Interview. Badibanga Ndeka : « Les chansons d’Article XV sont basées sur des expériences personnelles »

Jeudi 27 Juillet 2017 - 17:48

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Le rappeur belgo-congolais, plus connu par son nom de scène « Badi », a sorti, en juin dernier, son premier album intitulé « Article XV », du nom de l’expression congolaise sur la débrouillardise. À travers ce projet, l’artiste a souhaité donner sa définition de cet Article XV sur la base de son histoire personnelle.

Le Courrier de Kinshasa : Pourriez-vous nous parler de la genèse de l’album ?

BN : J’avais réalisé un premier projet intitulé « Matongé ». Je pensais déjà à l’album « Article XV » où je souhaitais explorer en profondeur cette expression « Article XV » relative à la débrouille. C’était l’occasion de revenir sur la génèse de ma vie personnelle, sur la vie des Afro-européens, des Africains qui vivent en Europe et aussi faire un parallèle avec la vie que mènent certains Africains caractérisés par la débrouillardise.

LCK : Quel message souhaitiez-vous faire passer à travers votre histoire personnelle ?

BN : Je souhaitais revenir sur l’histoire de mes parents. À ce sujet, j’ai réalisé également un court-métrage sur cette histoire et qui sera bientôt sur les écrans. Quand j’étais enfant, nous avons été sans papiers. Une situation qui a duré une bonne quinzaine d’années. Cela a notamment eu pour conséquence pour mes parents de ne pas pouvoir avoir un travail fixe. Malgré cela, mes parents se sont toujours battus pour que l’on aille à l’école, que l’on ne manque de rien et que l’on devienne des hommes responsables. En dehors de cela, je souhaitais également donner mon point de vue sur la vie que j’ai menée quand j’étais plus jeune.

LCK : Combien de titres compte l’album et quelle histoire racontent ces différentes chansons ?

BN : L’album compte douze titres. Dans le premier titre « Matongé », je fais le parallèle entre une personne qui part de Kinshasa vers Bruxelles et qui compare un peu sa vie dans les deux pays. Dans la chanson « Allô maman », je reviens sur la relation que j’ai eue avec mon père, aux problèmes père-fils. Dans cette chanson, le refrain est fait par ma fille. C’est un titre un peu intergénérationnel. Le morceau « J’ai des doutes » revient sur mes propres doutes. D’autres sont titres contenus dans l’album sont notamment « La plus belle pour aller danser » (réalisée avec l’Action des femmes pour le développement-AFEDE) ; « Fils de » ; « Wapi yo » ; « ça me parle » sur les relations amoureuses ou encore « Ndeka dance ». Ce sont des chansons basées sur des expériences personnelles.

LCK : Vous avez « samplé » ou utilisé des mélodies d’anciennes musiques congolaises dans votre album. Quel lien gardez-vous avec cette musique, vous qui pratiquez plutôt le hip-hop ?

BN : le hip-hop est une musique qui est basée sur des samples. Les rappeurs américains ont beaucoup samplé la soul music. Pour moi, la soul africaine, c’est un peu la rumba congolaise, une musique qu’écoutaient mes parents. Donc, je voulais faire sentir l’univers de cette musique qui est fort importante pour moi.

LCK : Quelques titres que vous avez « samplés » ?

BN : « Layle » de Franco, « Wapi yo » de Lokua Kanza, etc. On a beaucoup utilisé des morceaux de OK Jazz. Mon oncle, Papa Rondo, était saxophoniste au sein de ce groupe. C’est lui qui m’a un peu introduit dans cet univers musical.

LCK : quelle est actuellement la vie de l’album ?

BN : l’album est dans la phase de promotion. J’étais à Dakar il y a deux semaines et je serai à Pointe-Noire d’ici la mi-août pour une promotion sur place. Pour le moment, l’album n’est en vente que sur les plates-formes digitales. Les CD seront en vente à partir de septembre, en même temps que le début des concerts. Le premier concert aura lieu à Paris au centre Wallonie Bruxelles. D’autres concerts sont prévus à partir d’octobre à Bruxelles et ailleurs.

LCK :  Quels sont vos thèmes de prédilection dans les chansons ?

BN : J’aime bien les thèmes relatifs aux faits de société. J’ai enregistré le titre « Nalingi yo » sur les couples mixtes. Et je suis dans cette situation. Dans « Allô maman », j’évoque également le sujet sur les personnes victimes d’une addiction à l’alcool. Je m’inspire des thèmes du quotidien qui me touchent directement.

LCK : Quelles relations entretenez-vous avec les autres artistes congolais, spécialement ceux qui pratiquent le hip-hop ?

BN : J’entretiens de très bonnes relations avec Youssoupha avec qui je travaille souvent. Au Congo, j’ai également collaboré avec beaucoup de rappeurs. Il y a aujourd’hui une très belle scène congolaise à Paris et à Bruxelles qui est en train de réaliser de très belles choses.

LCK : Comment qualifierez-vous votre style musical ?

BN : Je me définis souvent comme étant « Belgicain ». Je pratique donc une musique « Belgicaine » faite de mes influences d’ici et de mes origines africaines. C’est un mix des deux.

LCK : Vous avez été récemment primé dans le cadre des prix littéraires de la Fédération Wallonie Bruxelles. Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste ce prix ?

BN : j’ai reçu le prix littéraire de la communauté française dans le cadre de la sélection des prix « Paroles urbaines ». C’est un prix littéraire sur le rap. J’étais en compétition avec trois autres groupes et j’ai eu la chance de gagner . C’est important d’être également reconnu par la communauté française parce qu’on s'adresse à différentes catégories de personnes et c’est bien de bénéficier d’une reconnaissance.

LCK : Quels sont vos projets pour cet album et pour le futur ?

BN : Le premier projet est de défendre « Article XV » sur scène. C’est un lieu d’expression qui est très important pour moi. Je vais bientôt sortir un titre hors « Article XV » et qui est intitulé « Kitendi ». J’ai collaboré sur ce morceau avec le DJ centrafricain Boddhi Satva. D’autres collaborations sont en train de se mettre en place. Mais le projet immédiat est l’organisation des concerts pour la promotion de l’album.

Plus d'informations sur http://www.jesuisbadi.com/

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo1 et 3 Badibanga Ndeka Photo2 La pochette de l'album Crédits Photos1 et 3 Amin Bendriss Photo Pochette Album: Mike Lhoir

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