Interview. Pytshens Kambilo : « Nous avons beaucoup à donner ici »

Lundi 4 Septembre 2017 - 18:11

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Le guitariste, également auteur-compositeur et interprète, n’a de cesse de porter Kinshasa dans son cœur alors qu’il vit maintenant entre Paris et Montréal. Il nous est revenu à la mi-août pour la promotion de Silikoti qu’il a menée avec des vidéos de cet album sorti sous le label Yoka Music en 2014. Pytshens ne va pas en rester là, il envisage de livrer des concerts prochainement à la suite des retombées de ce come-back qu’il entend réaliser aussi avec la relance de son festival de guitare, Lindanda, et des master class. Il l’explique dans cet entretien accordé au Courrier de Kinshasa pendant son séjour kinois.

 

Pytshens KambiloLe Courrier de Kinshasa : Comment devrait-on vous présenter à nos lecteurs, question de vous rappeler au bon souvenir des mélomanes  ?

Pytshens Kambilo  : Guitariste de l’émission Hot Tension à la RTNC2 il y a vingt ans, j’ai travaillé avec Jean Goubald, Bebson de la Rue et Djonimbo. Mais, avant cela, je jouais du ndombolo dans Eden Musica. J’ai aussi joué à l’Église protestante internationale de Kinshasa, à Gombe et la cathédrale du centenaire protestant où je jouais de la batterie.

L.C.K. : Votre dernière venue à Kinshasa remonte à plus de cinq ans, si je ne m’abuse…

P. K.  : La dernière fois que je suis venu ici c’était en 2011 pour présenter l’album Kobanga te et pour le Festival Lindanda organisé entre Kinshasa et Lubumbashi.

L.C.K. : Vous nous revenez avec votre dernier album sorti il y a trois ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour le présenter au pays  ?

P. K.  : En France, il y a des tourneurs et des managers qui s’occupent de notre calendrier. Et comme il n’arrive pas d’invitation de Kinshasa, cela n’entre pas dans les priorités. En fin de compte, il faut que je voie par rapport à mon timing et mon budget personnel comment insérer Kinshasa. C’est pareil pour le Festival Lindanda, j’attends de faire des économies pour le relancer. Et donc, je suis venu pour faire la promotion de Silikoti et, à mon retour, je vais en parler en France et à Montréal de sorte que nous puissions voir ensemble ce qu’il y a lieu de faire ensuite à la rentrée. Je m’arrange pour ne pas connaître le même sort que Ray Lema qui n’a pu véritablement se produire ici que 38 ans après son départ parce qu’il n’y avait jamais été invité avant. Nous avons beaucoup à donner ici. Au-delà de penser à livrer des concerts, il y a lieu de penser à des conférences, des master class mais pour le faire, il faut tout de même un minimum d’organisation. Même si c’est à faire pendant les vacances et qu’il n’y a pas de cachet prévu, mais il faut un minimum qui permette de se payer son billet d’avion et son logement. Mais c’est souvent compliqué à trouver.  

L.C.K. : Est-ce donc pour cela qu’après quatre éditions, le Festival Lindanda qui semblait si bien parti s’est comme qui dirait éteint  ?

P. K.  : Autant pour l’album que le festival, il s’est passé beaucoup de choses. Les partenaires qui nous accompagnaient n’ont pas pu suivre. Comme il n’était question que de la guitare, ils ont trouvé que cela faisait trop réfléchi. Comme la danse n’était pas trop au rendez-vous, ils ont pensé qu’il ne se trouverait pas de gens pour acheter de l’alcool et donc que ce n’était pas une bonne affaire. Donc, il fallait encore une fois fournir les mêmes efforts ; faire des économies pour se procurer la guitare à offrir comme prix au concours ; trouver les subventions en France pour inviter les chanteurs et autres professeurs pour animer des ateliers ici. À la fin, cela devenait assez lourd. S’il était possible de le faire chaque année autrefois, maintenant l’on attend d’avoir les moyens suffisants pour réaliser un festival digne de ce nom qui ne sera pas annuel. Ce sera un grand évènement qui reviendra peut-être tous les dix ans, un peu comme au Sénégal. Nous cherchons des partenaires pour cela.

La pochette de SilikotiL.C.K. : Vous ne vivez plus à Kinshasa, vous y revenez de temps en temps pour la promotion d’un album, pensez-vous trouver un public pour votre musique alors que le Kinois est réputé difficile en la matière  ?

P. K.  : Non, le Kinois n’est pas difficile ! Il aimerait juste que l’on soit en mesure de lui proposer autre chose. Et il suffit juste que cette autre chose passe souvent à lé télé et à la radio pour qu’il s’y accoutume et l’apprécie à sa juste valeur. Il est prêt à consommer ce qu’on lui donne de bon à mettre sous la dent, mais ceux qui font cette autre musique ne sont pas nombreux et ne passent pas souvent à la télé, du coup pour le Kinois, cela n’existe pas. Il faut qu’on leur propose une alternative à ce qu’ils ont coutume de voir à la télé et d’entendre à la radio pour qu’ils sachent qu’il existe bel et bien autre chose d’aussi appréciable que les Ivoiriens et Nigérians. Un autre genre de musique qu’il leur reste à découvrir.

L.C.K. : Et donc, pour espérer gagner de l’audience, il faudrait une promotion assez costaud pour Silikoti qu’avez-vous prévu dans votre agenda à ce propos ?

P. K.  : Pour l’instant, nous avons commencé par la télé, puis nous allons faire le tour des télévisions et structurer un plan de communication qui tienne. Je ferai en sorte, même si je rentre en France, j’ai déjà un concert à livrer le 7 septembre, qu’il y ait un suivi pour que l’année prochaine à la rentrée ce soit autrement. L’on nous fait ce reproche à propos de nos rares productions au pays mais personne ne voit l’autre revers de la médaille. Jean Molayi qui fait du théâtre en France a été le dernier à évoquer le sujet. Il m’a pris une heure pour m’expliquer que nous devrions garder le contact avec le public au pays, qu’il faudrait poster des vidéos sur YouTube à leur intention pour que cela nous précède et crée un besoin.  

L.C.K. : Concrètement, comment pensez-vous présenter Silikoti aux Kinois, à travers des vidéos, des concerts ? L’album sera-t-il en vente à Kinshasa ?

P. K.  : Pour l’instant, il y a deux clips et des vidéos live de Montréal ainsi que de Bruxelles à présenter. Nous allons faire en sorte d’être insérés dans les playlists pour passer tout le temps à la radio et à la télé. Le temps est court pour livrer un concert mais le but de la promotion c’est de faire connaître l’album et voir ensuite les retombées.

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Pytshens Kambilo Photo 2 : La pochette de Silikoti

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