Hugues Serge Limbvani : « Nous organisons le festival Maloba pour combler le vide culturel et satisfaire le désir de la jeunesse congolaise »

Mercredi 23 Septembre 2015 - 17:45

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Comédien, metteur en scène et directeur artistique de la Compagnie Bosangany en France, Hugues Serge Limbvani pratique le théâtre depuis l’âge de 14 ans. Ancien sociétaire de la troupe artistique Ngunga, ce spécialiste de Shakespeare qui tourne depuis 2004 avec Hamlet dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et du nord, d’Europe, d’Afrique et dans les Caraïbes, explique aux Dépêches de Brazzaville son projet « Maloba » , un festival international de théâtre, danse et cirque du Congo, qui aura lieu du 13 au 17 octobre 2015.

Les Dépêches de Brazzaville( L.D.B) : Pourquoi organisez-vous le festival Maloba ?

Hugues Serge Limbvani ( H.S.L) : Le festival « Maloba » est organisé pour combler un vide culturel et satisfaire le désir de la jeunesse congolaise, qui souhaite autre chose que les bars. Parce qu’au Congo depuis plusieurs années il n’y a plus d’activités culturelles comme il en existait dans les années 80. Enfin, pour mettre en œuvre une volonté clairement exprimée dans le « Chemin d’avenir », programme de gouvernance du président de la République Denis Sassou N'Guesso, dans lequel il précise qu’« il faut repenser la politique de l’emploi à la lumière des évolutions économiques mondiales en cours et donc il faut encourager l’esprit d’entreprise au sein de la population, susciter et appuyer, par des financements et un encadrement approprié, toutes les initiatives individuelles et associatives créatrices de richesses et d’emplois.» Puis dans son volet 7-G, il ajoute : « Il faut démocratiser la culture. En matière de promotion de la culture, des arts et de la valorisation du patrimoine immatériel de notre peuple, le gouvernement continuera d'enrichir, de protéger et d'illustrer le patrimoine de la nation, mettre en place des maisons de la culture et des salles de spectacles à travers l’ensemble du pays… ». Or pour que tout cela se fasse, il faut créer un cadre approprié pour que différentes formes d’expressions artistiques s’expriment.  C’est dans cet esprit que nous avons créé le festival international « Maloba », la parole. Entendu que la parole, c’est celle qui émane de la bouche (le théâtre), du corps (la danse) ou du jonglage, du jeu (cirque), le tout symbolisant notre désir de raconter.

D.B : Quel est le thème principal de ce festival et quelle en est la particularité ?

H.S.L : Le thème principal de ce festival est « l’Amérique du sud ». Il s’agira de voir l’apport de la culture africaine dans les pays d’Amérique du sud qui sont peu connus des Congolais. Des artistes de très haut niveau viendront ici.

Certes, il existe déjà au Congo des festivals de théâtre ou de danse, mais la particularité du festival « Maloba » c’est le fait qu’il y a le cirque. C’est pour la première fois au Congo qu’il y ait un tel événement qui se déroule dans toute la ville, dans les quartiers périphériques. Autre particularité, c’est qu’il y aura des matinées scolaires afin de permettre aux élèves de venir au théâtre, à la danse et au cirque. Nous associerons à cet effet, le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, de l’alphabétisation, de la jeunesse et de l’éducation civique pour autoriser les sorties d’écoles des élèves accompagnés de leurs enseignants. Il s’agira aussi de se servir de la culture comme moyen d’unité nationale. Ce festival sera l’occasion de rendre un hommage à Sony Labou Tans’i et Sylvain Bemba, deux grands écrivains Congolais disparus voici 20 ans déjà. Enfin, nous utiliserons les gymnases construits pour les onzièmes Jeux africains.

L.D.B : Quels sont les grands axes artistiques de ce festival ?

H.S.L : Au plan théâtral il y aura une adaptation de Hamlet, de Shakespeare, que j’ai créée, plus « La valse interrompue » de Sylvain Bemba, y compris la pièce « Photo de groupe », une adaptation du roman d’Emmanuel Dongala. Il y aura aussi des pièces présentées par des artistes des pays invités tels que : la Colombie, l’Equateur, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Maroc, la Tunisie et la France. Pour la danse, nous aurons des spectacles venus de Corée du Sud, du Canada, de la Colombie, de la RDC, du Congo-Brazzaville, du Burkina Faso, de la France, du Brésil, du Chili, d’Argentine, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Paraguay et du Maroc. Pour le cirque, nous aurons les groupes d’Argentine, de Guinée Conakry,  de Colombie, du Brésil, d’Estonie, du Mexique, de la RDC, de la France, de la Belgique et du Maroc. Il y aura aussi des numéros individuels des circassiens de plusieurs pays. Pour le théâtre de rue, il y aura un groupe venu de France. Ce groupe prestera dans les quartiers populaires, devant l’esplanade de la télévision, au mémorial Pierre Savorgnan de Brazza. L’objectif final de ce festival est de développer la créativité, source d’emploi, afin de diminuer  l’oisiveté et la délinquance.

L.D.B : Où en êtes-vous actuellement ?

H.S.L : Nous sommes très avancés dans les préparatifs. Il y a des ministres des pays invités qui nous ont donné leur accord de principe pour leur participation. Nous avons déjà fait des grands pas, et sollicitons l’apport de l’État congolais comme l’ont fait certains États qui ont financé les voyages de leurs artistes. C’est pourquoi nous insistons beaucoup que l’État congolais s’y engage aussi.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : Hugues Serge Limbvani

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