Art : Mansour Ciss Kankassy, un partisan du panafricanisme à BerlinVendredi 24 Juillet 2015 - 18:49 L’artiste sénégalais Mansour Ciss Kankassy est installé à Berlin depuis 1993. Ses projets artistiques portent un grand engagement politique. Il se considère en effet comme un partisan du panafricanisme. En 2001, Mansour Ciss Kankassy lance une importante création portant sur la monnaie unique pour l’Afrique : « l’afro », calqué sur le modèle de l’euro. Il invite plusieurs économistes à donner leur opinion professionnelle sur ce projet artistique. Amusé, il raconte que les spécialistes ont porté une critique constructive sur son projet artistique comme si c'était une vraie monnaie et lui, une banque centrale : « Ils m’ont conseillé de baisser le taux d’échange comme si j'étais un État ». Et quand la monnaie était exposée à la Biennale de Dakar en 2002, l'ancien ministre de la Culture du Sénégal, Amadou Tidiane Wone, a présenté le travail de l’artiste au gouverneur de la BCÉAO, l'Ivoirien Konan Banny, qui a ensuite déposé des notes de l'afro au musée de la monnaie de la BCÉAO. « Le Général de Gaulle savait très bien que l’on maîtrise les peuples au travers de leur monnaie. C’est ainsi qu’il a créé le Franc CFA, le franc des colonies francaises de l'Afrique, rattaché initialement au Franc français, maintenant l'euro ». Actuellement, l'Afrique francophone a deux monnaies ayant la même valeur. Le Franc de la communauté financière d'Afrique pour les pays membres de l'UEMOA et le Franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays membres de la CÉMAC. Cependant, pour échanger les CFA d'une zone à une autre, il faut passer par l'euro. Son second projet, « Laboratoire de déberlinisation » est également très engagé. Il est question des nombreux conflits interafricains qui ont pour source ces frontières artificielles tracées par la conférence de 1884-85 à Berlin. Masour Ciss expose actuellement "Devoir de mémoire - Die Pflicht, sich zu erinnern". « Ce sont les paroles d’Amadou Hampatou Ba qui m'ont inspiré. il disait qu’on devrait avoir des caméras et des magnétophones pour enregistrer et raconter notre histoire, car notre culture est surtout orale ! », dit-il avant de conclure : « il disait aussi : "si vous ne le faites pas, les autres le feront à votre place. Lorsque la chèvre est présente, il faut pas bêler à sa place." Depuis lors, je fais des portraits de la diaspora sénégalaise à Berlin et en Europe ». À travers son exposition «Devoir de mémoire», Mansour Ciss Kanakassy rend hommage à trois grands musiciens artistes musiciens. Abdourahmane Diop Gilbert, Samba "chaussette" et Makhtar Ndiaye ont vécu plus de 20 ans à Berlin et sont morts au cours des dernières années. Mansour Ciss Kanakassy a toujours accompagné ses collègues artistes photographiquement et donne dans «Devoir de mémoire» un aperçu unique de ses archives. L'exposition invite à immerger dans la vie sénégalaise et la production artistique à Berlin comme une ligne de démarcation entre l'art et la vie quotidienne. Sasha Gankin Légendes et crédits photo :Mansour Ciss Kankassy Notification:Non |