Fespam 2013 : une clôture qui surprend le public

Samedi 20 Juillet 2013 - 17:30

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Alors que les passionnés des œuvres d’orfèvre attendaient la clôture de la neuvième édition du Festival panafricain de musique (Fespam) le 20 juillet, c’est finalement le 19 juillet que le ministre d’État, directeur de cabinet du chef de l’État, Firmin Ayessa, a patronné la cérémonie de clôture de cette fête panafricaine au stade Félix-Éboué

Lancée le 13 juillet par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, la neuvième édition du Fespam, qui a fermé ses portes pématurément selon les dates inscrites sur les programmes (du 13 au 20 juillet), a laissé un goût amer aux mélomanes qui n’avaient pas encore étanché leur soif.

C’est à 20 heures que les présentateurs de la soirée annoncent le dernier spectacle de la neuvième édition du Fespam et de surcroît la fin de la fête. Et pourtant le public n’est pas venu nombreux, tout simplement parce qu’il se prépare à venir en masse à la cérémonie de clôture qui, pour tous, doit avoir lieu le 20 juillet, comme annoncé une semaine auparavant lors de la cérémonie d’ouverture. Quelques riverains profitent du dernier spectacle en regardant le feu d’artifice illuminer le ciel. Sur le podium, le spectacle vient de commencer. C’est à ce moment que le ministre d’État, directeur de cabinet du chef de l’État, Firmin Ayessa, déclare close la neuvième édition du Fespam, tout en précisant que le spectacle peut continuer tard dans la nuit.

C’est finalement après minuit que le dernier groupe a fini de se produire à l’occasion de cette neuvième édition du Fespam. C’est le groupe Zaïko Langa-Langa de Nyoka Longo « Vieux Bombas » qui a bouclé la boucle avec sa danse Mokongo ya coba qui a franchi les barrières. Plusieurs groupes et individualités lui ont succédé sur le podium. Il s’agit entre autres de la délégation camerounaise, du groupe folklorique Malawi d’Égypte, de Patrouille des stars authentiques de Kevin Bouandembenga « Le Kouembali » qui a émerveillé le public. Le Franco-Centrafricain Singuila en a fait autant, avec des chansons comme J’ai un sang chaud, Ma nature… Tout comme Fanny J, qui a conduit le public dans le monde du zouk avec des chansons comme Je t’aime, Un jour ça va coller… La bête de la scène Lace, venue tout droit des USA, a électrisé la foule, cette foule qui l’a accompagnée de bout en bout de son spectacle. Venue pour la première fois à Brazzaville, elle s’est dit ravie et espère un jour qu’un contrat l’amènera jouer au Congo.     

Dans la journée, le ministre congolais de la Culture et des Arts a assisté à un concert de musique classique avec l’orchestre symphonique de Kinshasa, qui a eu lieu à l’auditorium du ministère des Affaires étrangères.

Six jours d’euphorie musicale

Les amoureux de la musique ont été à leur aise six jours durant. Depuis l’ouverture de cette édition, le public n’a cessé de gagner les différents sites tant en in qu’en off. Les mélomanes ont suivi de bonnes prestations en passant par celles de Noël Ngiama Makanda Werrason, Roga-Roga Zébira Zatatatou, P-Square, Clémence Avounou et Belle Agniélé lors de la soirée de la musique sacrée. On citera aussi les spectacles donnés par Chairman Jacques Koyo sur l’esplanade de la CNRTV, ou de Djoson Philosophe à l’espace Bernard-Bakana-Kolélas ex-centre sportif de Makélékélé. Le public n’oublie pas la soirée du 17 juillet avec de grands noms comme Passi de Bisso na Bisso, Benji, Fally Ipupa qui a subjugué le public jusqu’à 3heures du matin, en présence du ministre Jean-Claude Gakosso et de la conseillère à la communication du chef de l’État… Ainsi que le spectacle de Passi à l'Institut français du Congo.

Félicitations à la direction artistique pour le choix des artistes et la programmation, à la direction scientifique pour la bonne tenue du symposium et autres expositions, et à la direction logistique car aucun festivalier ne s’est plaint parce qu’il aurait été mal logé ou mal nourri. Sur le plan sécuritaire, le président de la République avait lui-même pris les choses en main, en instruisant le ministre de la Sécurité d’organiser au mieux ses équipes. Un recours à une expertise extérieure a été fait pour prêter main-forte à la police et à la gendarmerie nationale. Il s’agit de la société française Athéna Protection qui a le mérite d’avoir déjà sécurisé de grands événements en France. Le bilan sécuritaire est par conséquent positif.

La beauté était également au rendez-vous. Un concours a mis aux prises treize candidates venues de différents horizons. À l’issue d’une rude compétition, la rwandaise Aurore Umutesi Kayibanda a été élu Miss Fespam 2013.

Le symposium sur la musique africaine et ses actes

Trois panels ont été prévus pour cette rencontre interculturelle, vecteur d’intégration régionale voulue par les chefs d’État africains. Il s’est agi de : l’expression musicale comme support de l’authenticité africaine, pour le panel 1 ; les musiques africaines comme levier d’émergence culturelle et économique de l’Afrique, pour le panel 2 ; et enfin les rapports entre les expressions identitaires et le développement intégral de l’Afrique pour le panel 3.

Au cours de ce symposium ont été également présentés les actes de l’édition passée portant sur le thème « L’engagement artistique et les innovations esthétiques pour la renaissance africaine ». En effet, bien que l’année dernière le Fespam avait connu un drame à l’entrée du stade Félix-Éboué occasionnant la disparition tragique de sept Congolais, les experts qui n’avaient pu tenir le symposium international avaient tout de même rassemblé leurs productions pour la postérité. C’est la direction scientifique qui a achevé l’assemblage des textes et a confié le reste du travail aux Éditions Hemar, de Mukala Kadima-Nzuji, qui a permis que les experts puissent entrer en possession de cet ouvrage. Cinquième d’une série inaugurée en 2004, cet ouvrage qui compte 272 pages et rassemble les réflexions des experts a été préfacé par le ministre de la Culture et des Arts, Jean-Claude Gakosso.

Des expositions et ateliers

Les instruments de musique traditionnelle ont été exposés à la mairie centrale de Brazzaville. Il s’agit entre autres des clochettes du Togo, des tambours royaux du Ghana, du ntsiba, une clochette téké utilisée pour agrémenter la musique rituelle du Ndzobi, du ndanda, un tambour vili utilisé dans les rituels de guérison et les réjouissances populaires, etc. Outre cela, il y eut des outils traditionnels venus, entre autres, d’Angola, du Cameroun, d’Algérie qui ont été mis en exergue.                                                                             

Des ateliers ont été organisés, notamment les ateliers d’organologie  du 16 au 19 juillet au Centre culturel russe de Brazzaville. Ils ont porté sur la gestion d’une réserve, la médiation culturelle, l'écriture musicale sur ordinateur, et la techniques de collecte. Pendant ce temps, les festivaliers se retrouvaient tous les jours à leur village, le village des festivaliers situé au cercle Sony-Labou-Tansy. La fausse note vient du Marché de la musique africaine (Musaf) prévu à l’École de peinture de Poto-Poto, mais qui, hélas, n’a pas eu lieu.

De ce tour d’horizon, on peut dire que le Fespam tend effectivement vers sa renaissance, nonobstant quelques manquements.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Kevin Bouandembenga sur scène et son groupe Patrouille des stars (© DR) Photo 2 : Fanny J sur scène (© DR) Photo 3 : Nyoka Longa et Zaïko Langa-Langa bouclant le Fespam (© DR)