Visa For Music (VFM) : le plus grand marché de la musique de l'Afrique et du Moyen-Orient s'est tenu à RabatSamedi 9 Décembre 2017 - 9:59 Cette année, la tente nomade du Sahara installée à l'entrée du Théâtre Mohammed V est devenue le centre d'attraction publique. Un véritable lieu d’échanges avec accès à un service de thé à la menthe dans la journée et une scène ouverte dans la soirée au son des concerts amplifiés de loin, depuis le centre-ville de Rabat. La capitale du Maroc transformée en capitale de la musique pour quatre jours ! Visa est une plate-forme non lucrative d’échanges destinée surtout aux professionnels de la musique (directeurs de festivals et de salles de spectacles, agents, labels de disques, etc.). Cette année, ils sont venus de quatre-vingts pays du monde. Les artistes invités, originaires des quatre coins du continent, ont cotoyé d’autres venus d’Iran, Turquie, Corée du Sud, Espagne. Un choix stratégique de l’organisation pour rehausser le niveau international de l’événement dont les quarante concerts étaient ouverts au public. Depuis la création de Visa for music (VFM), le fondateur et directeur, Brahim El Mazned, cherche à promouvoir la musique de l’Afrique et du Monde arabe - « quand VFM sert de tremplin pour les tournées internationales en Asie, Europe et les Amériques – c'est vraiment là que j’ai chaud au cœur », nous confie-t-il. « VFM est unique dans son genre, car on paye un modeste cachet et un hébergement aux artistes en show-cases, contrairement aux règles des autres marchés "World Music" comme le précurseur Womex », ajoute-il. Pour cette 4e édition de VFM, les organisateurs ont préparé une multitude de belles découvertes musicales comme le groupe TootArd du plateau du Golan - une ancienne région de la Syrie, administrée par Israël depuis la guerre des Six jours en 1967 puis annexée en 1981. Constitué de trois jeunes musiciens d'un village qui définissent leur style musical comme le « blues des montagnes », TootArd apporte un message très fort avec des chansons comme Laissez-Passez - privés de passeport…Les trois compères enregistrent leur musique dans des studios à Jérusalem, mais déclinent les concerts en Israël pour ne pas se faire instrumentaliser et être récupérés par la politique officielle de l'Etat, ni souffrir du boycott d’Israël par les organisations activistes de la cause palestinienne... Autre découverte, Draa Tribes, un ensemble venu du sud du Maroc. Le groupe composé de représentants de plusieurs tribus de la vallée du fleuve Drâa – amazigh, sahraoui, gnawa etc. – a envoûté le public avec un son de guitare touarègue empli de messages sur la cohabitation pacifique des gens du désert. VFM a également permis aux professionnels de découvrir plusieurs artistes de l'Afrique centrale comme Armand Biyag, venu du Cameroun. Une voix magnifique, un musicien aux talents multiples qui joue avec la même dextérité au synthétiseur, au balafon et des percussions. Un artiste exigeant et original qui a su s’entourer de gens qui pensent la musique avec la même énergie que lui. Si le grand public le découvre en 2013 avec la sortie de son premier album « Mut Binam », l’artiste avait déjà un parcours qui a démarré bien avant la sortie de cet opus. La chorale, les cabarets et quelques scènes très courues de la place ont vu passer et apprécier le sourire et la bonne humeur d’Armand. Au Foyer du théâtre Mohammed V, Michel Ndoh Ndoh, un spécialiste camerounais des instruments de musique traditionnelle d’Afrique, a installé une exposition de photos de ses instruments, dont plusieurs ont été joués sur les scènes de VFM. Le public a acclamé la fraîcheur et l’énergie du groupe de musique urbaine Mokoomba débarqué du Zimbabwe, actualité oblige… Et forcément le plus grand succès populaire du VMF 2017, à la clôture du festival les fans marocains ont retrouvé une légende vivante du Raï algérien : Raina Rai qui est une vraie star régionale depuis la sortie de son tout premier album “Hagda”. Ce groupe, pionnier du rai moderne, s’est distingué par un son rock et par la virtuosité ainsi que les lignes légendaires de son guitariste Lotfi Attar. Leur dernier album paru en 2001 et intitulé « Bye Bye », aurait pu signer la fin de leur carrière mythique, mais aujourd’hui Raina Rai est de retour avec Lotfi aux commandes pour le plus grand bonheur des amateurs de ce Raï sans concession qui caractérise cette formation historique. Sasha Gankin Légendes et crédits photo :Image 1: Affiche Visa for music dans les rues de Rabat
Image 2: Le trio musical TootArd
Image 3: L'ensemble sud-marocain Draa Tribes
Image 4: L'artiste camerounais Armand Biyag sur la scène de VFM
Crédits photo: Sasha Gankin Notification:Non |