Le Congo des écrivainsSamedi 28 Décembre 2013 - 7:05 2013 est l’année de la célébration des soixante ans de la littérature congolaise. De nombreux évènements ont été organisés à Pointe-Noire et à Brazzaville pour commémorer cet anniversaire. L’occasion de revenir sur quelques noms qui ont marqué cette littérature
Évoquer les soixante ans de littérature congolaise, c’est d’abord reconnaître la vitalité des premières lettres ayant ouvert la voix aux cadets de la post-indépendance. Citons Jean Malonga, qui dès 1947 pose l’acte d’écrire sa révolte et publie aux Éditions Présence africaine en 1953 Cœur d’aryenne, le premier roman de la littérature congolaise où l’auteur dénonçait à travers le récit les inégalités raciales du temps de la colonisation. Après sa parution, le livre fit l’objet de plusieurs controverses au sein de l’administration coloniale. Dans un entretien paru dans la revue Notre Librairie, Jean Malongo confia à propos : « Sa parution a fait bouger le monde politique. Nous sommes déjà en 1953, et l’on me traite de révolté. Une lettre anonyme adressée à Alioune Diop (patron de Présence africaine NDLR) me qualifie de crétin qui devrait avant tout s’occuper de son pays. » À cette provocation, l’auteur en réponse publie La Légende de M’Pfoumou Ma Mazono, son second ouvrage très réputé. Ces soixante ans vont également être marqués par la naissance de la revue Liaison, ensuite de la création de l’Association nationale des écrivains du Congo naîtra la fameuse « phratrie » congolaise, fruit de la cohésion entre les auteurs de cette génération. L’écriture de Sony Labou Tansi et celle d’Henri Lopes marqueront une rupture de ton avec le passé et annonceront l’arrivé d’une nouvelle ère dans la littérature congolaise. Aujourd’hui, la nouvelle génération composée d’Alain Mbanckou, de Wilfried Nsondé, de Dieudonné Niangouna, pour ne citer que ceux- là, a manifestement résolument une écriture dénuée de toute revendication ou préoccupation idéologiques. Connus ou moins connus, ces auteurs témoignent de nouvelles formes d’engagement. Nés au lendemain des indépendances, ils revendiquent, écrit Tithankar Chanda dans le Monde diplomatique, « l’universalité d’un art qui ne dit plus seulement l’Afrique mais le monde. Leurs œuvres, écrites à la première personne, révèlent de nouveaux combats. » Meryll Mezath |