Hommage aux écrivains congolaisDimanche 7 Décembre 2014 - 13:15 Hommage à Léopold Congo Mbemba (1959-2013) Tu n’es plus que cendre « Je ne suis plus que cendre, Poussière que sans effort Emporte le vent » Ces vers du Tombeau Transparent Sonnent tout à coup Comme une parole prémonitoire Mais qui résistera à l’appel péremptoire De la mort ? Congo Mbemba Ton corps disparaît dans le néant Mais ta parole demeure Suspendue au bout de tes vers Comme un lumignon dont la clarté rassure au cœur des ténèbres Loin de nous les ténèbres de l’oubli ! Nous serons des chirurgiens Pour guérir la cécité De ceux qui ne veulent pas voir Nous serons des tisserands Pour coudre ton nom Sur la toile du souvenir Nous serons des magiciens Pour transformer l’or de ta poésie En nectar revigorant Nous serons des boulangers Pour cuire et recuire le pain de la mémoire Et le partager au pied Des Ténors-Mémoires Congo Mbemba Tu es Un Ténor Mémoire ! Par Liss Kihindou Pour Léopold Congo Mbemba – Poète ferme et profond – cet hommage littéraire ! Comme un Grand Poète nous inspire ! De son lointain Canada, Marie-Léontine Tsibinda N’est pas restée indifférente A l’annonce de la disparition De Léopold Congo Mbemba Qui est venue visiter sa mémoire : Je me souviens, dit-elle. Je me souviens Je me souviens D’une de nos rencontres Était-ce lors de la fête de l’autre Illustre Léopold Léopold Sédar Senghor de Joal Je me souviens De ta présence amicale De ton regard derrière tes verres D’intello congolo-parisien souriant À la dynamique de la vie Le pas alerte le cœur heureux Et voilà qu’au pays invisible Tu as conduit ta plume Un jour de froid De canard ou de chien Loin de ton soleil royal Des rives de ton Congo natal Pour aller chanter au son de l’arc musical Le soleil des indépendances poétiques Loin des chemins chaotiques D’une vie inachevée Inassouvie dans la flagrance des Magies À peine posées sur les rayons livresques Aux couleurs du monde Congo-Mbemba Congo-Mbemba Aux pieds du soleil froid de Mpemba Léopold tu reposes désormais ton corps Tandis que ta plume enchantée Reste le vestige de ton étonnant Voyage sur la terre des vivants Adieu étonnant voyageur solitaire Solitaire poète des fleuves Adieu poète du Congo Adieu poète de la Seine Adieu poète du Danube Adieu mouette-météore Des mers poétiques À Dieu ton esprit retourne À la poussière ton corps Adieu solitaire poète des fleuves… Marie-Léontine Tsibinda Hommage à Léopold Pindy-Mamonsono (1952-2013) Adieu poète des âges À Léopold Pindy-Mamonsono Adieu poète sans âge Adieu poète des âges Est arrivé ton départ Qui déploie sans fard Le fil du souvenir vivace À Dieu le Vivant la grâce De recueillir ton esprit À l’autel de la divine Autopsie Le souvenir trébuche en sanglot Sur la fin d’une vie trop tôt Trop tôt inachevée, arrachée Quand arrive l’heure solitaire unique Qui dit la fin inattendue brusque D’un chapitre de la vie inachevée À la terre nous retournons poussière Nus comme à la naissance naguère Joie, lumière, horizon grand, immense De grands rêves. Maintenant souffrance Vide, douleur. L’Autopsieur s’en est allé Comme tant d’autres, lui le voyageur, l’étranger Adieu poète du Congo, adieu poète des âges… Marie-Léontine Tsibinda Héros dans l’ombre L’outre de la vie a outré Sur le mât de l’empire Du politiquement incorrect Que représentait cet aède Héros dans l’ombre L’iconoclaste du conformisme Le dire de son dire Le savoir des sans-savoirs Le sens de l’insensé La pensée de l’impensé Le courage de la lâcheté Le héraut de l’ombre La culture à lui tout seul… Et seul il s’en est allé Comme seul il était venu Peupler l’esprit au Congo En laissant sa culture à tous Son nom à son nom… Pindy Mamansono La même année Des Noces de diamants Au Congo A rejoint le sol déjà semé Par la plume maître du silence Son alter ego Léopold… Aimé Eyengué Hugues ETA, Une Silhouette de Poule Après avoir fait l'expérience de la poésie et de l'imaginaire, Hugues ETA nous offre « Une silhouette de poule », son premier roman, un livre muni d'une écriture poétiquement réaliste, saga émouvante d'une famille africaine avec les bonheurs, les malheurs, les débuts et les fins tragiques de plusieurs générations. Phrases courtes et percutantes dévoilent avec poésie et humour, intelligence et sensibilité, les méandres d'une famille africaine, grâce à Tsagnelet, le jeune protagoniste du roman : « La famille africaine c'est une source qui devient rapidement une rivière, un fleuve puis un océan. C'est précisément le père et la mère au commencement. Puis le père et la mère du père. Ensuite le père et la mère de la mère, leurs frères et sœurs, cousins et cousines. Les oncles et les tantes des deux côtés occupent une place de choix sans omettre leurs épouses et époux, leurs enfants et les enfants de ces enfants-là. Ainsi, disséminés dans les grandes villes, les progénitures sont souvent exposées aux rapports incestueux. Voilà pourquoi certaines personnes portent leur ethnie au cou pour se prévenir des coups de foudre des membres de la famille. » Hugues ETA fait preuve dans ce roman d'un grand talent littéraire. Il dit tout ce qu'il faut dire sur les puissants et les faibles, sur la misère et la richesse de la société africaine, sur le déséquilibre des forces et des moyens. Un roman en quelque sorte « zolien », un écrit rigoureux, socialement moderne, dynamique, poétique et réaliste à la fois, qui nous rappelle la fraîcheur qualitative de « Batouala » de René Maran, écrivain français d'origine guyanaise, Prix Goncourt, 1921. Les trames narratives de « Une silhouette de poule » sont truffées de mille voix( es ) réelles et imaginaires, à travers lesquelles l’Afrique se mire magiquement dans ses coutumes, indépendances, limites et frontières. Rodica Draghincescu, écrivaine francophone, essayiste, poète et romancière. Hugues ETA est poète et romancier congolais basé à Pointe-Noire.
Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1: Léopold Congo Mbemba
Photo 2: Léopold Pindy Mamonsono |