Interview. Odewa : « Mes œuvres mettent en exergue les émotions de la femme »Mardi 3 Novembre 2015 - 12:00 Odewa est une artiste belge d’origine congolaise qui évolue à Bruxelles. Ses œuvres, un mélange de peinture et de photographie, donnent une dimension particulière à son travail artistique.
Les Dépêches de Brazzaville : Pourriez-vous nous parler de votre parcours? Odewa : j’ai commencé par la peinture, il y a plus ou moins huit ans. Je me suis directement intéressée au côté abstrait qui me parle beaucoup plus que les visages et les corps. Pendant 6 ans, je n’ai pratiqué que la peinture. Ensuite, je me suis intéressée à la photo. Dès lors, j’ai commencé à mixer ces deux formes d’expression artistique afin que mes deux passions soient complémentaires. J’ai participé à un parcours d’artistes, à des expositions collectives et individuelles à Bruxelles, au Japon et au Congo. Les thèmes de mes œuvres sont en général liés à la femme, aux émotions et aux ressentis de la vie LDB : vous venez de clôturer l’exposition « Hortensiasme », pourriez-vous nous en expliquer le concept ? O : j’ai commencé à travailler sur cette série depuis 12 mois. Je me suis rendu compte que les hortensias étaient des fleurs plus nobles que les orchidées ou les roses pour lesquelles j’avais développé une grande passion auparavant. La particularité de l’hortensia est qu’elle reste belle, qu’elle soit fraîche, séchée ou morte. En outre, elle varie, change de couleur ou de texture. J’aime les caractéristiques de cette fleur qui représente la femme, à sa manière. La femme n’est jamais toute linéaire et toute simple. Elle a des variations et peut passer de la douceur à la force. De la même manière, les couleurs des hortensias changent selon les saisons. J’ai donc mixé l’hortensia avec des corps de femmes, qui demeurent mon thème de prédilection. J’ai trouvé que c’était un mélange intéressant et profond. J’ai exposé une quinzaine d’œuvres mais mes séries sont toujours illimitées. LDB : comment pourriez-vous décrire le style d’Odewa ? O : Ce sont des photos peintures tout simplement. Un mixage de peinture et de photographie fait sur du papier de riz que j’utilise depuis 5 ans. C’est une matière beaucoup plus facile à manier que la toile. À la fois humide et sèche, elle est très agréable à manipuler. LDB : Pourquoi avoir choisi la femme comme sujet principal de vos œuvres ? O : je suis une femme et je pense être en mesure de comprendre la psychologie des femmes. Quand je prends une femme en photo, j’essaie de mettre en exergue et à mieux interpréter les différentes émotions qu’elle exprime à travers son regard, sa façon de s’asseoir ou de croiser ses mains. LDB : Combien d’exposition avez-vous fait en RDC et sur quels thèmes ? O : Ma première exposition au Congo a été chargée d’émotions. Elle était intitulée « All about dream » (Tout sur le rêve). C’était une exposition de peintures puisqu’à l’époque, c’était la seule forme d’expression artistique que je pratiquais. Elle était caractérisée par l’utilisation de beaucoup de couleurs chaudes , de formes et de symboles. Le thème tournait autour du retour aux sources et des émotions enfouies. La deuxième exposition intitulée: « Femme é Senss », s’est déroulée l’année dernière. C’était un mélange entre ma première exposition de photos-peintures « Introspection » et la deuxième « Hemda ». L’exposition voulait, encore une fois, refléter les différentes émotions ressenties par les femmes. LDB : pensez-vous que vos œuvres sont appréciées au Congo de la même manière qu'en Belgique ? O : je suis agréablement surprise, même si on me dit souvent que mes œuvres sont peut-être un peu trop osées pour l’Afrique. C’est vrai que je ressens parfois certaines réticences, mais il y a une grande évolution dans la perception de mes œuvres par le public. Je remarque une différence dans le regard. LDB : Quels sont vos modèles ? O : Au Congo, j’apprécie énormément le travail de maître Liyolo. Ses sculptures sont magnifiques. Au niveau de la peinture, les œuvres de Frida Kahlo me touchent particulièrement. J’apprécie également le travail de Rothko, Picasso et d’autres encore. LDB : après Hortensiasme, quelle sera votre prochaine exposition ? O : Hortensiasme ne va pas rester une exposition unique et isolée. C’est plutôt devenu un fil conducteur pour toutes mes prochaines expositions car elle englobe tout ce que je veux exprimer dans mon art. LDB : prévoyez-vous de futures expositions en Afrique O : oui! J’aimerais beaucoup exposer à nouveau en RDC car c’est mon pays d’origine. D’autres pays m’intéressent également comme la Tanzanie, l’Afrique du sud. En dehors de l’Afrique, j’aimerais à nouveau présenter mes œuvres en Asie, un continent auquel je voue un attachement particulier.
Patrick Ndungidi Légendes et crédits photo :L'artiste Odewa Notification:Oui |