Obsèques de Tabu Ley : le témoignage d’un ministre sur un artiste qui a fait l’unanimitéSamedi 14 Décembre 2013 - 8:30 Le décès du roi de la rumba africaine, Pascal Tabu Ley, n’a pas laissé insensible le président de la République du Congo, protecteur des arts et des lettres. C’est ainsi qu’il a chargé Jean-Claude Gakosso de se joindre aux frères de la RD-Congo, à l’ensemble de la communauté des artistes musiciens de ce grand pays ainsi qu’à la famille biologique de l’illustre disparu pour porter témoignage de la profonde compassion et de la solidarité fraternelle du peuple congolais « Va ton chemin, cher ami, toi qui avais reçu des muses enchantées le divin secret de sublimer le vrai et le beau ! Va ton chemin, artiste émérite, toi qui étais finalement venu au monde pour donner du bonheur à tes semblables ! Adieu, Tabu Ley ! Au nom de tous tes frères et sœurs de Brazzaville, adieu ! » C’est par ces mots que Jean-Claude Gakosso a donné son témoignage au nom du président de la République du Congo sur l’artiste émérite Pascal Tabu Ley Rochereau devant les autorités nationales et provinciales de RDC et de la famille éplorée. Le ministre de la Culture et des Arts a salué le génie inégalable de l’artiste Tabu Ley qui aura fait de lui non seulement une icône continentale, l'un des symboles de cette Afrique reconnaissante, voire conquérante, mais aussi un modèle de persévérance pour la jeunesse, un véritable parangon pour la prospérité. Jean-Claude Gakosso a rappelé qu’en 2008, lorsqu’il accourut au chevet de Tabu Ley à Bruxelles, dépêché par le président Denis Sassou-N’Guesso qui l’honorait de son amitié et qui lui vouait admiration et respect, il avait rencontré un homme courageux, lucide et digne devant le terrible mal qui le rongeait. En dépit de son affaiblissement physique, qu’il assumait avec un brin d’ironie, Jean-Claude Gakosso a ajouté que Tabu Ley était jovial et rayonnant. Son credo, avait-il confié au ministre congolais, était de voir les artistes africains s’unir et se souder, dans la joie comme dans le malheur, pour mieux affronter leur destin commun. Ce souhait, les artistes de RDC l’ont exprimé à travers leur hommage lu par Koffi Olomidé. Ils ont même demandé à leur gouvernement d’instituer une Journée de la rumba congolaise. Deux ans après la rencontre de Bruxelles, Jean-Claude Gakosso a rencontré Tabu Ley à Créteil, dans la banlieue est de Paris, en compagnie de son ami de toujours, Jean-Bruno Thiam. Des heures durant, malgré la maladie qui gagnait du terrain silencieusement, il ne parlait que de son art. Il ne parlait que de musique et, de temps en temps, il fredonnait Adios Tété ou Mokrano pour détendre l’atmosphère. « Au fond, comme l’a si bien écrit mon ami Manda Tchebwa, Tabu Ley était tout entier habité par les muses d’Apollon. Indiscutablement, comme nous autres, Tabu Ley appartenait à cette catégorie de citoyens des deux Congo qui ne voient nulle frontière dans ce majestueux fleuve que nos deux pays ont en partage », a-t-il déclaré. Le ministre de la Culture et des Arts a rappelé également à l’auditoire qu’à Brazzaville, belle métropole qu’il a immortalisée dans son immense répertoire, Tabu Ley n’était pas un étranger ; il était véritablement chez lui. Et pour preuve, plusieurs de ses chansons témoignent de son affection infinie pour Brazzaville et de son attachement à ses habitants. Tel est le cas de chansons comme Djibébéké, Baboka Micheline, Karibu ya Bintu, Mélanie ou encore ce chef d’œuvre, Hortense, qu’il chanta avec Ndombé Opetum. À titre de reconnaissance, le ministre congolais de la Culture et des Arts, président du Fespam, a rappelé que ce festival avait su tirer profit, dès ses débuts, des élégantes prestations et des sages conseils de Tabu Ley pour se donner cette envergure internationale qu’on lui reconnaît aujourd’hui. « Tabu Ley s’est éteint, certes, mais sa voix suave et limpide, ses textes pleins de romantisme et de sagesse, ses mélodies et ses harmonies à jamais gravées sur le vinyle ou numérisées pour l’éternité, retentiront toujours, ici sur nos deux rives, comme la plus belle symphonie de tous les temps. » Notons qu’une forte délégation congolaise constituée entre autres du ministre de la Culture et des Arts, du député maire de la ville de Brazzaville, du général Norbert Dabira, d’artistes musiciens et de chroniqueurs culturels, a traversé la rive pour prendre part à la cérémonie des obsèques de Pascal Tabu Ley. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : Le ministre de la Culture et des Arts signant le livre d'or en hommage à Tabu Ley. (© DR) ;
Photo 2 : Le maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé, et le général Norbert Dabira. (© DR) ;
Photo 3 : Les artistes-musiciens d'Extra Musica Zangul. (© DR) |