Littérature : « Relations Nord-Sud, un grand scandale » en voie d’être primé

Samedi 11 Novembre 2017 - 14:27

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Le best-seller de Guy-Lambert Santimi, édité par "Monde nouveau Afrique nouvelle", a déjà retenu l'attention de l’Association des éditeurs africains d’Europe (dont le siège est à Paris, en France), éblouie par son contenu riche en enseignements.

 

Pour un coup d’essai, le livre se révèle plutôt être un véritable coup de génie. Volumineux avec 292 pages, il a été préfacé par le député fédéral belge, Louis Laurent. L’ouvrage est, d’ailleurs, en instance d’être primé par l'Association des édieteurs africains d'Europe. Entre un Sénégalais et un Camerounais également nominés, Guy-Lambert Santimi paraît réunir tous les atouts pour sortir victorieux de ce challenge à trois.

La qualité et la pertinence de ses analyses qui survolent un bon nombre de pays africains dont la RDC, la République du Congo, le Gabon, le Niger, le Nigeria, le Kenya, le Tchad, la Côte d’Ivoire, etc., plaident en sa faveur, en plus des solutions alternatives qu’il propose en termes de sortie de crise.

L’analyse sans complaisance qu’il fait de la situation actuelle de l’Afrique lui a, du reste, valu l’estime et le soutien des chefs d’État du Niger et du Tchad, intéressés notamment par les propositions faites en rapport avec le franc CFA dont ils ont finalement bien saisi le mécanisme de fonctionnement. Il s'agit spécialement  de la question de la Réserve obligatoire  de 50% bloquée par la Banque de France sur la masse monétaire de chacun des pays de la « Zone Franc ». Ce qui constitue un frein au développement de ces pays.           

Des colons à la dent dure

La problématique de l’ouvrage repose essentiellement sur la nécessité pour les Africains de se défaire définitivement du carcan néocolonialiste qui les maintient encore plus de cinquante ans après leurs indépendances dans les méandres du sous-développement. Relevant les facteurs exogènes à cet état d’asservissement continuel dans lequel les Africains sont réduits, bien malgré eux, l’auteur stigmatise « cette sorte de peur injustifiée qui fait que l’Occident capitaliste voit d’un mauvais œil un développement rapide de l’Afrique ». Ce qui, d’après lui, aurait pour conséquences « la réduction des parts des marchés, la disparition des débouchés, la fermeture de certaines industries occidentales, la suppression des monopoles, l’augmentation du chômage et même celle de la concurrence entre États occidentaux dont les économies reposent sur la même base et suivent les mêmes règles du marché ». D’où, ajoute-t-il, « le déploiement de tant d’efforts de la part des pays industrialisés pour maintenir le continent africain en état permanent de nécessité ».

Guy-Lambert Santimi sonne le tocsin de la révolte pour dire non au néocolonialisme tout en soutenant la thèse d’une possible requalification des relations entre l’Afrique et l’Europe prédatrice. Partout sur le continent, soutient-il, l'Europe a toujours développé des reflexes de conservation et de protection de ses intérêts. Mais que doit faire l’Afrique pour en sortir, s’interroge-t-il. Toute la trame de la réflexion se cristallise autour de ce questionnement.

Subdivisé en douze chapitres dont des pans entiers consacrés à un devoir de mémoire, l'auteur relève quelques faits historiques qui ont vu des nationalistes africains être assassinés à cause de leurs idées volontaristes et progressistes. Son ouvrage met à nu l’agenda caché des puissances extérieures, toujours promptes à étouffer des velléités indépendantistes qui voient le jour sur le continent. Patrice Émery Lumumba, Sylvanus Olympio, Ruben Um Nyobe, Hamilcar Cabral, Edouardo Mondlane, Thomas Sankara, Stève Biko, etc., tous « ont été assassinés par des puissances étrangères pour empêcher le venin d’une libération totale de l’Afrique de se répandre », écrit-il. 

L’auteur n’exonère cependant pas les Africains de toutes ces dérives et stigmatise la complicité de quelques dirigeants locaux, détenteurs du pouvoir d’État. Ces derniers, dit-il, s’associent paradoxalement avec des groupes d’intérêts étrangers pour exploiter les ressources de leurs propres pays sans que le peuple puisse en profiter réellement. 

Le franc CFA, une arnaque ?

