Interview. Sébastien Maitre : « C’est mon regard sur Kinshasa, mon admiration devant les Congolais »

Lundi 21 Novembre 2016 - 17:59

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Debout Kinshasa ! , le récent film qui met sous les feux des projecteurs la capitale de la RDC va ouvrir la 4e fête du livre de Kinshasa, le 23 novembre. Lors de l’avant-première de ce nouveau court métrage réalisé à l’Espace Bilembo le 7 octobre dernier en présence de son réalisateur, il avait reçu un accueil favorable du public. Dans cet entretien exclusif avec Les Dépêches de Brazzaville, Sébastien Maitre en dit un peu plus long sur son film dont le tournage s’est fait en dix jours, en novembre 2015, et dont la version BD que l’on doit au crayonné de Thembo Kash commencée début février s’est achevée le 15 août. Elle a été présentée à Kinshasa en même temps que le film qu’il tient pour une « ode au courage des Congolais et des Kinois ».

Sébastien Maitre interviewé par Les Dépêches de BrazzavilleLes Dépêches de Brazzaville : Ces dernières années Kinshasa a été au centre de plusieurs réalisations. Selon vous, à quoi est dû cet intérêt subit pour la ville, juste un effet de mode  ?

Sébastien Maitre  : Ce qui a changé les choses, je pense, c’est le film de Djo Munga, Viva Riva !, qui a eu une très belle reconnaissance dans les festivals à travers le monde. Je crois que cela a permis justement de faire comprendre au monde entier qu’il était possible de faire des choses à Kinshasa, qu’il y avait du talent et que le pays avait une richesse et une valeur. Ensuite, il y a Marc-Henri Wajnberg qui est venu tourner Kinshasa Kids, ça a été pareil. Il parlait en fait de l’optimisme et justement de tous ces Congolais qui ont des projets et font tout pour les mener à bien. Puis, il y a eu le film Rebelle qui était un peu au-dessus du lot dans le sens où il a gagné des prix à des grands festivals et est allé jusqu’aux Oscars. Je pense qu’en fait, ce n’est pas une mode. C’est juste que l’on se rend compte qu’il y a des techniciens de valeur mais également des comédiens de valeur et des réalisateurs qui sont en train d’émerger et que tout cet univers est en train de se structurer. Voilà, je pense que c’est pour ça.

L.D.B. : Où pourrait-on situer Debout Kinshasa ! entre tous ces films que vous avez mentionné  ?

S.M.  : Disons que Debout Kinshasa ! est juste un court métrage. On ne peut pas comparer un film de 90 minutes avec mon petit film de 20 minutes. Moi, je me situe plutôt dans un univers multimédia. Donc, c’est un ensemble d’objets qui développent le même sujet mais sous des formes différentes. Si on additionne tout,  ça pourrait ressembler à un long métrage parce que quelque part, on a tous les personnages, la structure dramatique pour en faire un scénario de long métrage.

L.D.B. : D’où est partie l’histoire de Debout Kinshasa !, existe-t-il une anecdote autour de sa réalisation  ?

S.M.  : Au fait, le titre du film est venue de l’époque où je travaillais sur Viva Riva !. J’habitais à côté d’une église et le premier mot que j’entendais le matin c’était, Debout Kinshasa !, Debout Congolais !, en fait c’est pour ça que le titre m’est venu presque automatiquement. Et après, l’idée de ce film m’a été inspirée parce que j’ai fait pas mal de repérages dans la ville et c’est des situations que j’ai vécues. Le petit gamin qui vendait des traits de dentifrice le matin, voir tous ces petits métiers exister, c’est juste des choses que j’ai observées. Et chaque fois que je quittais Kinshasa, je repartais avec cette frustration d’avoir beaucoup de souvenirs dans la tête. J’avais ce regret de ne les avoir pas immortalisés parce qu’on n’avait pas d’appareil photo, parce qu’à un moment donné c’était compliqué pour plusieurs raisons. En fait, c’est un tout de ces six dernières années que j’ai concentré dans ce film.Sébastien Maitre présentant les acteurs à la fin de l’avant-première

L.D.B. : En résumé, c’est une somme de souvenirs qui révèlent votre regard sur la capitale de la RDC…

S.M.  : C’est mon regard sur Kinshasa, mon admiration devant les Congolais qui se battent constamment et ont toujours une joie de vivre que je trouve absolument extraordinaire parce qu’on perd de vue plein de choses maintenant et je pense que les vraies choses se trouvent ici, tout simplement. Ce film doit résonner comme une vision optimiste, une ode justement au courage des Congolais et des Kinois.

L.D.B. : Comment expliquez-vous le passage du film à la BD et pourquoi ce choix  ?

S.M.  :. Le passage, il a été, je dirais presque simple, j’avais à la base écrit le scénario d’un moyen métrage, il faisait 45 minutes. Et on m’a demandé de le faire un petit peu plus court. Qu’il serait plus facile à financer et surtout ensuite à diffuser parce que pour les formats trop longs, il n’y a pas toujours forcément des cases disponibles que ce soit dans les festivals ou dans les chaînes. Du coup, j’avais la frustration de devoir retirer certains personnages qui me tenaient à cœur comme Maman Véro, le Père Blaise, etc., il y a plein de personnages qui sont un peu croustillants et les enlever me faisait mal au ventre.

L.D.B. : Des personnages que l’on ne connaîtra donc jamais…  ?

S.M.  : Si, ils sont dans la bande dessinée. Du coup, je les ai fait exister dans le livre et ils existeront dans le long métrage qui est en fin d’écriture en tout cas. Si on trouve l’argent pour le faire, on les verra prendre vie sur la pellicule.

L.D.B. : Une fois que vous avez fini le film, quel a été votre sentiment  ?

S.M.  : Disons que pour l’instant, je n’ai pas suffisamment de recul parce que l’on vient de tout terminer. Mais c’est vrai, c’est la première fois que je le présente à un vrai public et,, du coup, l’accueil est intéressant. C’est justement enthousiasmant de voir comment les gens réagissent. Quelque part, c’est ce soir qu’on lâche le bébé parce qu’il ne m’appartient plus. Maintenant, c’est le public qui le juge et je pense que demain matin, ça fera bizarre effectivement parce qu’il faudra qu’il vive sa vie et qu’il soit vu.

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Sébastien Maitre interviewé par Les Dépêches de Brazzaville Photo 2 : Sébastien Maitre présentant les acteurs à la fin de l’avant-première

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