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Samedi 30 Janvier 2016 - 18:00
Autour de deux livres qu’il a publiés, en 2013, chez l’Harmattan, Grégoire Léfouoba a provoqué, le 29 janvier, dans un hôtel de Brazzaville, avec le monde universitaire et la presse, un débat fort animé sur le devenir du Congo. Il présentait officiellement pour la première fois, dans la capitale, Le Curriculum vitae du Congo (rive droite) et Enjeux et dynamisme des rivalités sociales au Congo.
Pour le décor, la tribune d’honneur est occupée par l’auteur et deux autres universitaires, Charles Zacharie Bowao et Théophile Obenga. Comme invités, disons ce que l’on a sous le bras comme intellectuels, la plupart évoluant à l’Université Marien-Ngouabi en qualité d’enseignants, mais globalement des hommes et des femmes attachés aux œuvres de l’esprit, certains ayant pour la situation politique de leur pays des opinions variées. Lefouoba avait choisi Mfumu pour assurer la modération de la rencontre. Des deux ouvrages, Le Curriculum vitae du Congo a le plus mobilisé l’attention de l’assistance. Parce qu’à la différence du second, celui-ci a des choses à voir, profondément, avec le passé et le futur politique, économique, social et culturel du Congo. Après avoir décliné l’acte de naissance de la République du Congo, Grégoire Lefouoba a entrepris, dans son livre, de s’interroger sur le destin de ses compatriotes qui ont excellé dans leur domaine de compétence ou mérité le tableau d’honneur après de bonnes études : médecins, footballeurs, musiciens, etc., il leur a consacré des lignes élogieuses. La politique étant toujours toute proche pour cet ancien ministre, ancien président de parti et aujourd’hui membre du comité central du Parti congolais du travail, Grégoire Lefouoba agrémente son imagination en faisant se parler les plus hautes autorités du Congo en vie ou ayant quitté ce monde des hommes : échange de correspondances entre Fulbert Youlou et Massamba-Debat, entre Joachim Yhomby Opango et Marien Ngoaubi, entre Pascal Lissouba et son ex-Premier ministre Alfred Maurice Stéphane Bongo Nouarra, entre Marien Ngouabi et Denis Sassou N’Guesso. Il faut le faire ! Le débat qui a suivi entre les exposés de Charles Zacharie Bowao et Théophile Obenga (tous deux philosophes au même titre que Lefouoba) a, comme on pouvait s’y attendre oscillé entre la philosophie, la gouvernance politique et sociale. Eux comme ceux qui prenaient la parole à tour de rôle ont constaté que les intellectuels congolais manquent d’engagement, qu’ils se font écraser par leurs envies politiques, qu’ils ont laissé filer le courage de leurs idées, que du fait de cette frilosité, la société congolaise perd des valeurs sur lesquelles elle devait se raffermir, les « valeurs cardinales », d’après Théophile Obenga. Deux heures durant, on a eu le sentiment qu’il manque des occasions d’échanges de ce type entre intellectuels sur les grandes questions d’intérêt national. Et la Nation congolaise qui est à construire en profiterait énormément, non pas pour que les Congolais se regardent suivant leur lieu de provenance, leur village de naissance, mais comme des enfants d’un même pays, capables de surmonter par le débat contradictoire les problèmes qu’ils peuvent rencontrer, capables de réfléchir aux défis de la santé, de l’école, du vivre ensemble. A quand une prochaine rencontre du genre, et pour quel débat ?, se demandait-on au terme de celui décrit dans ces quelques lignes.
Légendes et crédits photo : Grégoire Lefouoba au centre
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