Sindika Dokolo durcit le ton pour la restitution d’œuvres volées

Vendredi 4 Mars 2016 - 20:42

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Le plus grand collectionneur d’art africain vient de remporter un bras de fer contre un galeriste parisien détenteur d’un masque Mwana Pwo de la fin du XIXe siècle, une pièce qui fait partie d’une série d’œuvres disparues du musée de Dundo en Angola pendant la guerre civile entre 1975 et 2002. L’objet rejoindra son emplacement initial, tout comme deux autres masques et une statue tchokwe. Ce résultat obtenu par Sindika Dokolo est l’œuvre de son action engagée pour l’art du Continent, qu’il soit contemporain ou qu’il appartienne aux richesses de jadis.

L’année dernière au moment de la Biennale de Venise, le collectionneur et homme d’affaires congolais, gendre du président angolais Dos Santos, laissait savoir en durcissant peu à peu le ton que le patrimoine africain dérobé pendant les guerres et la colonisation reviendra sur ses terres. Dokolo passe dorénavant à l’action et lance un ultimatum aux marchands parisiens détenteurs d’objets volés au musée de Dundo : une restitution des biens contre une indemnisation sur le montant qu’ils ont payé. Le cas échéant, Dokolo engagera des poursuites judiciaires.

« On s’est trouvé face à des collectionneurs qui avaient acheté les objets il y a longtemps et de bonne foi, raconte-t-il au Monde Afrique. Il y avait une grosse différence entre le prix qu’ils avaient payé et celui du marché. Ce sont des amoureux de l’Afrique et ils n’ont pas résisté devant l’argument que leur position était indéfendable. Ils ont compris que l’Angola avait besoin de récupérer ces objets, prendre la mesure de sa trajectoire historique, se défaire du regard colonial méprisant sur ces objets.». 

Ainsi, Sindika Dokolo a de nouveau obtenu gain de cause avec le galeriste parisien qui détenait le masque Mwana Pwo, en lui proposant une indemnisation 80 000 euros. L’homme, qui lui demandait initialement 600 000 euros, confie au Monde Afrique : « Cet objet circule depuis une vingtaine d’années. Il a été entre les mains de marchands et collectionneurs réputés. Je l’ai moi -même acheté voilà trois-quatre ans à un marchand européen et je comptais le présenter dans une foire, ce qui atteste de ma bonne foi. Ça fait cinquante ans que je fais ce métier et c’est la première fois que je suis confronté à une telle situation. Cet objet n’était pas signalé comme volé par le Art Loss Register ».

Morgane de Capele

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