L’auteur évoque, par ailleurs, la Convention de coopération monétaire consacrant le franc CFA comme monnaie commune des ex-colonies françaises. Cette convention est, pour lui, la source de leurs déboires, parce qu’ayant consacré la perte de leur souveraineté. « La gestion de cette monnaie est confiée à la Banque de France avec toutes les implications négatives au niveau économique de chacun des États de cette zone monétaire alors que les Constitutions de tous ces pays disposent que la monnaie est un attribut de souveraineté », fait-il observer. L’Afrique de la zone franc a abandonné sa souveraineté monétaire au profit de la France avec une balance des profits largement en sa faveur, mentionne l’auteur. Il exhorte les dirigeants africains à renégocier les termes dudit accord avec l’ensemble de l'Union européenne. « À quoi sert alors l’indépendance si notre souveraineté monétaire doit être gérée par d’autres ? », s’est-il interrogé.

Évoquant la coopération avec les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), l’auteur estime que l’Afrique est souvent l’objet d’injustices flagrantes que lui font subir de grandes puissances via ces institutions financières internationales afin de retarder son développement. Leur attitude ambiguë en matière monétaire concernant le traitement des réserves des pays qui les sollicitent crée des disparités profondes entraînant la mise sous-tutelle de quelques-uns aux fins d’exploitation. « Les prêts dans le cadre des programmes d’ajustement structurel consentis à nos pays, entre 1980 et 1990, n’ont rien résolu dans la plupart des pays », se révolte l’auteur.  

Les raisons d’espérer            

Pour se soustraire du bourbier du néocolonialisme, l’auteur pense que la lueur d’espoir est aujourd’hui incarnée par la jeunesse montante africaine, plus instruite depuis ces dernières décennies et murie par les expériences douloureuses déjà vécues, mais aussi par « des dirigeants politiques qui, par leurs actes et leur courage, refusent la mainmise des puissances d’argent, des multinationales et autres cosmocrates sur leurs économies ». Esquissant quelques pistes de solutions au chapitre XI « Que devons-nous faire maintenant ? », l’auteur invite les dirigeants africains à s’approprier cette pensée du philosophe allemand, Emmanuel Kant : « Agis toi-même comme si tu étais législateur et sujet dans la République de volonté ». Il les exhorte à ne pas céder au défaitisme, à bannir toute forme de clientélisme, à créer des emplois pour trouver l’argent nécessaire au développement de leurs pays et à traduire dans les faits les prescrits de la bonne gouvernance.

Le livre se termine par une note d’espoir, celui de voir l'Afrique se réveiller enfin de son profond sommeil pour amorcer son décollage socioéconomique. « Le revolver dont a parlé Franz Fanon crépitera un jour. Ce sera alors la Catharsis pour le Congo, mais (…) ce sera aussi le sursaut pour l’essor multidimensionnel du continent africain. Dès lors, rien ne saura arrêter l’élan et le développement du continent », dixit Guy-Lambert Santimi en guise de conclusion.  

L’ouvrage est plaisant à lire avec une stylistique limpide et alerte. Il dessine les contours d’une Afrique en gestation, la vraie, celle des véritables nationalistes mus par le souci de booster le développement de leurs États, en toute autonomie, loin de toute forme d’ingérence ni pression extérieure. Pour s’en procurer, l’on peut, soit s’adresser directement par E-mail à l'Éditeur (afriquenouvelle@bluewin.ch), ou soit, entrer en contact avec son représentant à l’adresse ci-après : AIES/Financité rue Botanique n°75 1020/Bruxelles. À Kinshasa, l’ouvrage est disponible, pour l'heure, à l’Unikin/Faculté de science politique et administrative.     

Un mot sur l’auteur 

Guy-Lambert Santimi est de nationalité congolaise. Citoyen du monde, il est licencié en philosophie et lettres de l'Université de Lubumbashi, il est aussi agrégé en pédagogie appliquée de la même université. Après une formation en management bancaire à l'Institute of Bankers à Nairobi (Kenya) et à l’Indian Institute of Banking Research de New Delhi (Inde), il a été successivement directeur des opérations à la Grindlays Bank International (Kinshasa), adjoint commercial du siège à la Banque congolaise du commerce extérieur, administrateur-directeur-général à la Société congolaise de Banques et conseiller aux investissements auprès du groupe financier Métropole-Europe SA/Belgique.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre

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