Musique : l’hommage de l’artiste Badi aux femmes victimes de viol en RDC

La présentation du CD a eu lieu le 10 décembre au palais des beaux-arts de Bruxelles (Bozar), au cours d'une conférence presse animée par Maddy Tiembe, présidente de l’Afedé, le rappeur Badibanga Ndeka « Badi », auteur de la chanson, et la graphiste Stéphanie Docq-Cremer qui a conçu la pochette du CD. L’argent récolté dans la vente du CD sera entièrement destiné au projet « Tembeya ». Pour Maddy Tiembe, la réalisation de cet opus est le résultat d’une rencontre humaine, une longue aventure, qui a commencé en 2015, avec une rencontre musicale avec Badi, "une rencontre faite d’émotions", a-t-elle souligné. « On s’est rencontrés au moment où je revenais du Nord-Kivu à Goma. Il a vu des images d’enfants et de femmes dans des camps de déplacés. Et il a composé cette chanson. Ce projet, c’est la rencontre de ces enfants avec Badi et Stéphanie. Ces enfants que vous ne voyez pas parce qu’on veut respecter leur intimité et leur intégrité. Ces enfants sont sur cette pochette mais ils sont floutés », a fait savoir la présidente de l’Afedé, après avoir expliqué le contexte de création de l’association, ses objectifs ainsi que les activités qui y sont organisées. La chanson contenue dans le CD, a expliqué Maddy Tiembe, contient un message de paix et d’espérance selon lequel les femmes du Congo sont les plus belles pour aller danser.Pour sa part, Badibanga Ndeka, a expliqué qu’en tant qu’artiste, il avait envie de s’engager pour la population de son pays, particulièrement pour les femmes. « Au bout d’un moment, j’en avais un peu ras-le-bol de ce positionnement sur les réseaux sociaux, où tout le monde s’insurge et tout le monde crie. Il faut rester positif. On est en train de parler de quelque chose de grave, mais on peut passer de cette chose grave à du positif grâce à des moyens citoyens et en se mobilisant. Un Congo nouveau est possible, et il a besoin du soutien concret de la diaspora. Pas en like, pas en tweet ou en vidéo sur Youtube, mais en agissant. En tant qu’artiste, je le fais à mon niveau ».

Rester positif malgré le drame

Pour ce qui est du choix du titre de la chanson, il a fait savoir que la première chose qui l’avait touché en regardant les photos et les vidéos est que les femmes restaient fortes et belles. « Chaque jour, elles se réveillent avec ce sourire et cette envie de vivre et je me suis dit que c’est ça qu’il fallait mettre en avant plutôt que de tomber dans une sorte de misérabilisme. Le message que je voulais envoyer est qu’il faut toujours rester positif. On ne nie pas le drame, mais, malgré ce drame, il y a des personnes qui continuent à survivre et à vivre même ».Le clip de cette chanson, dont l’artiste dit avoir écrit le texte en moins d’une heure, a été réalisé de manière à mettre en avant les paroles. « Ce que l’on voulait, c’est que les gens retiennent le message de manière assez animée pour casser ce côté misérable et donner quelque chose de coloré et de fort avec de l’espoir », explique Badi. Ce dernier est en pleine préparation de son nouvel album intitulé « Article 15 », qui contiendra également le titre « La plus belle pour aller danser », à côté d’autres titres abordant des thèmes plus globaux.

Créée en 2004, l’Afedé se donne pour mission de venir en aide aux femmes vivant en RDC et ailleurs, victimes des violences sexuelles. Pour ce faire, l'association dit lutter pour qu’elles recouvrent leur dignité et leur intégrité et se propose de développer des moyens pour leur redonner le goût de lutter au-delà de la survie. "Elles pourront ainsi devenir des actrices de changement et de développement dans leur communauté, leur région ou leur nation", fait savoir l'Afedé.