Gervais Hugues Ondaye : « Le label Feux de Brazza va désormais produire des groupes »

Samedi 16 Août 2014 - 12:00

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Le directeur général du festival international et populaire des musiques traditionnelles « Feux de Brazza » fait le point de la cinquième édition qui s'est refermée le 8 août dernier à Brazzaville. Et en exclusivité pour les Dépêches de Brazzaville, il annonce la production de deux meilleurs groupes en appui avec des partenaires étrangers.  

Les Dépêches de Brazzaville : Le festival Feux de Brazza vient de baisser ses rideaux. Quel bilan faites-vous de ce rendez-vous culturel important de la ville de Brazzaville ?

Gervais Hugues Ondaye : Il y  a des gens qui disent que les Feux de Brazza sont devenus une institution et je réalise le poids que cela représente. Ce sont des mots certes mais qui ne sont pas sortis de la bouche de n’importe qui car il s'agit du secrétaire exécutif du Cerdotola et d’autres institutions qui se sont exprimés en ces termes. Je retiens donc que les Feux de Brazza s’institutionnalisent. Nous laissons les gens apprécier mais ce que nous retenons c’est le feedback qui ressort de l’évènement qui a été une réussite. Mais en tant qu’événementiel nous avons notre manière à nous, d’apprécier, en scrutant tous les compartiments pour être plus objectif. Le public était au rendez-vous, nombreux chaque soir, des personnes se sont accrochées jusqu’au dernier spectacle et cela on l’a vécu.

LDB : Le colloque scientifique a apporté à cette cinquième édition une dimension que le festival n’avait pas jusqu’ici. De quelle manière, votre festival a-t-il suscité l’intérêt des grandes instances du monde que sont le Cerdotola, le CAM, le CIM ou encore les opérateurs culturels africains présents à Brazzaville ?

GHO : Feux de Brazza, c’est un concept original sur lequel désormais les chercheurs du monde veulent sérieusement travailler. Je ne me tromperais pas en disant que c’est l’unique plate-forme qui met en exergue un tel patrimoine. L’exemple de Suzanne Fürniss en est un, professeur et directeur au CRNSS,  vingt-cinq ans de recherche en Afrique, c’est la première fois qu’elle vient pour participer à un colloque consacré uniquement aux instruments traditionnels africains. Feux de Brazza met en exergue les instruments et les créateurs. Dans les recommandations du colloque, on est allé plus loin, non seulement dans la conservation mais aussi dans la préservation des animaux qui donnent ce patrimoine et même du bois touchant le domaine environnemental. Nous avons actuellement une nouvelle mission, celle d’interpeller les États dans la conservation de nos richesses artistiques. Puis, je soulignerais que le colloque a reçu huit professeurs agrégés, sept recteurs d’universités du continent et pour la première fois, la secrétaire du Conseil international de la musique était également des nôtres. La satisfaction a été totale mais on nous attend au résultat.

LDB : L’organisation de cette édition démontre que le budget a bénéficié d’un apport plus important que les précédentes éditions. L’accès au financement a-t-il été plus facile et quelle a été la contribution des partenaires culturels nationaux ?

GHO : Il faut dire que le festival Feux de Brazza souffre de son succès, ce qui est réel, c’est la première fois en Afrique qu’on abrite en marge d’une édition six activités différentes. Il y a eu l’atelier des musiques africaines, la réunion du bureau exécutif du Conseil africain de la musique, l’assemblée générale du conseil africain de la musique, la formation des directeurs de festival d’Afrique, l’atelier d’initiation des enfants à l’instrument et le colloque scientifique. Ces activités, des très grands rendez-vous ont suscité l’intérêt de la population.  Notre secret c’est notre disponibilité à aimer ce que l’on fait et ceux qui nous suivent depuis le début savent qu’on aime ce que l’on fait avant tout et nous sommes tous des bénévoles, chacun de nous à son job. Et le résultat est là, on donne avec son cœur sans subventions particulières, on a apporté ce que nous avions. Mfilou a apporté son engouement, devenu le carrefour culturel de Brazzaville, de l’Afrique et du monde en une semaine. Et cela pouvait-il passer sous silence de ceux qui croient au développement culturel de notre continent ? Je ne crois pas.

LDB : La cinquième édition a été plus populaire, est-ce que les médias ont participé à cette réussite ?

GHO : Je n’ai jamais vu un tel degré de professionnalisme sur un évènement culturel au Congo. Les gens ont travaillé sur les trois axes que sont l’avant festival, le déroulement du festival et l’après. La preuve est cet entretien aujourd’hui dans les colonnes de votre journal. Il y a eu un coût certes, mais aucune activité n’est passée sous silence. Que ce soit à travers les sites internet, la radio, la télé, la presse-écrite...D’où l’idée qui me vient d’organiser une fête pour dire merci. C’est notre victoire à nous tous. J’ai vu des gens jusque tard, une heure du matin debout pour attendre jusqu’à la dernière interview. Je suis très content du rendement de la presse pendant ce festival.

LDB : Le niveau du festival est désormais haut, quelles sont vos projections pour la prochaine édition en 2016 ?

GHO : On a peur, dans la mesure où nous savons comment le festival est financé et comment on a atteint nos objectifs cette année. C’est avec presque rien qu’on a tenu la cinquième édition. Le festival ne paie pas de cachet aux artistes mais est-ce que demain ils seront toujours disponibles, nous avons autant d’interrogations sur lesquelles on est sur le point de bâtir des stratégies avec toute l’équipe. Quelques brins d’espoir avec un possible partenariat avec l’Unesco dans les prochains jours, nous réconforterait. Également, nos partenaires aux USA qui nous suggèrent déjà de commencer la préparation de la sixième édition et nous appuient pour produire deux groupes : les meilleures de cette dernière édition. Le label feux de Brazza va maintenant produire des groupes. Les heureux élus auront la chance de profiter de nos différents relais dont nous disposons à travers le monde afin de vendre leur musique. Nous souhaitons aussi qu’autant d’innovantes initiatives comme celui du stand du Bassin du Congo qui a eu une grande visibilité cette année poursuive ses activités.

 

Propos recueillis par Luce-Jennyfer Mianzoukouta et Durly Émilia

Légendes et crédits photo : 

Photo: Le directeur général du festival Feux de Brazza (Adiac)