stages au festival Mabina danse ou Makinu Bantu et Rue dance. En 1997, j’ai crée Plante planétaire, ma compagnie de danse contemporaine et laboratoire des danses.