Interview. Jean-Claude Ntuala : « Il faut être d’abord un grand lecteur pour arriver à bien écrire »

Vendredi 17 Novembre 2017 - 17:45

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Grand lauréat du premier Prix Makomi la nuit de l’ouverture de la Fête du livre, le 14 novembre à l'Institut français, pour sa nouvelle La Vingt-cinquième lettre , l’écrivain qui est aussi journaliste se réjouit d’avoir remporté la mise les trois fois où il a participé à un concours littéraire. Dans cette interview avec Le Courrier de Kinshasa, il parle de sa passion pour la lecture qui l’a mené vers l’écriture.

Jean-Claude Ntuala faisant son petit speech à la suite de son sacre Le Courrier de Kinshasa  (L.C.K.): Nos lecteurs peuvent-ils vous connaître ?

Jean-Claude Ntuala (J-C.L. ): Je suis Jean-Claude Ntuala, écrivain et journaliste.

L.C.K. : Vous êtes le grand lauréat de la section nouvelle du prix Makomi. Pouvez-vous nous dire un mot sur cette œuvre ?

J-C.N. : La nouvelle nous fait remonter le temps car les faits relatés ne se passent pas maintenant. Elle parle de l’histoire d’un jeune homme vécue il y a vingt-cinq ans, à une époque où le téléphone portable n’existait pas encore. Il vivait en Europe et avait coupé tout contact avec sa famille restée ici au pays. Le moyen de communication le plus utilisé était les lettres. Il recevait du courrier mais ne lisait aucune des lettres venues de Kinshasa, persuadé qu’à chaque fois on lui demandait toujours de l’argent. Il finit par tomber amoureux d’une Française qui partage sa vie et celle-ci, estomaquée de voir la pile de lettres jamais ouvertes, se décide à les lire. Arrivée à la vingt-cinquième qui venait du père de son compagnon déjà orphelin de mère, elle découvre une sorte de testament. Le père disait à son fils qu’il sentait sa fin venir et lui laissait une pierre de valeur trouvée dans une carrière de diamant où il avait travaillé dur. Il l’avait fait évaluer et son coût était estimé à 480 000 euros. Ce gros diamant, il l’avait caché dans un des murs de sa chambre. Dans la lettre, il demandait à son fils de venir à ses funérailles et lui avait livré toutes les indications de sorte qu’il puisse entrer en possession de la pierre et devenir riche. Cependant, peu avant qu’il ne se mette en ménage avec la Française, il avait reçu un de ses cousins arrivé du pays qui lui avait parlé de la démolition du toit paternel suite à la construction d’un chemin de fer. Tout le quartier avait été démoli et délocalisé. Ce qui revient à dire qu’avec cette démolition, la pierre avait disparu. Et donc, pour avoir coupé les ponts d’avec sa famille, il ratait une occasion de devenir riche.

L.C.K. : Vous semblez être un habitué des prix. Pour que votre plume soit si bien appréciée, vous devez avoir un secret, lequel?

J-C.N. : Il n’y a pas de petit secret à vrai dire, mais je crois que mes atouts tiennent au fait que je suis d’abord un grand lecteur. Il faut l’être pour arriver à bien écrire. J’ai beaucoup lu dans ma jeunesse, je ne savais pas que je deviendrai écrivain alors que j’avais la passion de la lecture. Je lisais beaucoup. Et maintenant que j’écris, si secret il y a, c’est juste que je travaille beaucoup mes textes. Souvent, quand j’en termine un, je le mets au frais. J’attends trois, voire six mois pour le sortir et le relire. Avec le recul, j’ai l’impression de lire un nouveau texte, c’est là que je décèle forcément des failles que je corrige avant de le soumettre à un concours. Il faut beaucoup travailler son texte.  

L.C.K. : Quel est le titre de la nouvelle primée ? En combien de temps l’avez-vous écrite et de quand ce texte date-t-il  ?

J-C.N. : En combien de temps, je ne saurais plus le dire mais le texte date de cinq ans environ. Donc, il y a un moment que je l’ai écrit et il s’intitule "La Vingt-cinquième lettre". J’ai beaucoup de nouvelles en réserve et à l’annonce du concours, j’ai fait mon petit jury en choisissant ce texte et voilà qu’il a remporté le premier prix.

L.C.K. : Le récit de "La Vingt-cinquième lettre" est tragique. Pourrait-on savoir si la tragi-comédie est votre registre habituel  ?

J-C.N. : J’aime bien, oui. Les gens m’appellent maître du suspense. Mais il y a toujours une leçon à tirer, je fais toujours passer un message. Dans ce cas, c’est clair. Il n’est pas dit qu’il faut couper tout contact avec ses origines parce que l’on vit en Occident. La vie est aussi difficile là-bas, c’est vrai mais il ne faut pas penser que ceux qui sont restés au pays n’ont rien à vous donner. C’est la leçon morale de la nouvelle.

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Jean-Claude Ntuala faisant son petit speech à la suite de son sacre

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