Musique : les « Kikwitois » réclament la dépouille de Kester ÉmeneyaSamedi 15 Février 2014 - 14:20 À l’unisson, les habitants de Kikwit plaident pour que leur star soit enterrée dans sa terre natale. Décédé le 13 février dans la région parisienne, King Kester Émeneya laisse éplorés ses fans de Kikwit, cette ville qui l’a vu grandir et amorcer ses premiers pas dans la chanson. Aujourd’hui encore, les « Kikwitois » son inconsolables d’avoir perdu un de leurs, celui-là même en qui ils trouvaient un motif de fierté légitime. À l’unisson, les habitants de Kikwit plaident pour que leur star soit enterrée dans sa terre natale. Ils évoquent le fait que plusieurs éminentes personnalités à travers le monde ont été enterrées dans leurs villages d’origine à l’image de Nelson Mandela inhumé auprès de ses proches sur sa propriété de Qunu (sud), la cité de son enfance. Plus près de nous, l’on évoque feu Katumba Mwanke, enterré à Pweto au Katanga. Des exemples sont légion pour traduire cette réalité à la laquelle « Bana Mayumbu » voudraient se conformer en mémoire de celui qu’ils appelaient affectueusement « Ya jean ». Et d’ailleurs, font-ils savoir, l’artiste lui-même avait émis le vœu de voir son corps être enseveli dans son bled de Kikwit. Beaucoup ont encore frais dans leur mémoire le concert livré à Kikwit le 30 juin 2011 par « Nkwangolo Nzoso » dans la foulée de la propagande électorale. Au cours de cette production, la toute première qu’il a eu à livrer au pays après plusieurs mois d’hospitalisation en France, King Kester Émeneya avait, dans une vision prémonitoire, prédit indirectement sa mort et révélé comment il entendait être enterré. C’est dans la chanson « Ngonda » tirée de son répertoire de Viva-la-Musica qu’il fit part de ses souhaits post mortem comme seuls les artistes savent le faire. « Soki naweyi balela nga na bana ya Kikwit », « Muzito, soki naweyi bakunda nga na cathédrale » (Entendez : Si je meurs, que les enfants de Kikwit me pleurent – si je meurs, qu’on m’enterre à la cathédrale de Kikwit ». Deux phrases improvisées égrenées en pleine vocalise d’un refrain qu’affectionnent les « Kikwitois ». Tout un testament pour cet artiste qui savait que ses jours étaient comptés. Personne, dans la foule obnubilée par la présence de sa star adulée n’avait, en ce moment, décrypté le sens de ces phrases assassines qui traduisaient toute l’amertume qui habitait alors King Kester. Dans une sorte d’énergie du désespoir, il tenait néanmoins à égailler son public en cherchant à dissimuler une maladie qui n’arrêtait de le ronger de l’intérieur. Le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, qui avait rendu possible cette production est poussé par sa base de Kikwit à s’impliquer personnellement pour que le vœu de l’artiste soit exaucé. « Cela ne pourra se faire qu’en concertation avec la famille de l’illustre disparu, les autorités nationales et provinciales, ainsi qu’avec les artistes musiciens », avait fait savoir Adolphe Muzito, un de ceux qui ont soutenu moralement et financièrement King Kester Émeneya pendant ses moments d’infortune. Dans les milieux concernés, le débat enfle. Si pour certains, le souhait du patron de Victoria Eleison ne peut qu’être exaucé, d’autres trouvent aberrant de vouloir renfermer l’artiste dans le réduit de son Kikwit natal alors qu’il avait atteint une dimension internationale. D’où, pensent-ils, son enterrement à Kinshasa au Cimetière de Nécropole où reposent pour l’éternité d’autres virtuoses de l’art d’Orphée ne serait que justic Pour sa part, l’autorité urbaine, qui a décidé de prendre en charge les funérailles de King Kester en rapatriant notamment son corps à Kinshasa, ne s’est pas encore prononcée sur la question. Un comité d’organisation est en passe d’être mis sur pied. Pour la famille du disparu, il n’est pas question de faire une quelconque récupération politicienne autour de ce douloureux évènement. Une mise en garde qui vaut le coup.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Kester Emeneya |