Interview. Hallain Paluku : « Les blagues les plus courtes sont souvent les plus marrantes »Dimanche 27 Juillet 2014 - 14:20 Sofa, la mini série humoristique d’Hallain Paluku, est à la base une vingtaine d’épisodes d’à peine trois minutes tournée entre août et octobre 2013. En première diffusion sur la RTG@ il y a quelques mois et alors qu’elle enrichit actuellement la grille des programmes de B-One, elle a connu sa première projection en salle le 25 juillet au Collège Boboto. Dans cet entretien accordé aux Dépêches de Brazzaville, Hallain Paluku nous parle des coulisses de sa réalisation dont il ressort que la spontanéité est le maître mot ou, tout au moins, y trouve la plus grande part. Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi réaliser une série d’à peine trois minutes l’épisode ? Hallain Paluku : Les trois minutes, c’est un concept. Je pars du principe selon lequel les blagues les plus courtes sont souvent les plus marrantes. Pour être efficace, on veut garder ce petit format de trois minutes mais c’est aussi pour titiller un peu les sens des gens, « kotika bango na posa, en fait » (les laisser sur leur soif). Et puis, en définitive, trois minutes, c’est facile à produire. L’on a pas suffisamment de moyen donc, du coup, en restant dans ce format-là, nous pouvons facilement tenir une production. LDB : Et les dialogues exclusivement en lingala, c’est fait exprès ? HP : Oui, tout simplement parce que l’on vise d’abord un public congolais en général et kinois en particulier. Et même s'il se trouve des téléspectateurs dans l’Est, les locuteurs de Swahili au centre qui parlent ciluba mais au moins nous savons qu’avec le lingala, l’on atteint tous ces gens-là du fait qu’ils comprennent quand même quelque chose. Pour preuve, après chaque diffusion de la série sur B-One, nous avons, en plus des appels de Kinshasa, également ceux d’autres contrées du pays, de Bukavu surtout, du Katanga aussi et quelques fois de Kisangani. Il y en a même eu de l’Équateur. C’est pour dire que l’on atteint beaucoup de monde avec le lingala. Mais nous avons inclus un sous-titrage en français pour atteindre un public étranger, disons international. Mais à la longue, il n’est pas exclu que nous fassions carrément des doublages en français ou en anglais pour un marché extérieur. LDB : Avant Sofa, le public s’est délecté avec votre film d’animation Bana Boul, peut-on affirmer que le comique où trône l’humour reste votre registre de prédilection ? HP : Oui. J’ai commencé ma carrière comme dessinateur de presse, dans le registre humoristique, je faisais de la caricature. Et j’y suis resté. C’est un peu ma nature aussi. J’aime bien rigoler, faire de petites blagues même si au premier abord l’on pourrait penser que je suis un peu « sango » (un air sérieux de prêtre), j’aime bien plaisanter. Et donc, cela se répercute sur mon travail. C’est toujours plus fun de travailler sur ce registre-là. Mais, Missy, ma première BD publiée en 2006 chez La Boite à Bulles était un drame, voilà je peux facilement aller dans plusieurs directions. Mais à la base c’est dans l’humour que je me sens vraiment à l’aise. Quoique je pense vraiment que c’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer, transmettre un sentiment de tristesse est un challenge. LDB : C’est quoi la petite anecdote autour de Sofa, le déclic qui a inspiré sa réalisation ? HP : Je ne me souviens plus vraiment quand c’est arrivé. Mais je crois que ce devait entre sous la douche car la plupart des idées me viennent sous la douche. Quand j’ai l’eau qui coule sur moi et je chante, il y a pas mal d’idées qui arrivent. Je pense que ça c’est passé comme ça. Ensuite, j’ai rencontré Félix et les autres acteurs. De fil en aiguille, les choses se sont mises en place. L’idée initiale était de créer un concept qui ne coûterait pas cher. LDB : Un mot sur la production de Sofa que vous assurez vous-même à ce qu’il paraît ? HP : Je travaille avec la Beyshoo Team, une autre maison de production avec laquelle je collabore souvent sur certains projets. Moi j’apporte le support financier, la prise en charge des acteurs et Beyshoo le support technique. Puis, avec Félix, l’un des comédiens de la série, j’écris les gags. L’écriture se fait à deux. Nous ne répétons pas. Le jour même du tournage se fait la distribution des rôles et des textes, les acteurs essaient de pondre quelque chose devant la caméra directement. Le tournage s’est effectué en six jours sur deux mois. LDB : Sofa, objet de la projection de vendredi ? H.P. : Nous avons tourné entre vingt-cinq et vingt-six épisodes. Certains ont été écartés parce que nous n’étions pas vraiment contents du rendu, nous en avons gardé vingt. Ce sont ceux-là que les téléspectateurs ont vu sur B-One et ont revu vendredi sur grand écran. Mais il y a également quelques épisodes inédits. LDB : Un peu curieux que ce soit la démarche inverse, car habituellement la sortie d’un film se fait en salle et puis après vient la diffusion sur le petit écran… HP : C’est vrai. En fait, nous avions travaillé dans l’optique de l’exploiter uniquement à la télévision. Seulement, après avoir reçu plusieurs demandes des téléspectateurs non satisfaits pour l’avoir ratée car trois minutes c’est bien court. Plusieurs disaient se hâter pour pouvoir la suivre mais avec les problèmes de transport, ils arrivaient à quelques secondes de la fin. Ce qui ne serait pas le cas si Sofa durait disons 10 ou 15 minutes, il auraient au moins la chance de suivre 60%. Et du coup, pour tous ceux-là, on a décidé d’organiser une projection de rattrapage. Et l’expérience de la projection-test en plein air lors du festival Cinéma au féminin m’a permis de voir la réaction des gens. Je me suis rendu compte que la projection sur grand écran avait un retour favorable. C’est là que j’ai songé d’en réaliser une exclusivement réservée à Sofa. Propos recueillis par Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Hallain Paluku
Photo 2 : Papy Muyisa, Didier Besongo, Aïcha Dindi et Félix Kisabaka de Sofa
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