Formation : de jeunes musiciens kinois sur la voie de la professionnalisationSamedi 5 Septembre 2015 - 14:45 Vingt artistes sont réunis, du 3 au 5 septembre, à l’Institut français (IF) dans le cadre d’un atelier organisé par le bureau de liaison du Goethe-Institut en RDC et la Fondation Music in Africa à Kinshasa dans la perspective de les emmener à connaître une carrière musicale professionnelle réussie. Trois exposés ont meublé la matinée d’ouverture des travaux qu’abrite la salle polyvalente de la Halle de la Gombe sur la dizaine programméé. L’introduction générale du chef de section musique de l’Institut national des arts (INA) extrait du thème central « Étapes vers une carrière musicale professionnelle réussie » s’est attelé à répondre à la question cruciale de savoir « Qu’est-ce que veut dire être musicien ? ». Jean-Romain Malwengo a jugé inconvenante, ou tout au moins simpliste la définition proposée par les dictionnaires. Il n’approuve pas qu’elles affirment à ce propos, soutient-il, qu’« est musicien tout celui qui joue ou exécute de la musique soit au moyen d’un instrument de musique soit au moyen de la voix ». Car, à cet effet, argue-t-il, « tous les jeunes gens qui pullulent dans nos quartiers en train de chanter et de jouer dans les coins de rue sont à considérer comme des musiciens à part entière au même titre que ceux qui vivent de la pratique musicale ». Par ailleurs, le chef de section musique de l’INA a établi un distinguo entre deux catégories de musiciens. « Fondamentalement, il y a le musicien interprète, lequel a été formé pour interpréter, exécuter mais il y a aussi les compositeurs, les arrangeurs qui composent mais qui ne sont pas forcément interprètes », souligne-t-il. Et d’ajouter qu’à côté des musiciens formés dans des académies de musique et autres écoles de formation, il y a ceux qui se sont formés sur le tas. Dès lors, sur le marché, il existe des musiciens autodidactes et des amateurs. S’il n’y a à proprement parler pas de recette toute faite qui permette de devenir musicien professionnel, néanmoins il y a des exigences à respecter. Il est une certitude qu’il ne faut pas faire l’impasse sur le travail quotidien. « Du fait d’avoir choisi la musique comme profession, son métier, son gagne pain, le musicien est tenu de travailler chaque jour de façon continue de sorte qu’il acquiert la maîtrise de son instrument de musique ou sa voix. En sus, il se doit d’être discipliné », soutient Jean-Romain Malwengo. Et de renchérir : « Souvent les professeurs de l’INA exigent au chanteur de ne pas boire d’alcool ni manger des arachides, etc. ». Mouiller la chemise et sortir le portefeuille Second intervenant, le chanteur hip-hop Lexxus Legal est parti de son expérience personnelle pour expliquer ce qu’implique « Étre musicien en RDC en 2015 ». Fort de l’expertise acquise le long de sa carrière, il est d’avis qu’à s’engager à faire de la musique sa profession, il faut « avoir des ambitions bien affichées et chercher à se donner les moyens d’y parvenir ». Et de « lier l’échec d’une jeune carrière au manque », le directeur du Festival aiRD’iCi épingle une réelle carence de manager, producteur et distributeur. D’où l’évocation de la « tridimensionnalité » comme aptitude à développer quitte au musicien à s’improviser manager, tout en étant à la fois producteur, éditeur, distributeur et bookeur. Par ailleurs, Lexxus tient Internet pour un outil indispensable dont il recommande la maîtrise pour une promotion personnelle. De recommander aussi de « développer un rapport privilégié avec la presse ainsi que sa visibilité dans son environnement immédiat, à savoir son quartier, sa commune », il encourage les musiciens à mouiller la chemise et à sortir le portefeuille. Dernier à exposer, le président du Music club de Kinshasa Michel Ngongo a, quant à lui, planché sur la « Commercialisation de la musique en RDC ». Pour sa part, l’enseignant de l’INA soutient qu’en RDC, il existe une interaction entre l’artiste ou son groupe et l’album, tous deux identifiés comme les deux produits musicaux présentés sur le marché. Convaincu que les habitudes de la population ont une incidence sur la consommation du produit, il souligne que « le public écoute plus qu’il n’achète ». Attitude favorisée, argue-t-il, par les brasseurs passés maîtres dans l’organisation de concerts populaires en plein air. Par ailleurs, quoique contraint à la baisse du coût des albums eu égard au piratage, le circuit de distribution ne se porte pas mieux. Le pourcentage de vente des albums en régression au fil des ans depuis l’an 2 000 en est la preuve. En dernier ressort, Michel Ngongo recommande aux jeunes musiciens de se préparer pour le marché musical en prenant soin de « bien catégoriser et cibler son public ». Il précise que pour espérer « gagner plus d’argent comme musicien, il faut savoir investir de manière notable notamment dans l’artistique, la technique et les circuits de distribution dont la vente en ligne ». L’atelier animé par plusieurs experts, soutient la directrice du bureau de liaison de Goethe-Institut à Kinshasa, Gitte Zschoch, a pour objectif de porter les participants à se professionnaliser. Choisis parmi 70 candidats, les musiciens en formation sont pour la plupart déjà actifs sur la scène d’une manière ou d’une autre au travers de concerts ou supports audio ou vidéo. Pour Gitte, dotés d’énormes talents, il est nécessaire qu’ils passent à l’étape qui revient à gérer une carrière professionnelle. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Jean-Romain Malwengo en plein exposé
Photo 2 : Lexxus Legal partageant son expérience avec les jeunes musiciens
Photo 3 : Michel Ngongo parlant de la commercialisation de la musique en RDC
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