Sixième art : la Compagnie Théâtre des Intrigants fête ses 32 ans

Samedi 15 Février 2014 - 13:16

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La date anniversaire de sa création, le 12 février, s’est révélée une occasion fort belle pour la troupe de N’Djili de rejouer sur sa scène Le Remaniement, la sympathique diatribe de Thierry Nlandu lançait sa nouvelle saison artistique.

Dans notre dépêche précédente nous parlions de 29 ans, mais en réalité, la Compagnie Théâtre des Intrigants (CTI), déjà trentenaire, en a trois de plus. Elle est entrée dans sa 32e année depuis mercredi dernier. Ayant choisi de faire d’une pierre deux coups, la troupe qui se félicite de son beau palmarès a fait salle comble cette soirée-là à la faveur de la représentation de Le Remaniement. L’évènement était organisé par la troupe à l’honneur conjointement avec l’Association momentanée des artistes congolais (Amac), initiative de l’auteur.

Rejouée une seconde fois dans l’intervalle de quatre mois au Centre d’initiation artistique pour la jeunesse (CIAJ), la fameuse création ne manque pas de faire écho. En effet, le moment est d’autant bien choisi que Le Remaniement est présenté au public à l’approche du vrai remaniement. Du moins, comme dans la pièce, il y a quelques temps déjà que le sujet alimente les rumeurs. Les états-majors des partis sont en ébullition, sans doute à la manière des deux plaisantins Mfulani et Songolo. Les deux compères dont les différents dialogues traitent d’un sujet actuel. Écrit pourtant il y a deux décennies, il est clair que « le texte reste d’actualité », comme l’a confirmé l’auteur lui-même.

Après avoir suivi Le Remaniement l’on ne peut qu’acquiescer lorsque Thierry Nlandu affirme : « Le système n’a pas changé. Le pouvoir politique se gère de la même manière qu’à l’époque. Tout le monde est tenu en haleine pour un remaniement qui a lieu ou n’a pas lieu ». La pièce dont il assure lui-même la mise en scène, on le perçoit bien, est une analyse critique de « notre société plurielle », ainsi qu’il a l’a confirmé. Et Thierry de renchérir à propos de son œuvre  : « Tout mon théâtre parle de ma société. Cela permet aux gens d’y voir comme dans un miroir dans l’espoir que chacun pourra faire en sorte d’en tirer une leçon ». « La pilule est amère mais il faut savoir la prendre », poursuit le dramaturge. S’il en est conscient, il a trouvé le moyen de la faire passer par « la dérision ». À Thierry Nlandu de conclure donc  : «  Cette approche est proche de la manière de rendre ce genre de discours sur le plan africain » quitte à « faire danser et rire » s’il le faut et ne pas se faire complice en gardant silence.

Un brillant parcours

La CTI se reconnaît telle la première troupe théâtrale professionnelle en dehors du Théâtre national congolais. Avec Le Remaniement, son actuelle création, elle prouve à suffisance qu’elle s’assure un bon maintien sur la scène. En effet, l’on comprend mieux ainsi la fierté du directeur artistique de la troupe lorsqu’il se targue d’avoir mené jusqu’ici « 32 ans de vie théâtrale ininterrompue ». Ce qui est loin d’être rien. L’autre motif de fierté de Mitendo Mwadi Yinda c’est d’avoir su mettre à profit ce moment pour « porter loin la flamme de la culture congolaise ». Ce, au travers des nombreuses participations à des rencontres internationales dans le monde. Il convient de citer notamment le Marché des arts du spectacle africain (Masa), le Festival Francophonie métissée et le Festival Météores. La CTI a offert des représentations dans plusieurs salles de renom dont le Théâtre royal de Namur, le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, le Palais des Beaux-arts (Bruxelles) et le Palais de la culture d’Abidjan (Côte d’Ivoire).

Par ailleurs, la CTI se réjouit aussi d’avoir réalisé un record mondial. « Misère a accompli dix ans de vie avec 2 500 représentations en Afrique et dans le monde », a souligné Mitendo Mwadi. La pièce, un autre texte de Thierry Nlandu, a été mise en scène par Michel Faure en 1991.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Un extrait de la représentation du 12 février au CIAJ