Interview. Sam Mangwana : "Le créateur n’est pas monotone quand il crée une œuvre, il est unique"Vendredi 18 Novembre 2016 - 20:33 Malgré les 10 ans passés sans album sur le marché, Sam Mangwana, presque 72 ans, l’icône de la Rumba congolaise, n’a rien perdu de son talent que le public ponténégrin a retrouvé lors de son concert organisé, le 19 novembre, dans le cadre du festival Soul power qui se déroule depuis le 16 novembre à Pointe-Noire et il a relancé sa carrière musicale. Dans un entretien accordé aux Dépêches de Brazzaville le 17 novembre, l’artiste n’a pas caché son émotion et sa joie de renouer avec le public de cette ville dont il n’ignore pas les goûts. Les Dépêches de Brazzaville : Sam Mangwana, vous êtes à Pointe-Noire où vous vous produisez en concert après un long moment d’absence. Qu’avez-vous préparé pour elle ? Sam Mangwana : Je connais le public de Pointe-Noire. Parce que quand je résidais en Côte-D’ivoire, je suis passé ici en 1981 avec mon orchestre pour une tournée au Congo. J’ai connu ce public j’étais encore très jeune. C’était dans les années 60. J’ai passé une année et demie ici avec un groupe qu’on avait créé à Brazzaville qui s’appelait Los Machichas. Nous louons une villa à coté de Total bar du vieux Matsona, nous jouions dans les grands bars comme Jean Baba, Le Marine. Les goûts de Pointe-Noire ne me sont pas étrangers. Pointe-Noire et moi, on se rencontre encore, on aura beaucoup de choses à se dire et à découvrir ensemble. Je n’aime pas faire des surprises. J’aime plutôt explorer le public, converser avec lui et partager. Le nom de Mangwana en Afrique est présent sur beaucoup d’œuvre de Franco, de Simaro, de Kabasélé, de Tabuley qui est mon maître, des Bantous. Le public aura aussi droit à un peu de chacun d’eux. LDB : Cela fait dix ans déjà que vous n’avez plus mis un nouveau produit sur le marché. pourquoi ? Et pourquoi relancez-vous votre carrière à partir de Pointe-Noire ? C’est volontairement que je n’ai pas produit d’album depuis 10 ans. Mais j’ai travaillé avec pas mal d’artistes et apporté ma touche dans des albums pendant ce temps. Et ce sont les circonstances qui font que je relance ma carrière à partir de Pointe-Noire. Il faut dire que l'ambiance de Pointe-Noire, Brazzaville et Kinshasa me manque beaucoup. J'ai répondu très rapidement à l'invitation de Soul power. J'ai eu la soif d'apporter ma contribution à la réussite de cet évènement. Et je travaille sur mon nouvel album qui sort en décembre. LDB : Vous avez fait un pot-pourri récemment avec Lutumba Simaro avec des reprises de vieilles chansons, on a l’impression que le temps n’a pas eu raison sur vous Sam Mangwana : je suis né en 1945 et cela ne me gène pas de donner mon âge, j'ai presque 72 ans. Les gens croient que l’artiste quand il vieillit, il perd sa voix. Au contraire, elle se bonifie et l’artiste a plus d’expérience et de facilité de contrôler ses nerfs et sa voix. D’ailleurs, je travaille sur mon nouvel album qui sort en décembre et je n’en dis pas plus vous verrez le résultat. LDB : Vous avez travaillé avec des grands noms de la rumba congolaise comme Luambo Makiadi, Tabuley, Kalé, Papa Wemba et autres. Qu’avez-vous gardé d’eux ? Sam Mangwana : Le créateur n’est pas monotone quand il crée une œuvre, il est unique. Quand on me dit qu’il y a quelqu’un qui chante comme Tabuley, Kabasélé ou joue comme Dr Nico. Je me dis que c’est faux. On peut imiter, faire semblant mais l’œuvre du créateur est toujours unique. On aura plus de Luambo Makiadi, de Rochereau Tabuley ou Kalé. Ce sont des phénomènes parce que ce sont des gens qui, avant 25 ans , avaient déjà tout fait. Ce sont des choses qui n’existent plus aujourd’hui. La génération actuelle ne sait pas raconter les histoires parce que les anciens pouvaient raconter une histoire en 4 phrases. C’étaient des génies. J’ai côtoyé des génies de la musique africaine et j’en ai tiré une certaine expérience. C’est une chance pour moi d’avoir vécu tout cela. C’est pourquoi, malgré les difficultés actuelles, on fait tout pour continuer sur la même ligne. Lucie Prisca Condhet N’Zinga Légendes et crédits photo :L'artiste angolais Sam Magwana et Sylvie Bayonne, l'organisatrice du festival Soul Power Kongo à Pointe-Noire Notification:Non |