Congo: une nouvelle génération des écrivains

Samedi 17 Mars 2018 - 11:39

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Noël Kodia-Ramata est universitaire au Congo-Brazzaville, romancier, dramaturge, poète, nouvelliste et membre du jury du Prix littéraire Sylvain-Bemba de l’Association Le Quai de la culture (France). Il est l’auteur du Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises (éditions Paari, 2010) et de L’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais à paraître. Extrait :  

« La période 2006 à nos jours s’avère prolifique. Se remarque une agréable volonté (pour les textes que nous avions pu analyser), de donner une nouvelle énergie au récit congolais. Certains auteurs se sont plus ou moins écartés du dogme traditionnel sur lequel se fonde la majorité des récits congolais. Trois romans, un récit atypique, et un recueil de nouvelles parmi les soixante-quinze ouvrages que nous avons analysés ont bousculé les règles élémentaires du récit traditionnel. Leurs auteurs se sont créé une écriture on ne peut plus personnelle ».

On peut, à propos, citer Le Dernier crépuscule de Joao Campès qui nous rappelle l’écriture du Nouveau roman dont le père est Alain Robbe-Grillet, L’Autre Nom de François Bikindou avec un récit à deux trajectoires narratives qui évoluent en parallèle tout en privilégiant l’anonymat des personnages, Confessions d’une sardine sans tête de Guy Alexandre Sounda qui navigue agréablement entre le récit moderne et la paralittérature, Fantasmons ensemble un instant dans un snoprac de Benoît Moundélé Ngollo qui se veut inclassable et No comment (Sans commentaires) de Rémy Mongo-Etsion qui donne une autre dimension à la nouvelle congolaise avec des textes de ce dernier qui se lisent comme des instantanés accouchant une prose poétique.

Ces cinq auteurs (Joao Campès, François Bikindou, Guy Alexandre Sounda, Benoît Moundele Ngollo et Rémy Mongo-Etsion) ont défié le dogme du récit traditionnel pour créer une nouvelle voie et voix du récit qui a construit un pont qui va de l’évolution à la révolution dans la littéraure congolaise au XXIe siècle.

Une autre spécificité des textes de la période 2006-2016 : les interférences linguistiques entre le français et quelques langues congolaises. Les écrivains n’hésitent pas à promouvoir quelques néologismes dans leurs œuvres. Aussi rencontre-t-on des « congolismes » dérivés du langage populaire francisé dans leurs textes sans pour autant trahir la pensée exprimée. Les malades précieuses d’Obamé Gakosso et Polygamiques de Nathasha Pemba en sont des exemples.

Dans cette phratrie, les écrivains se font lire les uns les autres et s’y développe la fonction de préfacier avec des noms tels Franck Cana et Pierre Ntsemou qui sont beaucoup sollicités par leurs collègues, car ayant une belle plume pour présenter une œuvre. Editions Langlois Cécile.

 

«Dans l’ensemble, les écrivains de la nouvelle génération créent leurs fictions à partir de leur vécu quotidien (…) Quelquefois, des écrivains congolais se font parfois visionnaires et même prophètes en construisant des imaginaires qui épousent curieusement le vécu quotidien de certains des faits dans le futur. (…) »

Marie Alfred Ngoma

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