Cinéma : « On a grèvé », un documentaire militant sur la rébellion des femmes de chambre

Oulimata, Mariam, Géraldine et Fatoumata sont femmes de chambre, immigrées et exploitées, dans un établissement parisien du deuxième groupe hôtelier d’Europe. Toutes les quatre et une quinzaine d’autres vont se soulever et « grèver » pendant un mois contre leur patron, leur salaire médiocre, leurs heures de travail indécentes, le mépris dont elles sont victimes. Banderoles et piquets de grève brandis, elles s’organisent et protestent à grand renfort de danses, tracts et slogans. Elles se confient à la caméra de Denis Gheerbrant évoquant les réalités de leur quotidien, l’injustice de leur sort grâce auquel s’enrichissent leurs supérieurs. On a grèvé est un documentaire militant qui met en lumière la mise en marche d’un mouvement et l’apprentissage d’une lutte, la rencontre entre forces et stratégies syndicales pour obtenir gain de cause : un statut de travailleuse.

Le réalisateur, récipiendaire de la Caméra d’or à Cannes en 1980 pour le film Histoire d’Adrien, explique l’essence de son film : « Les cinéastes ont toujours envie de filmer l’invisible, comme les peintres. Paul Klee l’a très bien formulé en son temps. Les personnes qui travaillent dans le nettoyage forment une main-d’œuvre invisible, souterraine, méprisée, que l’on ne croise que dans le métro. Pour moi, c’est là que tout commence, dans le métro quand vous vous dites : tiens, quelle existence ces gens ont-ils ? Ils viennent de quelque part, d’une culture, et nous les maintenons à leur place de soutiers de notre économie en détournant notre regard. »

On a grèvé, un film de Denis Gheerbrant, 73 minutes, sortie le 10 septembre.