Journée internationale de la femme - Isabelle-Marthe Fila-Lémina : « Soyons des femmes à part entière et non des femmes entières à part ! »

Samedi 8 Mars 2014 - 3:46

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Députée de la première circonscription de Bacongo, deuxième arrondissement de Brazzaville, cette femme a longtemps milité pour l’émancipation de la femme congolaise. Ayant débuté en politique à l’Union pour la démocratie et la République-Mwinda, Isabelle-Marthe-Fila Lémina siège actuellement pour le compte du Rassemblement citoyen

Les Dépêches de Brazzaville : Vous défendez depuis des années les droits de la femme afin qu’elle ait une place dans les sphères de prise de décisions. Quelle image avez-vous de l’implication de la femme en politique ?
Isabelle-Marthe Fila-Lémina : L’implication de la femme en politique suppose sa participation au développement et à la gestion de la cité à tous les niveaux de la société.

Vous avez présidé plusieurs organisations de défense des droits de la femme. Aujourd’hui, quel combat menez-vous afin que les femmes quittent le statut de ménagère pour s’engager réellement en politique ?
Vous savez qu’en toute chose il y a la sensibilisation et la mobilisation. Car, souvent, beaucoup de femmes ne s’impliquent pas par manque de connaissance dans ce domaine. Vous savez que dans nos traditions africaines, on a une image de la politique qui fait peur à la femme. Il faut expliquer à ces femmes que la politique est tout autre chose que ce que nous pensons en Afrique. Elles doivent comprendre que la politique, c’est la gestion de la cité, donc la gestion de nous-mêmes, femmes, la gestion de l’avenir de nos enfants. Raison pour laquelle je m’implique même lors de mes descentes en invitant mes sœurs à s’engager en politique.

En tant que membre du Centre de promotion de la femme en politique (CPFP), que constatez-vous concernant l’engagement des femmes en politique ?
Je pense que depuis que cette structure a été créée, les femmes s’intéressent de plus en plus à la politique. Parce qu’à partir du CPFP, elles apprennent ce que c’est que la politique et pourquoi intégrer un parti politique.

Il y a une faible implication des femmes en politique. D’après vous quelles en sont les raisons ?
La politique est une chose passionnante d’une part, mais aussi difficile de l’autre. Les raisons de cette réticence sont surement les tractations que vivent les femmes politiques. C’est une lutte, et rien ne s’obtient sans la lutte. Il faut accepter de lutter même si cela paraît difficile. Je demande un peu de courage, de détermination, de la volonté, et le reste suivra.

Vous parlez de volonté. Croyez-vous que la femme congolaise pourra mener le combat politique longtemps réservé aux hommes ?
J’y crois fermement, car même l’histoire de la Journée de la femme est très édifiante. Nous remarquons que les femmes prennent de plus en plus d’engagement politique, autant que les hommes. Je pense que les choses vont s’améliorer dans les années à venir.

Le thème choisi cette année est « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et pour tous ». Quel est le principal message que vous adressez à la femme en général et à la femme congolaise en particulier ?
En cette journée du 8 mars, je voudrais inviter toutes les femmes à reconnaître d’abord leur valeur. Qu’elles comprennent qu’elles ont des atouts  à mettre à la disposition de la nation et des autres en participant pleinement à la gestion de cité, en faisant ce que les hommes font dans tous les domaines. Par contre, une catégorie de femmes se met à part en se contentant du statut de ménagère. Évitons d’être des femmes entières mais à part, je préfère être une femme à part entière. Je suis un peu partout dans la société, que ce soit au foyer comme dans les instances de prise de décision. Si nous voulons que nos pays aillent de l’avant, nous ne pouvons exclure la participation des femmes au développement. Comme le dit le thème international, « des clés à la portée de toutes », la clé est un symbole qui nous donne accès à quelque chose, elle nous ouvre la porte. Chaque femme a le devoir de saisir cette clé et d’ouvrir les portes du monde par le savoir. Ce qui rétrograde les femmes, c’est leur niveau intellectuel. Parce que si vous n’avez pas le savoir, toutes les portes vous seront fermées. De ce côté, nous avons un travail à faire surtout auprès de la jeune génération afin d’avoir tous les atouts pour égaler les hommes, car une femme n’a rien de moins qu’un homme.

Josiane Mambou-Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo : Isabelle-Marthe Fila-Lémina. (© DR)